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– Firenze a accepté de vivre dans la servitude imposée par les humains, dit un centaure gris au visage dur, creusé de rides profondes.

Servitude ! s’exclama Hagrid d’un ton cinglant. Il rend service à Dumbledore, c’est tout…

– Il colporte notre savoir et nos secrets auprès des humains, dit Magorian à mi-voix. On ne peut pardonner une telle disgrâce.

– Si c’est toi qui le dis, répliqua Hagrid en haussant les épaules. Mais personnellement, je crois que vous faites une grosse erreur…

– Toi aussi, l’humain, lança Bane, tu fais une grosse erreur en revenant dans la forêt alors que nous t’avions averti…

– Bon, maintenant, écoutez-moi, vous tous, dit Hagrid avec colère. Si ça ne vous ennuie pas, j’aimerais bien que vous arrêtiez un peu cette histoire de « notre » forêt. Ce n’est pas à vous de décider qui a le droit ou pas de venir ici…

– Ce n’est pas à toi non plus, Hagrid, dit Magorian d’une voix paisible. Je te laisserai passer aujourd’hui parce que tu es accompagné de tes jeunes…

– Ce ne sont pas les siens ! l’interrompit Bane avec mépris. Ce sont des élèves de l’école, Magorian ! Ils ont sans doute déjà profité des enseignements du traître Firenze.

– Quoi qu’il en soit, poursuivit Magorian toujours très calme, tuer des poulains est un crime horrible ; nous ne touchons jamais aux innocents. Aujourd’hui, Hagrid, tu peux passer. Mais à l’avenir, ne viens plus ici. Tu as renoncé à l’amitié des centaures lorsque tu as aidé le traître Firenze à nous échapper.

– Ce n’est pas une bande de vieilles mules dans votre genre qui m’empêchera d’aller dans la forêt ! répliqua Hagrid en haussant le ton.

– Hagrid ! s’exclama Hermione d’une voix aiguë et terrifiée, tandis que Bane et le centaure gris frappaient le sol de leurs sabots. Allons-nous-en, s’il vous plaît, allons-nous-en !

Hagrid reprit son chemin, mais son arbalète était toujours levée et ses yeux fixaient Magorian d’un air menaçant.

– Nous savons très bien ce que tu caches dans cette forêt, Hagrid ! leur cria Magorian alors que les centaures disparaissaient de leur champ de vision. Et notre tolérance a des limites !

Hagrid se retourna en ayant l’air de vouloir foncer droit sur Magorian.

– Vous le tolérerez aussi longtemps qu’il sera là. C’est autant sa forêt que la vôtre ! s’exclama-t-il.

Harry et Hermione le repoussaient de toutes leurs forces, les mains sur son gilet en peau de taupe, pour essayer de l’empêcher d’avancer. Toujours furieux, il baissa les yeux et son visage exprima soudain une légère surprise lorsqu’il les vit arc-boutés contre lui. Il semblait n’avoir rien remarqué.

– Calmez-vous, tous les deux, dit-il en faisant demi-tour pour repartir.

La respiration haletante, ils reprirent leur marche à ses côtés.

– Ce sont vraiment d’horribles vieilles mules !

– Hagrid, dit Hermione, le souffle court, en contournant les orties devant lesquelles ils étaient déjà passés en arrivant, si les centaures ne veulent pas d’humains dans la forêt, je ne vois pas comment Harry et moi nous pourrions…

– Oh, tu as entendu ce qu’ils ont dit, ils ne tuent pas les poulains, enfin, les enfants. De toute façon, on ne va pas se laisser impressionner par cette bande-là, répondit Hagrid avec dédain.

– Bien essayé, murmura Harry à Hermione qui paraissait déconfite.

Ils rejoignirent enfin le sentier et, dix minutes plus tard, les feuillages des arbres commencèrent à s’éclaircir. Des taches de ciel bleu apparaissaient à nouveau au-dessus de leurs têtes et ils entendirent au loin des cris et des acclamations.

