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Nous nous esclaffons.

— Il ne me reste plus qu’à souhaiter longue vie à votre agence, messieurs, poursuit le boss en se tournant vers Hector et Pinuche.

« Avec vous nous comptons des concurrents redoutables et, qui sait, de précieux auxiliaires… »

L’entretien est terminé. Nous nous levons déjà, mais le Gros ne bouge pas de sa chaise.

— Ecoutez voir, murmure-t-il, faut quand même que je vous cause de quelque chose. Quand c’est que j’ai reporté la lettre au Vieux, j’ai piqué le timbre pour la collection de mon petit neveu… Je savais pas qu’il valait une pareille fortune à ce moment-là. Mais, je pense que… enfin, je crois…

Il se fouille, sort sa blague à tabac ravagée et en extrait : un mégot moisi, une pince à bicyclette, un bouton de culotte, sa fleur de nave d’argent et enfin le timbre inestimable.

Nous nous frappons sur les cuisses.

— Eh bien ! fait le Vieux, voilà qui sera à verser au trésor secret de l’Etat, car nous ne pouvons décemment restituer le timbre au gouvernement japonais.

Il examine la fleur de nave et regarde Béru.

— Où avez-vous pris cela, Bérurier ?

— On me l’a discernée, balbutie le Gravos en rougissant.

— Compliments, fait le Vieux.

— Comment, fais-je, vous connaissez la signification de cet objet, patron ?

— Je connais tout, mon cher ami, rétorque le Vieux amusé.

Le Gros éclate de rire.

— San-A., lui, a eu droit au lotus d’or !

Le regard que me jette le boss est luisant d’une indicible admiration.

— Eh bien ! fait-il, je suis heureux d’avoir à mon service des hommes qui méritent à ce point le titre d’homme !