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Le soldat retourna dans la ville d’où il venait. Il descendit dans la meilleure auberge et se fit faire de beaux habits. Puis il demanda à l’aubergiste de lui aménager une chambre le plus magnifiquement possible. Lorsque cela fut fait, il appela le génie et lui dit: «J’ai servi le roi fidèlement, mais il m’a renvoyé et laissé affamé, sans gagne-pain. Pour cela, je me vengerai.» «Que puis-je faire?», demanda le génie. «Cette nuit, lorsque la princesse sera au lit, amène-là ici encore endormie; elle devra être ma servante.» Le génie répondit: «Pour moi c’est très facile, mais pour toi c’est plutôt dangereux. Si on venait à l’apprendre, ça irait très mal pour toi.»

Lorsque minuit sonna, la porte s’ouvrit, et le génie amena la princesse à l’intérieur. «Ah! ah! te voilà enfin!», s’exclama le soldat. «Allez, prends le balai et nettoie la pièce.» Tandis que la princesse s’affairait, le soldat lui ordonna de venir près de son fauteuil. Il s’allongea les jambes et dit: «Enlève-moi mes bottes.» La princesse dut les lui enlever, les nettoyer et les faire briller. Elle fit tout ce qu’il lui ordonna, sans opposition, muette, et les yeux mi-clos. Au premier chant du coq, le génie ramena la princesse dans son lit, au château.

Le lendemain matin, lorsque la princesse se leva, elle alla voir son père et lui raconta qu’elle avait fait un rêve étrange: «Je défilais dans des rues à la vitesse de l’éclair et je me retrouvais dans la chambre d’un soldat. J’étais sa servante et devais faire toutes sortes de travaux ménagers: balayer la chambre, nettoyer les bottes… Ce n’était qu’un rêve, et pourtant je me sens si fatiguée, comme si j’avais vraiment fait tout cela!» «Mais peut-être n’était-ce pas un rêve», dit le roi. «Je vais te donner un conseiclass="underline" fais un petit trou au fond de tes poches, lesquelles tu rempliras de petits pois. Si on t’enlève encore, les pois tomberont et laisseront une piste dans les rues.»

Tandis que le roi parlait, le génie se tenait là, invisible, écoutant tout. La nuit, comme la princesse se faisait transporter dans les rues, tous les petits pois tombèrent de ses poches. Mais ils ne laissèrent pas de piste puisque le génie avait répandu des pois dans toutes les rues. La princesse dut encore faire la servante jusqu’au chant du coq.

Au matin, le roi envoya ses gardes pour qu’ils suivent les traces; mais c’était peine perdue! Dans toutes les rues, des enfants pauvres étaient assis et mangeaient les petits pois en disant: «Cette nuit, il a plu des petits pois». «Nous devrons trouver autre chose», se dit le roi. Il s’adressa à la princesse: «Garde tes souliers lorsque tu iras te coucher. Et avant que tu ne reviennes de là-bas, caches-en un; j’arriverai bien à le retrouver.» Le génie découvrit le pot aux roses et le soir, lorsque le soldat lui ordonna d’aller chercher la princesse, il lui raconta tout. Il lui expliqua que contre une telle ruse, il ne connaissait pas de parade, et que si l’on retrouvait le soulier chez lui, cela pourrait tourner mal. «Fais ce que je t’ai dit», répliqua le soldat. La princesse dut encore faire la servante pour une troisième nuit. Mais avant qu’on la ramenât chez elle, elle cacha un soulier sous le lit.

Le lendemain matin, le roi fit rechercher le soulier de sa fille dans toute la ville; il fut retrouvé chez le soldat. Celui-ci, avec l’aide des gens de la rue, avait déjà fui jusqu’aux portes de la ville. Il fut bientôt arrêté et jeté en prison. Dans sa fuite, le soldat avait oublié d’emporter ce qu’il avait de plus précieux: la lampe bleue, et son or. Il ne lui restait qu’un écu dans sa poche.

Tandis qu’il se tenait à la fenêtre de sa prison, le soldat vit un de ses amis qui passait dehors. Il frappa à la fenêtre pour le faire s’approcher et lui dit: «Sois bon et rapporte-moi le balluchon que j’ai laissé à l’auberge; pour cela, je te donnerai un écu.» L’ami partit, puis ramena ce que le soldat lui avait demandé. Aussitôt seul, le soldat alluma sa pipe et fit apparaître le génie. «Sois sans crainte.», dit le génie à son maître, «Vas là où ils t’emmèneront, laisse faire les choses. Et n’oublie pas d’apporter la lampe bleue.»

Le jour suivant, on tint un procès contre le soldat, et bien qu’il n’eût rien fait de bien méchant, le juge le condamna à mort. Alors qu’on l’amenait dehors, le soldat demanda au roi une dernière faveur. «Quelle est-elle?», demanda le roi. «J’aimerais pouvoir fumer ma pipe sur le chemin de la potence». «Tu peux la fumer», répondit le roi.» «Et trois fois plutôt qu’une. Mais ne va surtout pas croire que je te laisserai la vie sauve.»

Alors le soldat sortit sa pipe et l’alluma à l’aide de lampe bleue. Et à peine deux ronds de fumée s’étaient-ils envolés que, déjà, le génie se tenait là, un gourdin à la main. Il dit: «Que désires-tu, mon Maître?» «Donne une bonne raclée au juge de mauvaise foi et à ses sbires. Et n’épargne pas le roi; il m’a fait tellement de torts.» Le génie partit comme l’éclair, et pif, et paf, il frappa çà et là. Et tous ceux qu’il frappait de son gourdin, s’effondraient immédiatement sur le sol et n’osaient plus bouger. Le roi, tout effrayé, se mit à supplier qu’on l’épargnât. Pour qu’on lui laisse la vie sauve, il céda tout son royaume au soldat, et lui donna à marier sa fille, la princesse.

Le Loup et les sept chevreaux

Il était une fois une vieille chèvre qui avait sept chevreaux et les aimait comme chaque mère aime ses enfants. Un jour, elle voulut aller dans la forêt pour rapporter quelque chose à manger, elle les rassembla tous les sept et leur dit:

– Je dois aller dans la forêt, mes chers enfants. Faites attention au loup! S’il arrivait à rentrer dans la maison, il vous mangerait tout crus. Ce bandit sait jouer la comédie, mais il a une voix rauque et des pattes noires, c’est ainsi que vous le reconnaîtrez.

– Ne t’inquiète pas, maman, répondirent les chevreaux, nous ferons attention. Tu peux t’en aller sans crainte.

La vieille chèvre bêla de satisfaction et s’en alla.

Peu de temps après, quelqu’un frappa à la porte en criant:

– Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre mère est là et vous a apporté quelque chose.

Mais les chevreaux reconnurent le loup à sa voix rude.

– Nous ne t’ouvrirons pas, crièrent- ils. Tu n’es pas notre maman. Notre maman a une voix douce et agréable et ta voix est rauque. Tu es un loup!

Le loup partit chez le marchand et y acheta un grand morceau de craie. Il mangea la craie et sa voix devint plus douce. Il revint ensuite vers la petite maison, frappa et appela à nouveau:

– Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre maman est de retour et vous a apporté pour chacun un petit quelque chose.

Mais tout en parlant, il posa sa patte noire sur la fenêtre; les chevreaux l’aperçurent et crièrent:

– Nous ne t’ouvrirons pas! Notre maman n’a pas les pattes noires comme toi. Tu es un loup!

Et le loup courut chez le boulanger et dit: