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« L’hôpital Ste Mangouste n’est pas en mesure d’expliquer pour le moment la présence de cette plante dans la salle et demande à toute sorcière ou sorcier qui pourrait lui fournir des informations à ce sujet de se faire connaître. »

– Moroz… murmura Ron. Moroz. Ça me dit quelque chose…

– On l’a vu à Ste Mangouste, vous vous souvenez ? rappela Hermione. Il était dans le lit en face de Lockhart. Il restait immobile à regarder le plafond. Et on a vu le Filet du Diable arriver. La guérisseuse a dit que c’était un cadeau de Noël.

Harry relut l’article. Un sentiment d’horreur lui remonta dans la gorge comme un afflux de bile.

– Comment se fait-il qu’on n’ait pas reconnu le Filet du Diable ? On en a déjà vu, pourtant… Nous aurions pu empêcher ça.

– Qui irait imaginer qu’un Filet du Diable déguisé en plante d’agrément puisse atterrir dans un hôpital ? dit vivement Ron. Ce n’est pas notre faute, c’est la personne qui l’a envoyé qui est responsable ! Il faut être un fameux crétin pour ne pas faire attention à ce qu’on achète !

– Arrête un peu, Ron ! dit Hermione d’une voix tremblante. Personne n’arriverait à planter une bouture de Filet du Diable dans un pot sans se rendre compte qu’il essaye d’étrangler tous ceux qui le touchent. C’est… c’est un meurtre… Et un meurtre très habile… Si la plante a été envoyée anonymement, comment retrouver le coupable ?

Harry ne pensait plus au Filet du Diable. Il se souvenait du jour où il avait pris l’ascenseur pour descendre au neuvième niveau du ministère où avait lieu son audience et de l’homme au teint cireux qui était monté dans la cabine à l’étage de l’atrium.

– J’ai rencontré Moroz, dit-il avec lenteur. Je l’ai vu au ministère avec ton père.

Ron resta bouche bée.

– Je me rappelle, maintenant, j’ai entendu papa en parler à la maison ! C’était une Langue-de-plomb et il travaillait au Département des mystères !

Ils se regardèrent un moment, puis Hermione referma le journal et jeta un coup d’œil furieux aux photos des dix évadés d’Azkaban. Enfin, elle se leva d’un bond.

– Où tu vas ? s’étonna Ron.

– Envoyer une lettre, répondit Hermione en accrochant son sac à l’épaule. C’est… Je ne sais pas si… mais ça vaut le coup d’essayer… et je suis la seule à pouvoir m’en charger.

– Je déteste quand elle fait ce genre de chose, grommela Ron.

Harry et lui se levèrent à leur tour et sortirent de la Grande Salle avec beaucoup moins de précipitation.

– Ça la tuerait de nous dire ce qu’elle mijote, pour une fois ? Il lui suffirait de dix secondes… Hé, Hagrid !

Debout près de la porte d’entrée du hall, Hagrid laissait passer devant lui un groupe de Serdaigle. Son visage était aussi tuméfié qu’à son retour du pays des géants et il avait même une nouvelle coupure sur l’arête du nez.

– Ça va, vous deux ? demanda-t-il.

Il essaya de sourire mais ne parvint qu’à faire une grimace de douleur.

– Et vous Hagrid ? répondit Harry.

Ils l’accompagnèrent tandis qu’il suivait les Serdaigle d’un pas lourd.

– Très bien, très bien, affirma-t-il en essayant sans grand succès d’adopter un ton dégagé.

Il agita une main d’un geste rassurant et faillit frapper au visage le professeur Vector qui passait par là, l’air effrayé.

– Je suis simplement un peu occupé, la routine habituelle, les cours à préparer, deux ou trois salamandres qui ont attrapé la gale des écailles… et puis je suis mis à l’épreuve, marmonna-t-il.

Vous êtes mis à l’épreuve ? répéta Ron d’une voix forte, s’attirant les regards curieux des élèves qui se trouvaient à proximité. Excusez-moi, je voulais dire, vous êtes mis à l’épreuve ? reprit-il dans un murmure.

– Oui, dit Hagrid. Oh mais, en fait, je m’y attendais. Vous n’aviez peut-être pas remarqué mais cette inspection ne s’est pas très bien passée… Enfin bon, soupira-t-il, je vais aller mettre encore un peu de poudre de piment sur ces salamandres, sinon leur queue va finir par tomber. À bientôt, vous deux…

Il sortit en traînant les pieds et descendit les marches de pierre qui menaient dans le parc au sol détrempé. Harry le regarda s’éloigner en se demandant combien de mauvaises nouvelles il pourrait encore supporter.

Tous les élèves apprirent la mise à l’épreuve de Hagrid dans les jours suivants mais, à la grande indignation de Harry, il n’y eut pas grand monde pour s’en émouvoir. Certains même, à commencer par Drago Malefoy, s’en montraient enchantés. Quant à la mort monstrueuse d’un obscur employé du ministère de la Magie à l’hôpital Ste Mangouste, personne ne semblait s’en soucier ni même être au courant en dehors de Harry, Ron et Hermione. Il n’y avait plus désormais qu’un seul sujet de conversation dans les couloirs : l’évasion des dix Mangemorts. La nouvelle avait fini par se répandre dans toute l’école par l’intermédiaire des rares élèves qui lisaient les journaux. D’après les rumeurs qui se propageaient, certains des évadés avaient été vus à Pré-au-Lard. On racontait qu’ils s’étaient cachés dans la Cabane hurlante et qu’ils s’apprêtaient à s’introduire à Poudlard comme l’avait fait un jour Sirius Black.

Ceux qui venaient de familles de sorciers avaient grandi en entendant les noms de ces Mangemorts prononcés avec presque autant d’épouvante que celui de Voldemort. Les crimes qu’ils avaient commis, au temps où le Seigneur des Ténèbres imposait sa terreur, étaient devenus légendaires. Certains élèves de Poudlard, qui étaient apparentés aux familles de leurs victimes, devinrent bien malgré eux l’objet d’une célébrité indirecte dont les terribles effets se manifestaient chaque fois qu’ils marchaient dans un couloir : Susan Bones, dont l’oncle, la tante et les cousins avaient été assassinés par l’un des dix évadés, dit un jour à Harry, pendant le cours de botanique, qu’elle avait à présent une idée de ce qu’il devait ressentir.

– Je ne sais pas comment tu arrives à supporter ça. C’est horrible ! lui confia-t-elle sans détour, la mine accablée.

Sous le coup de l’émotion, elle répandit beaucoup trop de fumier de dragon sur ses pousses de Cricasse qui se tortillèrent en émettant des couinements de protestation.

Harry entendait à nouveau murmurer abondamment sur son passage et les doigts recommençaient à se pointer sur lui. Il décela cependant un léger changement de ton. À présent, les chuchoteries exprimaient davantage la curiosité que l’hostilité et quelques bribes de conversation laissaient deviner que certains n’étaient pas du tout satisfaits de la façon dont La Gazette avait présenté les causes et les circonstances de l’évasion des dix Mangemorts. Soudain plongés dans la peur et la confusion, ceux qui doutaient ainsi semblaient maintenant se tourner vers la seule autre explication possible : celle que Harry et Dumbledore n’avaient cessé de répéter depuis l’année précédente.

Les élèves n’étaient pas seuls à avoir changé d’état d’esprit. Il n’était pas rare désormais de croiser dans les couloirs deux ou trois professeurs qui conversaient à voix basse et précipitée et s’interrompaient dès qu’ils voyaient un élève approcher.