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– Pas ce soir, Dobby, dit alors Harry à contrecœur en se laissant retomber dans son fauteuil. C’est très important, je ne veux pas risquer de tout faire rater. Il faut une bonne organisation. Écoute-moi, peux-tu me dire où se trouve exactement cette Salle sur Demande et comment s’y rendre ?

Les pans de leurs robes voltigeaient et tournoyaient autour d’eux alors qu’ils traversaient en pataugeant le potager détrempé pour se rendre au double cours de botanique. La pluie qui tombait en gouttes aussi grosses que des grêlons sur le toit de la serre produisait un tel vacarme qu’ils avaient du mal à entendre le professeur Chourave. L’après-midi, il fallut transférer le cours de soins aux créatures magiques dans une classe libre du rez-de-chaussée à cause de la tempête qui balayait le parc et, à l’heure du déjeuner, Angelina les informa, à leur grand soulagement, que la séance d’entraînement de Quidditch était annulée.

– Très bien, lui dit Harry à voix basse lorsqu’elle vint le lui annoncer, parce qu’on a trouvé un endroit pour notre première réunion. Ce soir, huit heures, septième étage, en face de la tapisserie qui représente Barnabas le Follet battu par les trolls. Tu peux le dire à Katie et Alicia ?

Elle parut légèrement déconcertée mais promit de faire passer le message. Harry retourna avidement à ses saucisses accompagnées de purée. Quand il releva la tête pour boire son jus de citrouille, il vit Hermione qui le regardait.

– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il, la bouche pleine.

– Je voulais simplement dire que les idées de Dobby ne sont pas toujours sans danger. Souviens-toi, quand tu as perdu tous les os de ton bras à cause de lui ?

– Cette pièce n’est pas une idée absurde de Dobby. Dumbledore la connaît aussi, il m’en a parlé au bal de Noël.

Le visage d’Hermione s’éclaira.

– Dumbledore t’en a parlé ?

– En passant, précisa Harry avec un haussement d’épaules.

– Alors, ça va, dit Hermione qui ne souleva plus d’objections.

Avec Ron, ils avaient consacré la plus grande partie de la journée à chercher les élèves qui avaient inscrit leur nom sur la liste, à La Tête de Sanglier, afin de leur donner le lieu du rendez-vous. Harry fut un peu déçu que Ginny soit la première à trouver Cho et son amie. À la fin du dîner, cependant, il était sûr que la nouvelle avait été transmise à chacune des vingt-cinq personnes qui avaient assisté à la première réunion.

À sept heures et demie, Harry, Ron et Hermione quittèrent la salle commune, Harry serrant dans sa main un vieux parchemin. Les élèves de cinquième année avaient le droit de se promener dans les couloirs jusqu’à neuf heures du soir mais tous trois n’en jetaient pas moins des regards inquiets tout autour d’eux pendant qu’ils montaient au septième étage.

– Attendez, dit Harry lorsqu’ils furent arrivés en haut du dernier escalier.

Il déroula son parchemin, le tapota avec sa baguette magique et murmura :

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

Un plan de Poudlard apparut aussitôt. De petits points noirs mobiles, chacun accompagné d’un nom, montraient à quel endroit du château se trouvaient les diverses personnes qu’ils tenaient à éviter.

– Rusard est au deuxième étage, dit Harry en regardant le plan de près. Et Miss Teigne au quatrième.

– Et Ombrage ? demanda Hermione d’un ton anxieux.

– Dans son bureau, indiqua Harry. On peut y aller.

Ils se hâtèrent le long du couloir jusqu’à l’endroit que Dobby avait décrit à Harry, une surface de mur lisse, face à une immense tapisserie qui représentait la stupide tentative de Barnabas le Follet d’apprendre à des trolls l’art de la danse.

– O.K., murmura Harry.

Un troll mangé aux mites cessa de donner ses habituels coups de massue au maître de ballet et regarda les nouveaux venus.

– Dobby m’a dit de passer trois fois devant ce morceau de mur en pensant très fort à ce que nous voulons.

