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– Oh, regardez ! dit Ginny en montrant le cœur de la cloche.

Porté par les courants étincelants, un œuf minuscule, brillant comme un joyau, flottait à l’intérieur. À mesure qu’il s’élevait, sa coquille craquait et laissait apparaître un colibri que le vent emportait jusqu’au sommet de la cloche. Il retombait alors dans les remous et ses plumes se froissaient peu à peu, redevenant aussi humides qu’au moment de sa naissance. Enfin, lorsqu’il touchait le fond, une nouvelle coquille se formait autour de lui.

– Ce n’est pas le moment de traîner ! dit sèchement Harry à Ginny qui avait visiblement envie de regarder l’œuf se transformer à nouveau en oiseau.

– Et toi, tu n’as pas traîné devant cette vieille arcade ? répliqua-t-elle avec colère.

Elle le suivit cependant en direction de l’unique porte qui se trouvait derrière la cloche.

– C’est celle-ci, dit encore une fois Harry.

Son cœur battait si vite et si fort, à présent, qu’on devait le sentir dans sa façon de parler.

– Par là, venez.

Il leur jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Tous avaient sorti leurs baguettes et l’expression de leurs visages était devenue grave, anxieuse. Il se tourna à nouveau vers la porte qui s’ouvrit sous sa poussée.

Enfin, ils y étaient, ils avaient trouvé l’endroit : aussi vaste qu’une église et rempli d’immenses étagères sur lesquelles s’alignaient de petits globes de verre poussiéreux. On les voyait luire faiblement à la lueur des chandeliers fixés à intervalles réguliers le long des rayons. Tout comme ceux de la pièce circulaire, ils brûlaient d’une flamme bleue. Un froid intense régnait dans la salle.

Harry s’avança prudemment et scruta l’obscurité de l’une des allées, entre deux rangées d’étagères. Il n’entendit rien, ne perçut pas le moindre signe de mouvement.

– Tu as dit que c’était la rangée quatre-vingt-dix-sept, murmura Hermione.

– Oui, répondit Harry dans un souffle.

Il examina la rangée la plus proche. Entre deux chandeliers, il lut « cinquante-trois » en chiffres argentés qui brillaient dans un halo de flammes bleues.

– Je crois qu’il faut aller à droite, chuchota Hermione en plissant les yeux pour lire le chiffre suivant. Oui… voilà le cinquante-quatre…

– Tenez vos baguettes prêtes, dit Harry à voix basse.

Ils progressèrent lentement, lançant des coups d’œil derrière eux tandis qu’ils passaient devant les rangées numérotées dont les profondeurs étaient plongées dans une obscurité quasi totale. De minuscules étiquettes jaunissantes avaient été collées sous chaque globe de verre. Certains d’entre eux diffusaient une lueur étrange, liquide, d’autres étaient aussi sombres et ternes que des ampoules usagées.

Ils passèrent le numéro quatre-vingt-quatre… quatre-vingt-cinq… L’oreille tendue, Harry guettait le moindre bruit, mais Sirius était peut-être bâillonné, ou évanoui… ou alors, ajouta dans sa tête une voix qui s’imposa malgré lui : il était peut-être déjà mort…

« Je l’aurais senti », se dit-il. Son cœur, à présent, lui donnait l’impression d’être remonté dans sa gorge. « Je le saurais… »

– Quatre-vingt-dix-sept ! murmura Hermione.

Ils se rassemblèrent à l’extrémité de la rangée, scrutant la pénombre. Il n’y avait personne.

– Il est tout au bout, dit Harry, la bouche légèrement sèche. On ne peut pas bien voir d’ici.

Prenant la tête du groupe, il s’enfonça dans l’allée, entre les hautes étagères chargées de sphères poussiéreuses dont certaines brillaient faiblement sur leur passage…

– Il devrait être tout près, chuchota Harry.

À chaque pas, il s’attendait à voir apparaître la silhouette malmenée de Sirius étendue sur le sol obscur.

– Tout près…

– Harry ? dit Hermione d’une voix timide.

