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Je descendis doucement comme un chat, l’escalier et me dirigeai vers le pont Voznessenski. Je voulais louer un coin dans un endroit éloigné de la Fontanka [121] ou même au-delà. Il était près de huit heures. À l’angle de la Sadovaïa et de la perspective Voznessenski j’aperçus un hôtel, comme j’étais sûr d’y trouver des journaux j’y entrai pour lire à la rubrique des faits divers ce qu’on disait du meurtre de la vieille. Encore chez moi j’avais brûlé du désir de lire les journaux mais, par méfiance j’avais eu peur de prier Razoumikhine de m’en procurer. À peine étais-je entré et avais-je demandé un verre de thé et la Voix que j’aperçus (on dirait un fait exprès) dans la pièce voisine Zamiotov avec un monsieur, très gros. Il y avait devant eux une bouteille de champagne. C’était le monsieur qui payait. Ce n’est pas tout, du premier regard je me rendis parfaitement compte que Zamiotov m’avait aperçu mais ne voulait pas que je le susse. Je décidai de rester exprès, j’allumai une cigarette et m’assis près de la porte, en tournant le dos à Zamiotov. Il ne pouvait pas ne pas passer près de moi en sortant.

«Voudra-t-il me reconnaître ou pas?» pensai-je.

Je trouvai effectivement dans le journal un article, le deuxième sur ce sujet avec des renvois au premier. Je demandai le numéro qui contenait le commencement de l’article. On le retrouva et on me l’apporta Je n’avais pas peur que Zamiotov remarquât ce que j’étais en train de lire. Au contraire, je voulais même qu’il le sût, et c’est un peu pour cette raison que j’avais demandé le premier numéro. Je ne comprends pas pourquoi j’avais envie de risquer cette bravade, pourtant, j’en éprouvais le désir. Peut-être étais-je poussé par une fureur, fureur animale qui ne raisonne point.

Dans le journal.

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[121] La Fontanka : Un des canaux de Pétersbourg; doit son nom aux fontaines du Jardin d’Été qui l’alimentent.