Выбрать главу

– Et qu’est-ce qu’a répondu Karkus ? demanda Harry, impatient de connaître la suite.

– Rien, dit Hagrid. Parlait pas anglais.

– Vous plaisantez ?

– Ça n’avait pas d’importance, poursuivit Hagrid, imperturbable. Dumbledore nous avait prévenus que ça pouvait arriver. Karkus en savait suffisamment pour appeler deux autres géants qui connaissaient notre patois et ils ont fait la traduction pour nous.

– Le cadeau lui a plu ? demanda Ron.

– Oh oui, quand ils ont compris ce que c’était, ils se sont déchaînés, répondit Hagrid en retournant son steak de dragon sur son œil enflé. Absolument ravis. Alors, j’ai dit : « Albus Dumbledore demande au Gurg de parler avec son messager quand il reviendra demain avec un autre cadeau. »

– Vous ne pouviez pas leur parler le jour même ? s’étonna Hermione.

– Dumbledore voulait qu’on fasse les choses très lentement. Leur montrer qu’on tenait nos promesses. Nous reviendrons demain avec un autre cadeau et on revient réellement avec le cadeau promis ; ça fait bonne impression, vous comprenez ? En plus, ça leur donne le temps d’apprécier notre premier cadeau et de voir qu’il est vraiment très beau, comme ça, ils ont envie d’en avoir un autre. De toute façon, un géant comme Karkus, si on lui en dit trop d’un seul coup, il vous tue, histoire de simplifier les choses. Alors, on s’est inclinés bien bas et on a pris congé, puis on est allés se chercher une bonne petite caverne pour passer la nuit et le lendemain, on est revenus. Cette fois, Karkus était debout et il nous attendait avec impatience.

– Vous lui avez parlé ?

– Oh oui. D’abord, on lui a offert un très beau casque de guerrier – fabriqué par un gobelin et totalement indestructible – et puis on s’est assis et on a parlé.

– Qu’est-ce qu’il a dit ?

– Pas grand-chose. Il a surtout écouté. Mais on notait des signes encourageants. Il avait entendu parler de Dumbledore, on lui avait dit qu’il s’était opposé à ce qu’on tue les derniers géants de Grande-Bretagne. Karkus semblait très intéressé par ce que Dumbledore avait à dire. D’autres géants, surtout ceux qui parlaient un peu anglais, se sont regroupés autour de nous et ont écouté aussi. Quand on est repartis, on avait bon espoir. On lui a promis de revenir le lendemain matin avec un nouveau cadeau. Mais cette nuit-là, tout est allé de travers.

– Qu’est-ce que vous voulez dire ? demanda aussitôt Ron.

– Eh bien, comme je vous le disais tout à l’heure, les géants ne sont pas faits pour vivre ensemble, répondit Hagrid avec tristesse. Pas en aussi grand nombre, en tout cas. C’est plus fort qu’eux, ils s’entre-tuent à moitié toutes les trois ou quatre semaines. Les hommes se battent entre eux et les femmes entre elles. Les derniers rescapés des anciennes tribus se battent aussi et ce n’est même pas parce qu’ils se disputent la nourriture ou les meilleurs feux ou des endroits pour dormir. Quand on pense qu’ils sont sur le point de disparaître, on pourrait croire qu’ils vont arrêter de faire ça, mais…

Hagrid poussa un profond soupir.

– Cette nuit-là, donc, une bagarre a éclaté dans la vallée, on l’a vue depuis l’entrée de notre caverne. Elle a duré des heures, avec un vacarme incroyable. Quand le soleil s’est levé, la neige était écarlate et sa tête était au fond du lac.

– La tête de qui ? s’exclama Hermione avec un haut-le-corps.

– Celle de Karkus, répondit Hagrid d’une voix accablée. Il y avait un nouveau Gurg, du nom de Golgomath.

Il soupira à nouveau.

– Nous n’avions pas imaginé qu’ils changeraient de Gurg deux jours après qu’on était devenus amis avec le premier et on avait la drôle d’impression que Golgomath ne tenait pas tellement à nous écouter, mais il fallait quand même essayer.

– Vous êtes allés lui parler ? demanda Ron, incrédule. Après l’avoir vu arracher la tête d’un autre géant ?

