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– Pas vraiment, dit Hagrid en hochant sa tête hirsute. C’est simplement que la plupart des sorciers se fichent de savoir où ils sont, du moment que c’est le plus loin possible. Et justement, il est très difficile d’aller chez eux, pour les humains en tout cas, donc, on avait besoin des indications de Dumbledore. Nous a fallu environ un mois pour arriver là-bas.

– Un mois ? répéta Ron comme s’il n’avait jamais entendu parler d’un voyage qui dure un temps aussi ridiculement long. Vous ne pouviez pas utiliser un Portoloin ou quelque chose dans le genre ?

Une étrange expression passa dans l’œil valide de Hagrid, comme s’il regardait Ron avec une certaine pitié.

– On est surveillés, Ron, dit-il d’un ton rude.

– Qu’est-ce que vous voulez dire ?

– Tu ne comprends pas, répliqua Hagrid. Les gens du ministère tiennent Dumbledore à l’œil et aussi tous ceux qu’ils soupçonnent d’être alliés avec lui, et…

– Ça, on le sait, dit précipitamment Harry, qui avait hâte d’entendre la suite de l’histoire, on sait que le ministère surveille Dumbledore…

– Alors, vous n’avez pas pu utiliser la magie pour arriver là-bas ? demanda Ron, effaré. Vous avez dû faire comme les Moldus, pendant tout le trajet ?

– Pas vraiment tout le trajet, dit Hagrid d’un air rusé. Il fallait simplement prendre des précautions, parce que Olympe et moi, on a du mal à passer inaperçus…

Ron émit un son qui tenait à la fois du grognement et du reniflement et s’empressa de boire une gorgée de thé.

– … donc, c’est pas très difficile de nous suivre. Alors, on a fait comme si on partait en vacances. On a commencé par la France en prenant la direction de l’école d’Olympe parce qu’on savait que quelqu’un du ministère nous filait. Au début, il a fallu aller lentement vu que je n’ai pas vraiment le droit de me servir de la magie et qu’on savait que le ministère cherchait un prétexte pour nous arrêter. Mais on a réussi à semer l’abruti qui nous collait aux basques du côté de Dis John…

– Aaaaah, Dijon ? s’exclama Hermione, enthousiaste. J’y suis allée en vacances, vous avez vu le…

Elle s’interrompit en voyant le regard de Ron.

– Après, on a utilisé un peu de magie de temps en temps et le voyage s’est assez bien passé. On est tombés sur deux trolls fous du côté de la frontière polonaise et j’ai eu un léger désaccord avec un vampire dans un pub de Minsk, mais à part ça, c’était du gâteau.

Ensuite, on est arrivés sur place et on a commencé à marcher dans les montagnes en cherchant leurs traces…

Il fallait abandonner la magie une fois qu’on s’approchait d’eux. En partie parce qu’ils n’aiment pas les sorciers et qu’on ne voulait pas se les mettre à dos dès le départ, en partie parce que Dumbledore nous avait prévenus que Vous-Savez-Qui allait sûrement essayer de les contacter. Il a dit qu’il y avait de bonnes chances pour qu’il leur ait déjà envoyé des messagers et qu’il ne fallait pas attirer l’attention sur nous au cas où il y aurait des Mangemorts dans les environs.

Hagrid s’interrompit pour boire une longue gorgée de thé.

– Et ensuite ? l’encouragea Harry.

– On les a trouvés, dit simplement Hagrid. Un soir, on est montés sur une corniche et ils étaient là, juste en dessous. On voyait brûler des petits feux avec des ombres immenses… C’était comme si des morceaux de montagne s’étaient mis à bouger.

– Ils sont grands comment ? demanda Ron à mi-voix.

– À peu près six mètres, répondit Hagrid d’un ton dégagé. Les plus grands doivent faire dans les sept ou huit mètres.

– Et il y en avait combien ? demanda Harry.

– Sans doute entre soixante-dix et quatre-vingts.

– C’est tout ? s’étonna Hermione.