– C’était un autre but ? demanda Hagrid en s’arrêtant un instant à l’abri des arbres alors que le stade venait d’apparaître au loin. Ou vous croyez que le match est fini ?

– Je ne sais pas, répondit Hermione, accablée.

Harry vit qu’elle n’était pas en très bon état. Ses cheveux étaient pleins de feuilles et de brindilles, sa robe déchirée en plusieurs endroits et elle avait de nombreuses égratignures un peu partout sur le visage et les bras. Lui-même, songea-t-il, ne devait pas paraître plus reluisant.

– Moi, je pense que c’est fini, dit Hagrid en plissant les yeux pour observer le stade. Regardez, il y a des gens qui sortent déjà. Si vous vous dépêchez, vous pourrez vous mêler à la foule et personne ne s’apercevra que vous n’étiez pas là pendant le match.

– Bonne idée, dit Harry. Bon, alors… à plus tard, Hagrid.

– Je n’arrive pas à y croire, dit Hermione d’une voix mal assurée lorsqu’elle fut certaine que Hagrid ne pouvait plus les entendre. Je n’arrive vraiment pas à y croire.

– Du calme, conseilla Harry.

– Du calme ? reprit-elle fébrilement. Un géant ! Un géant dans la forêt ! Et on est censés lui donner des leçons d’anglais ! En admettant, bien sûr, qu’on puisse échapper au troupeau de centaures assassins à l’aller et au retour ! Je n’arrive pas à y croire !

– Pour l’instant, on n’a encore rien à faire ! dit Harry à mi-voix pour essayer de la rassurer.

Ils s’étaient mêlés à un flot de Poufsouffle jacasseurs qui retournaient au château.

– Il ne nous a pas demandé de commencer quoi que ce soit tant qu’il n’a pas été renvoyé, ce qui ne se produira peut-être pas.

– Oh, ça suffit, Harry ! répliqua Hermione avec colère.

Elle s’arrêta net, obligeant les élèves qui la suivaient à la contourner.

– Bien entendu qu’il va être renvoyé et, pour être tout à fait honnête, après ce qu’on vient de voir, qui pourrait en vouloir à Ombrage de se débarrasser de lui ?

Il y eut un silence pendant lequel Harry la fusilla du regard. Les yeux d’Hermione se remplirent lentement de larmes.

– J’espère que tu n’as pas voulu dire ça, murmura Harry.

– Non… C’est vrai… Bon… ça m’a échappé, répondit-elle en s’essuyant les yeux avec colère. Mais pourquoi faut-il qu’il se complique tellement la vie… et qu’il complique la nôtre ?

– Je ne sais pas…

Weasley est notre roi

Weasley est notre roi

Avec lui, le Souafle ne passe pas

Weasley est notre roi

– Et j’aimerais bien qu’ils arrêtent de chanter cette stupide chanson, dit Hermione d’un ton affligé. Ils ne se sont pas suffisamment moqués de lui ?

De retour du stade, une marée de supporters remontait la pelouse.

– Rentrons vite avant qu’on tombe sur des Serpentard, ajouta Hermione.

Weasley est vraiment très adroit

Il réussit à chaque fois

Voilà pourquoi

Les Gryffondor chantent avec joie

Weasley est notre roi

– Hermione, dit lentement Harry.

La chanson retentissait avec de plus en plus de force. Cette fois, cependant, elle ne s’élevait plus d’une foule de Serpentard en tenue vert et argent mais d’une masse rouge et or qui avançait lentement vers le château, portant en triomphe une silhouette solitaire.

Weasley est notre roi

Weasley est notre roi

Avec lui, le Souafle ne passe pas

Weasley est notre roi

– Non ? dit Hermione d’une voix étouffée.

– SI ! s’exclama Harry.

– HARRY ! HERMIONE ! leur cria Ron, fou de joie, en brandissant la coupe de Quidditch en argent. ON A RÉUSSI ! ON A GAGNÉ !