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– Ce n’est pas ça, dit sèchement Harry.

– Comment tu le sais ? demandèrent Ron et Hermione d’une même voix.

– Parce que…, hésita Harry.

Mais le moment d’avouer semblait venu. Il ne pouvait plus garder le silence si cela devait faire soupçonner Fred et George d’être des voleurs.

– Parce que c’est moi qui leur ai donné l’or que j’ai reçu pour le Tournoi des Trois Sorciers en juin dernier.

Il y eut un silence stupéfait puis la tasse d’Hermione, emportée par son élan, passa par-dessus le bord de la table et s’écrasa par terre.

– Oh, Harry, tu n’as pas fait ça ? s’exclama Hermione.

– Si, je l’ai fait, répliqua-t-il d’un air rebelle, et je ne le regrette pas. Je n’avais pas besoin de cet or et eux seront d’excellents marchands de farces et attrapes.

– Mais c’est formidable ! s’exclama Ron, l’air ravi. Du coup, c’est entièrement ta faute, Harry… Ma mère ne peut rien me reprocher ! Tu veux bien que je le lui dise ?

– Je crois qu’il vaudrait mieux, répondit Harry avec lassitude. Surtout si elle s’imagine qu’ils font du trafic de chaudrons volés ou quelque chose dans ce genre-là.

Hermione resta silencieuse jusqu’à la fin du cours, mais Harry soupçonnait fortement que sa réserve serait de courte durée. Et en effet, à l’heure de la récréation, lorsqu’ils se retrouvèrent dans la cour sous un pâle soleil de mai, elle fixa Harry avec un regard perçant et ouvrit la bouche d’un air décidé.

Mais il ne lui laissa pas le temps de prononcer un mot.

– Ça ne sert à rien de m’accabler de reproches, ce qui est fait est fait, assura-t-il d’un ton ferme. Fred et George ont leur or – il semblerait d’ailleurs qu’ils en aient déjà dépensé une bonne partie – et je ne pourrais plus le récupérer même si j’en avais envie, ce qui n’est pas le cas. Alors, épargne ta salive, Hermione.

– Je n’avais pas l’intention de dire quoi que ce soit au sujet de Fred et de George ! répliqua-t-elle d’un air blessé.

Ron eut un petit rire incrédule et Hermione lui lança un regard assassin.

– C’est vrai ! affirma-t-elle avec colère. En fait, je voulais demander à Harry quand il irait voir Rogue pour lui demander de reprendre les cours d’occlumancie !

Harry sentit son cœur chavirer. Après avoir parlé des heures entières du départ spectaculaire de Fred et de George, et avoir à peu près épuisé le sujet, Ron et Hermione lui avaient demandé des nouvelles de Sirius. Comme Harry ne leur avait pas révélé la raison pour laquelle il s’était obstiné à vouloir lui parler, il avait eu du mal à trouver quelque chose à leur répondre et avait fini par leur dire, en toute vérité, que Sirius tenait à ce qu’il reprenne ses leçons d’occlumancie. Il n’avait cessé de le regretter depuis : Hermione, en effet, était bien décidée à revenir sur la question aux moments où Harry s’y attendait le moins.

– N’essaye pas de me faire croire que tes rêves bizarres sont terminés, lui dit-elle. Ron m’a raconté que tu marmonnais dans ton sommeil la nuit dernière.

Harry lança un regard furieux à Ron qui eut le bon goût de prendre un air honteux.

– Oh, tu marmonnais juste un peu, balbutia-t-il sur un ton d’excuse. Tu disais quelque chose dans le genre : « un peu plus loin »…

– J’ai rêvé que je vous regardais tous jouer au Quidditch, mentit Harry d’une voix brusque. Et j’essayais de te dire d’aller un peu plus loin pour bloquer le Souafle.

Les oreilles de Ron devinrent écarlates. Harry éprouva une sorte de plaisir vengeur. Bien entendu, il n’avait jamais fait un tel rêve.

