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Ils reçurent un accueil enthousiaste à la table des Gryffondor où tout le monde était vêtu de rouge et d’or mais, loin d’améliorer l’humeur de Ron, les vivats semblèrent achever de lui saper le moral. Il s’effondra sur le banc le plus proche comme s’il s’apprêtait à prendre le repas du condamné.

– Je devais être complètement dingue pour vouloir faire ça, dit-il dans un murmure rauque. Dingue.

– Ne sois pas idiot, répliqua Harry d’un ton ferme en lui passant un assortiment de céréales. Tu te débrouilleras à merveille. C’est normal d’avoir le trac.

– Je suis lamentable, coassa Ron. Je suis nul. Même si ma vie en dépendait, je serais incapable de jouer convenablement. Où avais-je la tête ?

– Ressaisis-toi, dit Harry d’un air sérieux. Pense un peu à la façon dont tu as renvoyé le Souafle l’autre jour, même Fred et George ont dit que tu avais été brillant.

Ron tourna vers Harry un visage torturé.

– C’était un hasard, murmura-t-il d’un air misérable. Je ne l’ai pas fait exprès. J’ai glissé de mon balai à un moment où tout le monde regardait ailleurs et quand j’ai essayé de remonter dessus j’ai donné un coup de pied dans le Souafle sans le vouloir.

– Bah, tu sais, répondit Harry, en revenant rapidement de sa surprise, il suffit de quelques hasards de ce genre pour être sûrs de gagner, non ?

Assises face à eux, Hermione et Ginny portaient des écharpes, des gants et des cocardes rouge et or.

– Comment tu te sens ? demanda Ginny à Ron qui regardait le fond de son bol vide comme s’il envisageait sérieusement de se noyer dans le lait qui y restait.

– Il a simplement le trac, dit Harry.

– C’est bon signe, à mon avis, on ne réussit jamais aussi bien aux examens que quand on a un peu le trac, fit remarquer Hermione avec conviction.

– Bonjour, dit derrière eux une voix éthérée et rêveuse.

Harry se retourna. Luna Lovegood avait quitté la table des Serdaigle pour venir jusqu’à eux. Plusieurs élèves la regardèrent avec des yeux ronds, d’autres la montraient du doigt en riant ouvertement. Elle avait déniché un chapeau représentant une tête de lion grandeur nature, perchée sur son crâne en équilibre précaire.

– Je suis pour Gryffondor, dit Luna en montrant inutilement son chapeau. Regardez ce qu’il fait…

Elle leva la main et tapota le chapeau à l’aide de sa baguette magique. La tête de lion ouvrit grand sa gueule et poussa un rugissement très réaliste qui fit sursauter tout le monde.

– Il est bien, non ? dit joyeusement Luna. J’aurais voulu qu’il dévore un serpent qui aurait symbolisé l’équipe de Serpentard, mais je n’ai pas eu le temps de le rajouter. En tout cas… Bonne chance, Ronald !

Et elle s’éloigna d’un pas aérien. À peine s’étaient-ils remis du choc provoqué par le chapeau de Luna qu’Angelina se précipita vers eux, accompagnée par Katie et Alicia qui avait retrouvé des sourcils normaux grâce à Madame Pomfresh.

– Dès que vous êtes prêts, dit-elle, on file sur le terrain, on vérifie les conditions météo et on se change.

– On arrive tout de suite, lui assura Harry. Le temps que Ron mange quelque chose.

Mais il apparut très vite que Ron était incapable d’avaler quoi que ce soit d’autre et Harry estima préférable de l’emmener sans attendre dans les vestiaires. Hermione se leva en même temps qu’eux et attira Harry un peu à l’écart.

– Il ne faut pas que Ron voie ce qui est écrit sur les badges des Serpentard, chuchota-t-elle précipitamment.

Harry lui jeta un regard interrogateur mais elle hocha la tête comme pour le prévenir de quelque chose. Ron s’avançait vers eux, l’air perdu et désespéré.

– Bonne chance, dit Hermione.