– Bien sûr, dit Hagrid. On n’avait pas fait tout ce chemin pour abandonner au bout de deux jours ! On est redescendus avec le nouveau cadeau qu’on avait prévu de donner à Karkus. Je savais que ça ne marcherait pas avant même d’avoir ouvert la bouche. Il était assis là avec le casque de Karkus sur la tête et il nous regardait arriver d’un œil mauvais. Il était immense, un des plus grands. Des cheveux noirs, des dents assorties et un collier d’os autour du cou. Certains avaient l’air d’être des os humains. Enfin, j’ai quand même essayé, je lui ai tendu un grand rouleau de peau de dragon et j’ai dit : « Un cadeau pour le Gurg des géants. » Une seconde plus tard, j’étais suspendu par les pieds la tête en bas. Deux de ses copains m’avaient attrapé.

Hermione plaqua ses mains contre sa bouche.

– Comment vous avez fait pour vous en sortir ? demanda Harry.

– Oh, je n’aurais pas pu si Olympe n’avait pas été là, répondit Hagrid. Elle a sorti sa baguette et je n’ai jamais vu quelqu’un jeter un sort aussi vite. Un sacré prodige. Elle a envoyé un maléfice de Conjonctivite aux deux géants qui me tenaient et ils m’ont tout de suite lâché. Mais les choses tournaient vraiment mal parce qu’on avait utilisé de la magie contre eux et c’est justement ce que les géants détestent chez les sorciers. Il fallait déguerpir très vite et plus question de remettre les pieds dans le camp.

– Oh, là, là, dit Ron à voix basse.

– Comment se fait-il que vous ayez mis aussi longtemps à revenir si vous n’êtes allés là-bas que trois jours ? s’étonna Hermione.

– Oh, mais on n’est pas partis au bout de trois jours ! répondit Hagrid, l’air outré. Dumbledore comptait sur nous !

– Mais vous venez de dire qu’il n’était pas question d’y remettre les pieds !

– Pas dans la journée, c’est sûr. Il fallait réfléchir un peu. On a passé deux jours à les observer discrètement depuis notre caverne. Et ce qu’on a vu n’était pas très agréable.

– Il a arraché d’autres têtes ? demanda Hermione d’un air dégoûté.

– Oh, non, répondit Hagrid, j’aurais préféré.

– Qu’est-ce que vous voulez dire ?

– Je veux dire qu’on s’est bientôt aperçus qu’il ne rejetait pas tous les sorciers – simplement nous.

– Des Mangemorts ? dit précipitamment Harry.

– Oui, répondit Hagrid d’un air lugubre. Deux d’entre eux allaient le voir tous les jours. Ils apportaient des cadeaux au Gurg et il ne les pendait pas par les pieds.

– Comment saviez-vous que c’étaient des Mangemorts ? demanda Ron.

– Parce que j’ai reconnu l’un d’eux, grogna Hagrid. Macnair, vous vous souvenez ? Le type qu’ils ont envoyé pour tuer Buck ? Un fou, celui-là. Il aime tuer autant que Golgomath, pas étonnant qu’ils se soient si bien entendus.

– Et Macnair a convaincu les géants de rallier Vous-Savez-Qui ? dit Hermione d’un ton désespéré.

– Doucement, ne mets pas la charrue avant les hippogriffes, je n’ai pas fini mon histoire ! s’indigna Hagrid.

Pour quelqu’un qui n’avait rien voulu dire au début, il semblait à présent prendre du plaisir à raconter.

– Olympe et moi, on en a parlé et on est tombés d’accord là-dessus : ce n’est pas parce que le Gurg semblait favorable à Vous-Savez-Qui que tous les autres géants étaient forcément d’accord. Il fallait donc essayer d’en mettre certains de notre côté, ceux qui n’avaient pas voulu de Golgomath comme Gurg.

– Comment savoir lesquels c’était ? interrogea Ron.

– Facile, c’étaient ceux qui avaient pris le plus de coups dans la figure, répondit Hagrid avec patience. Et s’ils avaient un peu de bon sens, ils évitaient de se trouver sur le chemin de Golgomath. Ils se cachaient dans des grottes autour de la vallée, comme nous. On a donc décidé d’aller faire le tour des cavernes la nuit et de voir si on pouvait en convaincre quelques-uns.