La nuit précédente, il avait suivi l’habituel trajet le long du couloir du Département des mystères. Il avait traversé la pièce circulaire, puis celle où l’on entendait un cliquetis et où des taches de lumière dansaient sur les murs, puis il s’était retrouvé dans la vaste salle remplie d’étagères sur lesquelles s’alignaient des sphères poussiéreuses en verre filé.

Il s’était précipité droit sur la rangée numéro quatre-vingt-dix-sept, avait tourné à gauche, et couru dans l’allée… C’était sans doute à ce moment-là qu’il avait parlé dans son sommeil… « Un peu plus loin »… car son moi conscient luttait pour se réveiller… et avant qu’il n’eût atteint le fond de la rangée, il s’était retrouvé étendu les yeux grands ouverts à contempler le ciel-de-lit de son baldaquin.

– Tu essayes vraiment de fermer ton esprit, n’est-ce pas ? demanda Hermione en regardant Harry d’un œil pénétrant. Tu continues de t’exercer à l’occlumancie ?

– Bien sûr, répondit-il.

Le ton de sa voix laissait entendre qu’il trouvait la question insultante mais il n’avait quand même pas osé croiser le regard d’Hermione. En vérité, il était si curieux de voir ce qui se cachait dans cette pièce remplie de sphères poussiéreuses qu’il avait envie de voir son rêve se prolonger.

Mais, à moins d’un mois de l’examen, il devait consacrer chaque instant libre à ses révisions et son esprit semblait si saturé d’informations diverses qu’il avait beaucoup de mal à s’endormir quand il allait se coucher. Et lorsqu’il se laissait enfin gagner par le sommeil, son cerveau surmené ne produisait la plupart du temps que des rêves stupides liés aux examens. Il soupçonnait également cette partie de son esprit – celle qui lui parlait parfois avec la voix d’Hermione – de se sentir coupable quand il s’égarait dans le couloir qui menait à la porte noire et de chercher alors à le réveiller avant la fin du voyage.

– Tu sais, dit Ron, les oreilles toujours rouge vif, si Montague ne se remet pas avant le match de Serpentard contre Poufsouffle, nous avons peut-être encore une chance de gagner la coupe.

– Oui, c’est possible, dit Harry, content de pouvoir changer de sujet.

– On a gagné un match, on en a perdu un. Si Serpentard perd contre Poufsouffle samedi prochain…

– Oui, tu as raison, dit Harry qui ne savait plus très bien ce qu’il était en train d’approuver.

Cho Chang venait de traverser la cour en prenant bien soin de ne pas le regarder.

Le dernier match de Quidditch de la saison, Gryffondor contre Serdaigle, devait avoir lieu le dernier week-end de mai. Bien que Serpentard eût été battu de peu par Poufsouffle au cours de la dernière rencontre, Gryffondor ne pouvait espérer la victoire, en raison principalement (même si, bien sûr, personne n’osait le lui dire) du nombre phénoménal de buts que Ron encaissait à chaque fois. Il semblait cependant avoir trouvé une nouvelle forme d’optimisme.

– En fait, je ne peux pas être pire que ça, non ? dit-il d’un air sinistre à Harry et à Hermione pendant le petit déjeuner, le matin du match. On n’a plus rien à perdre.

– Tu sais, dit Hermione alors qu’elle se rendait avec Harry sur le terrain au milieu d’une foule surexcitée, je crois que Ron jouera peut-être mieux, maintenant que Fred et George ne sont plus là. Ils ne lui ont jamais donné une très grande confiance en lui.

Luna Lovegood les rattrapa. Elle portait sur la tête quelque chose qui se révéla être un aigle vivant.

– Oh, là, là, j’avais oublié, dit Hermione en regardant l’aigle battre des ailes tandis que Luna passait d’un air serein devant des supporters de Serpentard qui la montraient du doigt en gloussant. Cho va jouer dans l’équipe de Serdaigle, non ?

Harry, lui, n’avait pas oublié ce détail et se contenta de répondre par un grognement.

Ils trouvèrent des places à l’avant-dernier rang des gradins. C’était une belle journée au ciel clair. Ron n’aurait pu souhaiter mieux et Harry se surprit à espérer qu’il ne donnerait plus de raisons aux Serpentard de chanter à nouveau Weasley est notre roi.