– Ouais, répondit Hagrid avec tristesse. Il en reste quatre-vingts, alors qu’ils étaient très nombreux, avant. Il devait y avoir une centaine de tribus différentes dans le monde entier. Mais ils sont morts au cours des siècles. Les sorciers en ont tué quelques-uns, bien sûr, mais la plupart, c’est entre eux qu’ils se sont tués et maintenant, ils meurent plus vite que jamais. Ils ne sont pas faits pour rester collés les uns aux autres, comme ça. Dumbledore dit que c’est notre faute, que ce sont les sorciers qui les ont obligés à vivre loin de nous et qu’ils n’avaient pas d’autre possibilité que de rester ensemble pour se protéger.

– Donc, dit Harry, vous les avez vus, et après, qu’est-ce qui s’est passé ?

– Eh ben, on a attendu jusqu’au matin, on ne voulait pas s’approcher d’eux dans le noir, pour notre propre sécurité, dit Hagrid. Vers trois heures du matin, ils se sont endormis sur place. Nous, on n’osait pas dormir. D’abord, on voulait être sûrs que l’un d’eux ne viendrait pas faire un tour de notre côté et ensuite, leurs ronflements étaient incroyables. Ils ont déclenché une avalanche un peu avant l’aube.

Enfin, bref, dès que le jour s’est levé, on est descendus les voir.

– Comme ça, tout simplement ? dit Ron, qui paraissait très impressionné. Vous êtes juste entrés dans leur camp ?

– Dumbledore nous avait dit comment nous y prendre, expliqua Hagrid. Donner des cadeaux au Gurg, lui montrer qu’on le respecte, vous voyez le genre ?

– Donner des cadeaux au quoi ? demanda Harry.

– Au Gurg… Ça veut dire le « chef ».

– Comment pouviez-vous savoir lequel était le Gurg ? interrogea Ron.

Hagrid grogna d’un air amusé.

– Pas difficile, répondit-il, c’était le plus grand, le plus laid et le plus paresseux. Il restait assis là à attendre que les autres lui apportent à manger. Des chèvres mortes et d’autres choses comme ça. S’appelait Karkus. À mon avis, il devait faire entre six mètres cinquante et sept mètres et peser le poids de deux éléphants mâles. Il avait une peau de rhinocéros et tout le reste dans le même style.

– Et vous êtes montés le voir ? dit Hermione, le souffle coupé.

– Non, on est plutôt descendus là où il était couché, dans une vallée entre quatre belles montagnes, à côté d’un lac. Karkus était allongé au bord de l’eau et hurlait aux autres de leur apporter à manger à lui et à sa femme. Olympe et moi, on a descendu le flanc de la montagne…

– Et ils n’ont pas essayé de vous tuer quand ils vous ont vus ? s’étonna Ron.

– Oh, il y en a qui ont eu l’idée, c’est sûr, répondit Hagrid en haussant les épaules, mais on a fait ce que Dumbledore nous avait dit, c’est-à-dire montrer notre cadeau et garder les yeux fixés sur le Gurg sans s’occuper des autres. Du coup, ils n’ont rien dit et ils nous ont regardés passer. On est allés droit vers Karkus, on s’est inclinés et on a posé notre cadeau devant lui.

– Qu’est-ce qu’on donne comme cadeau à un géant ? demanda Ron avec curiosité. À manger ?

– Oh, non, la nourriture, ils la trouvent facilement. On lui a apporté un objet magique. Les géants aiment bien la magie, simplement, ils n’aiment pas qu’on l’utilise contre eux. Le premier jour, on lui a offert une branche de Feu de Sempremais.

Hermione murmura : « Wouao ! » mais Harry et Ron froncèrent les sourcils d’un air perplexe.

– Une branche de…

– De feu éternel, répondit Hermione, agacée. Vous devriez savoir ça, maintenant. Le professeur Flitwick en a parlé au moins deux fois en classe !

– En tout cas, intervint rapidement Hagrid avant que Ron ne puisse répliquer, Dumbledore avait ensorcelé cette branche pour qu’elle brûle à tout jamais et ça, ce n’est pas à la portée de n’importe quel sorcier. Alors, j’ai posé la branche dans la neige, aux pieds de Karkus, et j’ai dit : « Voici un cadeau pour le Gurg des géants, de la part d’Albus Dumbledore qui vous adresse ses salutations très respectueuses… »