Ils suivirent ces instructions, faisant demi-tour devant la fenêtre située à l’une des extrémités du mur, puis devant le vase de la taille d’un homme qui se trouvait à l’autre bout. Ron plissait les yeux dans un effort de concentration, Hermione murmurait des paroles indistinctes et Harry serrait les poings en regardant droit devant lui.

« Il nous faut un endroit pour apprendre à nous battre…, pensait-il avec force. Donnez-nous un lieu pour nous entraîner… quelque part où on ne pourra pas nous trouver… »

– Harry ! dit soudain Hermione alors qu’ils faisaient à nouveau demi-tour après leur troisième passage.

Une porte de bois verni était apparue dans le mur. Ron la regarda d’un air un peu méfiant. Harry tendit la main, saisit la poignée de cuivre, ouvrit la porte et pénétra le premier dans une pièce spacieuse, illuminée par des torches semblables à celles qui éclairaient les cachots, huit étages plus bas.

Des bibliothèques s’alignaient le long des murs et de grands coussins en soie tenaient lieu de sièges. Au fond de la pièce, des étagères étaient chargées de toutes sortes d’instruments tels des Scrutoscopes, des Capteurs de Dissimulation et une grande Glace à l’Ennemi craquelée, celle-là même que Harry avait déjà vue l’année précédente dans le bureau du faux Maugrey.

– Ça, ce sera bien quand on s’entraînera à la Stupéfixion, dit Ron avec enthousiasme en donnant un petit coup de pied dans un coussin.

– Et regardez tous ces livres ! s’exclama Hermione, surexcitée, en caressant du bout des doigts la reliure des gros volumes de cuir. Abrégé des sortilèges communs et de leurs contre-attaques… Les Forces du Mal surpassées… Les Sorts d’Autodéfense… Wouao…

Le visage radieux, elle se tourna vers Harry. La présence de ces centaines d’ouvrages avait finalement convaincu Hermione qu’ils avaient raison de faire ce qu’ils faisaient.

– Harry, c’est merveilleux, dit-elle, il y a tout ce qu’il nous faut, ici !

Et sans attendre, elle prit sur une étagère Sortilèges à l’usage des ensorcelés, se laissa tomber sur le coussin le plus proche et commença à lire.

On frappa doucement à la porte. Harry se retourna. Ginny, Neville, Lavande, Parvati et Dean étaient arrivés.

– Ooooh, s’écria Dean en regardant autour de lui, l’air impressionné. C’est quoi, cet endroit ?

Harry se lança dans des explications mais, avant d’en avoir terminé, d’autres personnes arrivèrent et il dut tout recommencer depuis le début. Lorsqu’il fut huit heures, tous les coussins étaient occupés. Harry se dirigea vers la porte et tourna la clé qui dépassait de la serrure. Il y eut un déclic sonore des plus satisfaisants et tout le monde se tut, les yeux tournés vers lui. Hermione prit bien soin de marquer la page de Sortilèges à l’usage des ensorcelés à laquelle elle avait interrompu sa lecture et mit le livre de côté.

– Bien, dit Harry, un peu nerveux. Voici donc l’endroit que nous avons trouvé pour nos séances d’entraînement et heu… apparemment, il vous convient.

– C’est fantastique ! dit Cho.

Des murmures approbateurs s’élevèrent de toutes parts.

– C’est bizarre, dit Fred, les sourcils froncés, un jour on s’est réfugiés ici pour échapper à Rusard, tu te souviens, George ? Mais, à l’époque, c’était un simple placard à balais.

– Hé, Harry, qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Dean, assis au fond de la pièce, l’index pointé sur les Scrutoscopes et la Glace à l’Ennemi.

– Des détecteurs de magie noire, répondit Harry en se faufilant parmi les coussins pour s’approcher des étagères. Leur fonction de base, c’est de montrer la présence d’ennemis ou de Mages noirs qui se trouveraient à proximité, mais il ne faut pas trop s’y fier, on peut parfois déjouer leur vigilance…