Elle se dressa sur la pointe des pieds et l’embrassa sur la joue.

– Et à toi aussi, Harry.

Lorsqu’ils traversèrent la Grande Salle, Ron sembla retrouver un peu ses esprits. Déconcerté, il se caressa la joue à l’endroit où Hermione l’avait embrassé, comme s’il ne savait pas très bien ce qui s’était passé. Il paraissait trop égaré pour faire attention à ce qui l’entourait. Quand ils passèrent devant la table des Serpentard, Harry jeta un regard aux badges en forme de couronne, et cette fois, il eut le temps de lire ce qui y était écrit : « Weasley est notre roi ».

Avec le sentiment désagréable qu’il fallait voir là un très mauvais signe, il entraîna Ron vers le hall d’entrée puis, descendant les marches de pierre, ils sortirent dans l’air glacial.

L’herbe recouverte de givre craquait sous leurs pieds lorsqu’ils traversèrent la pelouse qui descendait vers le stade. Il n’y avait pas de vent et le ciel uniforme était d’un blanc de perle, ce qui signifiait que la visibilité serait bonne sans l’inconvénient du soleil dans l’œil. Harry souligna ces éléments encourageants mais il n’était pas sûr que Ron l’écoutait.

À leur entrée dans les vestiaires, Angelina, qui s’était déjà changée, s’adressait au reste de l’équipe. Harry et Ron revêtirent leurs robes (Ron essaya pendant un bon moment de la mettre à l’envers jusqu’à ce qu’Alicia, prise de pitié, vienne à sa rescousse) puis s’assirent pour écouter le discours d’avant match. Au-dehors, la rumeur des voix s’intensifiait régulièrement à mesure que la foule déferlait du château pour se rendre dans les tribunes.

– Bon, je viens seulement d’obtenir la composition finale de l’équipe des Serpentard, annonça Angelina en consultant un parchemin. Les batteurs de l’année dernière, Derrick et Bole, sont partis mais il semble que Montague les ait remplacés par le même genre de gorilles, plutôt que par des joueurs plus habiles à voler. Ce sont deux types du nom de Crabbe et Goyle. Je ne sais pas grand-chose d’eux…

– Nous, si, dirent Harry et Ron d’une même voix.

– En tout cas, ils n’ont pas l’air assez intelligents pour savoir dans quel sens volent leurs balais, reprit Angelina en rangeant son parchemin, mais de toute façon, je me suis toujours demandé comment Derrick et Bole arrivaient à trouver le terrain sans pancarte.

– Crabbe et Goyle sont sortis du même moule, lui assura Harry.

Ils entendaient les pas des spectateurs qui montaient à présent les gradins par centaines pour aller s’asseoir sur les bancs. Certains chantaient. Harry, cependant, ne parvenait pas à distinguer les paroles de leur chanson. Il commençait à se sentir nerveux mais il savait que ses angoisses n’étaient rien comparées à celles de Ron qui se tenait le ventre, le regard à nouveau dans le vide, la mâchoire serrée, le teint grisâtre.

– C’est l’heure, dit Angelina à voix basse en regardant sa montre. Allons-y… et bonne chance.

L’équipe se leva, le balai sur l’épaule, et sortit des vestiaires en file indienne sous le ciel lumineux. Des hurlements divers les accueillirent et Harry entendit à nouveau une chanson, étouffée par les acclamations et les sifflets.

Les joueurs de Serpentard les attendaient. Eux aussi arboraient des badges argentés en forme de couronnes. Montague, leur nouveau capitaine, était bâti comme Dudley Dursley, avec des avant-bras massifs qui ressemblaient à des jambons poilus. Derrière lui se tenaient Crabbe et Goyle, presque aussi grands. Balançant leurs battes toutes neuves, ils clignaient stupidement des yeux. Malefoy était à côté d’eux, sa tête blonde étincelant à la clarté du soleil. Avec un sourire ironique, il croisa le regard de Harry et tapota le badge en forme de couronne épinglé sur sa poitrine.