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– Tous ces pauvres elfes que je n’ai pas encore pu libérer et qui vont être obligés de passer Noël ici parce qu’il n’y a pas assez de chapeaux !

Harry, qui n’avait pas eu le cœur de lui dire que c’était Dobby qui prenait tout ce qu’elle tricotait, se pencha un peu plus sur son devoir d’histoire de la magie. De toute façon, il ne voulait pas penser à Noël. Pour la première fois, il désirait plus que tout passer ses vacances hors de Poudlard. Entre son interdiction de jouer au Quidditch et la menace d’une mise à l’épreuve qui pesait sur Hagrid, il éprouvait à présent un profond ressentiment à l’égard de son école. La seule chose qu’il attendait avec impatience, c’étaient les réunions de l’A.D. qui s’interrompraient pendant cette période, car presque tout le monde devait rentrer dans sa famille. Hermione allait faire du ski avec ses parents, ce qui amusa grandement Ron : il n’avait encore jamais entendu dire que les Moldus s’attachaient des planches aux pieds pour glisser au flanc des montagnes. Ron, lui, rentrait au Terrier. Pendant plusieurs jours, Harry fut rongé d’envie, mais lorsqu’il lui demanda par quel moyen il devait se rendre là-bas, Ron répondit :

– Toi aussi, tu viens ! Je ne t’avais pas prévenu ? Maman m’a écrit il y a déjà plusieurs semaines pour me dire de t’inviter !

Hermione leva les yeux au ciel, scandalisée par tant de négligence, mais Harry sentit son moral remonter en flèche. Passer Noël au Terrier le remplissait de joie. Il éprouvait cependant une certaine culpabilité à l’idée de ne pas pouvoir retrouver Sirius pour les vacances. Il se demanda s’il parviendrait à convaincre Mrs Weasley d’inviter son parrain aux festivités. Mais, en admettant même que Dumbledore autorise Sirius à quitter le square Grimmaurd, il était à craindre que Mrs Weasley ne veuille pas de lui. Ils passaient trop de temps à se disputer, tous les deux. Sirius n’avait plus contacté Harry depuis sa dernière apparition dans la cheminée. Harry savait qu’il serait déraisonnable de lui écrire, en raison de la surveillance constante qu’exerçait Ombrage, mais il ne pouvait se résoudre à imaginer Sirius seul dans la vieille maison de sa mère, réduit à faire exploser un malheureux pétard surprise avec Kreattur.

Pour la dernière réunion de l’A.D. avant Noël, Harry arriva de bonne heure dans la Salle sur Demande, ce dont il se félicita car, lorsque les torches s’embrasèrent, il vit que Dobby avait pris l’initiative de décorer les lieux à sa manière. Il sut tout de suite que c’était l’œuvre de l’elfe : personne d’autre n’aurait eu l’idée de suspendre au plafond une centaine de boules dont chacune montrait une photo de Harry accompagnée de la légende :

VIVE LE POTTER NOËL !

Harry avait réussi à décrocher la dernière boule quand il entendit la porte s’ouvrir avec un grincement. Luna Lovegood entra, l’air aussi rêveur qu’à l’ordinaire.

– Bonjour, dit-elle d’un ton absent, en regardant ce qui restait des décorations. C’est joli, commenta-t-elle, tu as fait ça toi-même ?

– Non, répondit Harry, c’est Dobby, l’elfe de maison.

– Tiens, du gui, dit Luna d’une voix songeuse.

Elle montra une grappe de baies blanches accrochée presque au-dessus de la tête de Harry qui fit aussitôt un bond en arrière pour s’en éloigner.

– Tu as raison de te méfier, dit Luna avec le plus grand sérieux, c’est souvent infesté de Nargoles.

Harry fut dispensé de demander ce qu’étaient des Nargoles par l’arrivée d’Angelina, de Katie et d’Alicia. Toutes trois étaient hors d’haleine et paraissaient frigorifiées.

– Et voilà, annonça Angelina d’un ton morne en enlevant sa cape qu’elle jeta dans un coin. On a fini par te remplacer.

– Me remplacer ? dit Harry sans comprendre.

– Toi, Fred et George, précisa Angelina, agacée. On a un nouvel attrapeur !

– Qui ça ? demanda aussitôt Harry.

– Ginny Weasley, répondit Kate.

Harry la regarda bouche bée.

– Oui, je sais, dit Angelina qui sortit sa baguette magique et fit quelques exercices d’assouplissement du bras. Mais, en fait, elle se débrouille très bien. Rien à voir avec toi, bien sûr, ajouta-t-elle en lui jetant un regard accusateur. Mais comme on ne peut plus t’avoir…

Harry ravala la réplique qu’il brûlait de lui lancer. Pouvait-elle imaginer un seul instant qu’il ne regrettait pas cent fois plus qu’elle son expulsion de l’équipe ?

– Et les batteurs ? demanda-t-il en s’efforçant de garder une voix égale.

– Andrew Kirke, répondit Alicia sans enthousiasme, et Jack Sloper. Ni l’un ni l’autre ne sont très brillants mais comparés aux autres idiots qui se sont présentés…

L’arrivée de Ron, d’Hermione et de Neville mit un terme à cette conversation déprimante et, cinq minutes plus tard, la salle s’était suffisamment remplie pour que Harry ne soit plus obligé de croiser les regards flamboyants et chargés de reproche d’Angelina.

– Bien, dit-il en demandant leur attention, j’ai pensé que ce soir, nous devrions revoir tout ce que nous avons fait jusqu’à maintenant, puisque c’est notre dernière réunion avant les vacances et qu’il ne servirait à rien de commencer quelque chose de nouveau à la veille d’une interruption de trois semaines.

– On ne va rien faire de nouveau ? protesta Zacharias Smith dans un murmure de mauvaise humeur assez sonore pour être entendu dans toute la salle. Si j’avais su, je ne serais pas venu.

– Dans ce cas, on regrette tous beaucoup que Harry ne t’ait pas prévenu à temps, dit Fred à haute voix.

Il y eut quelques ricanements. Harry vit Cho éclater de rire et sentit à nouveau son estomac faire une cabriole, comme s’il avait manqué une marche en descendant un escalier.

– Nous allons reformer des équipes de deux, reprit Harry. On commencera par le maléfice d’Entrave pendant dix minutes, ensuite, on remettra les coussins en place pour la Stupéfixion.

Ils se répartirent docilement par deux et Harry fit équipe avec Neville, comme d’habitude. Bientôt, des Impedimenta retentirent par intermittence d’un bout à l’autre de la salle. Des élèves se figeaient sur place et demeuraient ainsi immobiles une bonne minute pendant laquelle leurs partenaires soudain inoccupés regardaient autour d’eux les autres équipes à l’œuvre. Puis, dès qu’ils avaient retrouvé leur liberté de mouvement, ils essayaient à leur tour de lancer le maléfice.

Neville avait fait des progrès spectaculaires. Après qu’il eut réussi trois fois de suite à pétrifier Harry, celui-ci lui demanda de rejoindre à nouveau Ron et Hermione pendant qu’il ferait le tour de la salle pour aller voir comment se débrouillaient les autres. Quand Harry s’approcha de Cho, elle lui adressa un sourire radieux et il eut du mal à résister à la tentation de repasser plusieurs fois devant elle.