« Tu dis cela maintenant », dit Chani. Et, par-delà la salle, elle contempla la princesse aux cheveux dorés.
« Connais-tu si peu mon fils ? murmura Jessica. Vois donc cette princesse, là-bas, si hautaine, si confiante. On dit qu’elle a des prétentions littéraires. Espérons que cela remplit son existence car elle n’aura que peu de choses en dehors. (Un rire amer lui échappa.) Pense à cela, Chani, pense à cette princesse qui portera le nom mais qui sera moins qu’une concubine, qui ne connaîtra jamais un instant de tendresse avec l’homme auquel elle est liée. Alors que nous, Chani, nous que l’on nomme concubines… l’Histoire nous appellera : épouses. »
Notes cartographiques
Base pour la détermination de l’altitude : le Grand Bled.
Base pour la longitude : méridien du Mont de l’Observatoire.
Bordure Ouest : escarpement élevé (4 600 m) au-dessus du Bouclier.
Carthag : à 200 km environ au nord-est d’Arrakeen.
Faille Rouge : à 1 582 m en dessous du niveau du Bled.
Fosse Polaire : à 500 m en dessous du niveau du Bled.
Grand Bled : vaste désert plat, par opposition aux zones de dunes. Le désert s’étend entre 60° de latitude nord et 70° de latitude sud. Il est composé surtout de sable et de rochers, avec de rares affleurements de la couche basique.
Grande Étendue : dépression d’erg et de rocher située à 190 m en dessous du niveau du Bled. C’est dans la Grande Étendue que se trouve la Cuvette de Sel découverte par Pardot Kynes. Au sud du Sietch Tabr, les affleurements rocheux s’élèvent jusqu’à 200 m d’altitude.
Grotte des Oiseaux : dans la Chaîne de Habbanya.
Ligne des vers : indique la limite septentrionale d’observation des vers. C’est l’humidité, et non la température, qui est le facteur déterminant.
Palmeraies du Sud : elles n’apparaissent pas sur cette carte car elles sont situées vers le 40e degré de latitude sud.
Passe de Harg : cette passe est dominée par le Mausolée du crâne du duc Leto.
Passe du Vent : entourée de falaises, elle s’ouvre sur les villages des creux.
Plaine Funèbre : Grand erg.
Vieille faille : fissure dans le Mur du Bouclier, proche d’Arrakeen, qui descend verticalement sur 2 240 m. Une explosion l’a emportée sur l’ordre de Paul Muad’Dib.
APPENDICE IÉcologie de Dune
Au-delà d’un point critique dans un espace fini, la liberté décroît comme s’accroît le nombre. Cela est aussi vrai des humains dans l’espace fini d’un écosystème planétaire que des molécules d’un gaz dans un flacon scellé. La question qui se pose pour les humains n’est pas de savoir combien d’entre eux survivront dans le système mais quel sera le genre d’existence de ceux qui survivront.
Pardot Kynes, Premier Planétologiste d’Arrakis.
Aux yeux du nouvel arrivant, Arrakis apparaît comme une terre d’une désolation absolue. L’étranger pense immédiatement que rien ne peut y vivre ou y pousser, qu’il a devant lui un désert qui n’a jamais connu la fertilité et ne la connaîtra jamais.
Pour Pardot Kynes, la planète n’était qu’une forme d’énergie, une machine mue par son soleil. Il suffisait de la façonner pour répondre aux besoins des hommes et, immédiatement, il pensa à la population humaine d’Arrakis qui se déplaçait librement à sa surface : les Fremen. Quel défi ils représentaient ! Et quel outil ! Une force écologique et géologique au potentiel quasi illimité.
Pardot Kynes était un homme simple et direct. Il lui fallait échapper aux contraintes harkonnens ? Qu’à cela ne tienne. Il épousa une femme fremen. Quand elle lui donna un fils, Liet-Kynes, il entreprit de lui inculquer, ainsi qu’aux autres enfants, les bases de l’écologie, créant pour cela un nouveau langage de symboles qui préparait l’esprit à la manipulation d’un paysage tout entier, de ses climats, de ses saisons, qui rejetait tout concept de force au profit d’une conscience claire de l’ordre.
« Sur toute planète favorable à l’homme, disait Kynes, il existe une sorte de beauté interne faite de mouvement et d’équilibre. Cette beauté produit un effet dynamique stabilisateur qui est essentiel à l’existence. Sa fonction est simple : maintenir et produire des schémas coordonnés de plus en plus diversifiés. C’est la vie qui augmente la capacité de tout système clos à entretenir la vie. La vie dans sa totalité est au service de la vie. Au fur et à mesure qu’elle se diversifie, les aliments nécessaires deviennent plus disponibles. Tout le paysage s’éveille, les relations s’établissent, s’interpénètrent. »
Ainsi parlait Pardot Kynes dans les classes des sietch.
Mais avant d’entreprendre ses cours, cependant, il lui avait fallu convaincre les Fremen. Pour comprendre comment ce fut possible, il faut savoir d’abord avec quelle innocence, quelle opiniâtreté il abordait tous les problèmes. Non pas qu’il fût naïf, mais il ne s’autorisait aucune distraction.
Il explorait Arrakis à bord d’un véhicule monoplace quand, par un après-midi torride, il fut témoin d’une scène déplorablement banale. Six mercenaires d’Harkonnen, lourdement armés et munis de boucliers, avaient cerné trois jeunes Fremen derrière la falaise du Bouclier, près du village du Sac-de-vent. Kynes eut d’abord l’impression d’assister à une escarmouche sans gravité jusqu’à ce qu’il se rendît compte que les Harkonnen avaient l’intention de tuer les Fremen. Déjà l’un des jeunes Fremen gisait à terre, une artère sectionnée et deux des mercenaires étaient hors de combat. Mais il restait quatre Harkonnen face à deux hommes du désert.
Kynes n’était pas vraiment courageux. Il était prudent et opiniâtre, c’est tout. Les Harkonnen tuaient des Fremen. Ils détruisaient les outils qu’il avait l’intention d’utiliser pour façonner la planète ! Il activa son propre bouclier, se lança dans la bataille et abattit les deux Harkonnen avant qu’ils sachent qui surgissait sur leurs arrières. Il esquiva l’attaque du troisième et lui trancha la gorge d’un entretisser impeccable, abandonnant le quatrième aux jeunes Fremen pour se porter au secours du blessé qui saignait sur le sol. Et il parvint à le sauver… au moment où périssait le sixième et dernier Harkonnen.
Et c’est là que l’affaire se complique ! Les Fremen ne savaient pas ce qu’ils devaient faire de Kynes. Bien sûr, ils savaient qui il était. Nul homme ne pouvait arriver sur Arrakis sans que les Fremen soient en possession d’un dossier très complet le concernant. Ils savaient donc très bien qu’il était au service de l’Empereur.
Mais il venait de tuer des Harkonnen !
Des adultes auraient sans doute haussé les épaules avant de l’envoyer rejoindre les six Harkonnen. Mais ces Fremen étaient jeunes et inexpérimentés et tout ce qu’ils comprirent fut qu’ils devaient la vie à ce serviteur de l’Empereur.