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Ô salsifis ! Salsifis frit Honneur à qui Même sale s’y fie Frit !

Quelle tendresse, quelle poésie bucolique en ces quelques vers emplis d’une émotion contenue ! Hélas ! le salsifis frit ne jouit plus de la grande faveur du public ; les jeunes générations, si elles ne l’ignorent pas encore complètement, ont une fâcheuse propension à s’en désintéresser.

Aussi je pense que ce n’est qu’accomplir petitement mon devoir que d’attirer l’attention de nos gouvernants sur cette grave question pendant qu’il en est temps encore. Nous ne demandons pas, évidemment, la création d’un ministère du Salsifis frit ; ce n’est certes pas le moment pour l’État de se mettre de nouveaux frais sur les reins ; mais, dans un pur esprit de désintéressement, animés seulement par l’amour du bien public, mes camarades et moi nous nous déclarons tous prêts à nous occuper bénévolement de l’institution d’un Office du salsifis, moyennant simplement un honnête émargement budgétaire dont nous fixerons le taux d’un commun accord et suivant les circonstances.

Il nous faut une politique du salsifis frit ; les États totalitaires n’en ont pas : c’est ce qui causera leur perte ; profitons-en ; qu’on nous fasse confiance ; notre plan est à pied d’œuvre et nos responsabilités prêtes à être assumées ; nous n’attendons qu’un signe de « ces messieurs » pour entrer en action. Qu’il ne tarde pas trop, sans quoi, dépassés par les événements, nous ne pourrons que déplorer les conséquences indépendantes de notre volonté, dont le résultat sera la faillite de l’esprit démocratique et l’asservissement latéral de la liberté dirigée.

ROMAN POLICIER

Au début des années cinquante, le roman policier américain envahit la France. Le succès des premières « Série Noire », une collection créée par Marcel Duhamel, donne l’idée à Pierre Dac d’écrire à son tour, un « polar » particulièrement haut en couleur…

Quelques extraits du dernier roman policier inédit du célèbre écrivain anglo-saxon, JAMES DANIEL HO HOM HASS GUESCHI :

PASSE LA POGNE MINIATURE

Traduit de l’américain et en correctionnelle par Slalom Jérémie Menerlache.

Prologue

Johnny Cannaghan, le célèbre détective privé reçoit un jour un étrange coup de téléphone d’un mystérieux inconnu qui lui donne rendez-vous dans la pièce à côté.

Méfiant, Cannaghan laisse tomber et, se faisant passer pour son propre beau-frère, il entre en rapport avec un nommé Dick Slogan, dont la sœur Judy est la maîtresse de Jack Leggins, le chef du gang des tractions à turbine de sinistre réputation. C’est à ce moment qu’intervient un certain Pedro y Gomez y Rodriguez y Gonzalès y Ramirez y Tirlachassdeau, entrepreneur de raz de marée au service d’une puissance étrangère dont la fille Dolorès entre au couvent par une porte et sort par l’autre.

Chapitre XXIII

Johnny Cannaghan est assis à son bureau. Son mâle visage porte les stigmates de la fatigue mais, toujours élégant, il a les traits tirés à quatre épingles.

Bérénice, sa secrétaire, se tient debout devant lui avec, sous le bras, une serviette-éponge bourrée de documents.

— Vous n’avez besoin de rien ? lui dit-elle.

— Non, merci.

— Très bien, je vous l’apporte tout de suite.

Et elle sort en fredonnant la dernière scie en vogue à Broadway : Si tu n’en veux pas, j’la remets dans mon blue-jeans, ça ne mange pas de biscottes.

Chapitre XVI

Deux heures plus tard.

Johnny Cannaghan pénètre à pas feutrés dans la villa « My good love snack », ce qui en français et en hébreu peut se traduire par Montre-moi ton lino je te ferai voir ma moquette

Promenant dans l’ombre le faisceau lumineux de sa torche électrique, il découvre, tapie dans une encoignure, sa secrétaire Bérénice.

— Qu’est-ce que tu fous là ? dit-il.

— Je prépare mon trousseau.

— Personne dans la maison ?

— Si.

— Qui ?

— Vous et moi.

Chapitre 203

Johnny Cannaghan arpente nerveusement son bureau et ronge son frein à un tel degré qu’il a fallu à trois reprises en changer la garniture.

— Une fille qui vous demande, annonce Bérénice.

— Fais-la entrer !

La fille, c’est Judy, la maîtresse de Jack Leggins, un beau châssis avec des pare-chocs où il faut.

— Hello ! fait Johnny, qu’est-ce qui t’amène ?

— Un taxi.

— Je vois. Et alors ?

— Johnny, y a longtemps que je voulais te le dire, je t’ai dans les hormones !

— Non !

— Si, j’en ai marre de Jack Leggins et si tu veux l’avoir, je peux te dire où il est.

— C’est bon. On verra. Seulement, je te préviens, si jamais t’essaies de me doubler…

— Oh ! Johnny, tu me connais mal et il ne tient qu’à toi de me connaître davantage…

— Ça va, on en reparlera !

— Johnny, reprend-elle, tu ne veux pas que… Nous deux ?

— C’est pas le moment, dit-il, se dégageant.

— Oh, tu sais, fait-elle, vexée, c’est pas tellement pour la bagatelle, c’est plutôt histoire de prendre quelque chose avant de sortir.

Dans une pinède, en Californie.

Cannaghan, pour feinter Jack Leggins, a posté un peu partout des hommes à lui, camouflés les uns en nouveau-nés qui se portent mutuellement sur les bras, les autres en pins maritimes.

Un de ces derniers porte un bracelet-montre à une basse branche. Cannaghan s’en approche et dit :

— Vous êtes un vrai pin ou un faux pin ?

— Je suis un faux pin, répond le pin. Je suis l’inspecteur Eggs and Bacon qu’on a peint en pin, suivant vos instructions.

— En somme, constate Johnny, vous êtes un pin peint ?

— À vos ordres, fait le pin, en essuyant la résine qui coule de son front.

Chapitre 205

À Londres, dans Soho, le quartier des mauvais garçons de la capitale britannique.

Un brouillard d’une exceptionnelle densité enveloppe la ville d’un angoissant linceul. Pas un bruit ne trouble cette atmosphère de cauchemar dans laquelle tout s’estompe, se confond, se dilue visqueusement.

Tout à coup, à l’angle de Schpoutzmoutz Street et de Jibremol Gardens, un cri terrible retentit, lugubrement et mystérieusement étouffé.

Qui donc avait poussé ce cri ?

Qui ? Qui ? Qui ?

C’était un homme qui, trompé par la brume et n’y voyant strictement rien, venait de se moucher avec le nez d’un autre, en croyant que c’était le sien.

Chapitre 146

À proximité d’un pavillon isolé au milieu d’un pâté de maisons en croûte, Johnny Cannaghan est à l’affût dans un champ grégorien, derrière une baie steeple-chase.

Le silence est absolu, total, inquiétant. Puis, des chuchotements, des craquements, des pas furtifs. Cannaghan, alerté, les muscles tendus, se ramasse sur lui-même d’abord puis dans le caniveau, car un type vient de lui placer une droite capable de mettre à gauche tout ce qu’il avait devant lui.