Mais il ne voulait pas répondre. Sa bouche était de plus en plus sèche.

– Quelque part… par ici…, murmura-t-il.

Lorsqu’ils atteignirent l’extrémité de l’allée, ils émergèrent dans la lueur bleue d’autres chandeliers. Il n’y avait toujours personne. Tout était plongé dans un silence poussiéreux où le moindre bruit résonnait en écho.

– Il est peut-être là…, murmura Harry d’une voix rauque en scrutant l’allée suivante. Ou là…

Il regarda dans une autre allée.

– Harry ? répéta Hermione.

– Quoi ? gronda-t-il.

– Je… Je ne pense pas que Sirius soit ici.

Personne n’ajouta un mot. Harry évitait de les regarder. Il se sentait pris de nausée. Il ne comprenait pas pourquoi Sirius n’était pas là. Il aurait dû y être. C’était ici que Harry l’avait vu.

Il courut d’une étagère à l’autre, scruta l’obscurité. Les allées vides se succédaient devant ses yeux. Il courut dans l’autre sens, passant précipitamment devant ses compagnons qui le suivaient des yeux. Il n’y avait aucun signe de Sirius, pas la moindre trace de lutte.

– Harry ? appela Ron.

– Quoi ?

Il ne voulait pas entendre ce que Ron avait à lui dire, ne voulait pas l’entendre lui reprocher d’avoir été stupide ou suggérer qu’ils feraient mieux de rentrer à Poudlard. Ses joues étaient en feu et il préférait rôder ici dans la pénombre le plus longtemps possible avant d’affronter à nouveau la clarté de l’atrium et le regard accusateur des autres…

– Tu as vu ça ? demanda Ron.

– Quoi ? dit à nouveau Harry, mais d’un ton empressé, cette fois.

Ron avait dû repérer quelque chose qui indiquait que Sirius était venu ici, un indice. Il retourna à grands pas vers l’allée quatre-vingt-dix-sept, là où les autres étaient restés. Mais en fait d’indice, Ron regardait simplement l’un des globes de verre poussiéreux posé sur une étagère.

– Quoi ? répéta Harry, l’air découragé.

– Il… Il y a ton nom là-dessus, dit Ron.

Harry s’approcha. Ron lui montra une petite sphère à l’intérieur de laquelle on voyait briller une faible lueur, malgré l’épaisse couche de poussière qui recouvrait le verre. Apparemment, l’objet était resté là de nombreuses années sans que personne n’y touche.

– Mon nom ? murmura Harry, interdit.

Il s’avança d’un pas. Harry était moins grand que Ron et dut tendre le cou pour lire l’étiquette jaunie collée sous la sphère poussiéreuse. D’une écriture longue et fine était indiquée une date qui remontait à seize ans auparavant et au-dessous :

S.P.T. à A.P.W.B.D.

Seigneur des Ténèbres

et ( ?) Harry Potter

Harry contempla l’étiquette.

– Qu’est-ce que c’est ? demanda Ron, visiblement mal à l’aise. Qu’est-ce que ton nom fait là-dessus ?

Harry jeta un coup d’œil aux étiquettes voisines.

– Je ne figure pas sur les autres, dit-il, perplexe. Ni aucun d’entre nous.

– Harry, je crois qu’il ne faut pas y toucher, dit aussitôt Hermione en le voyant tendre la main vers la sphère.

– Et pourquoi pas ? répliqua-t-il. C’est quelque chose qui me concerne, non ?

– Ne fais pas ça, Harry, dit soudain Neville.

Harry se tourna vers lui. Le visage lunaire de Neville luisait de sueur. Il semblait ne plus pouvoir supporter ce surcroît d’angoisse.

– Il y a mon nom dessus, répondit Harry.

Conscient de son imprudence, il referma les doigts sur la sphère poussiéreuse. Il s’était attendu à une sensation de froid mais la boule était tiède au contraire, comme si elle était restée des heures au soleil, comme si la lueur qui brillait à l’intérieur la réchauffait. Prévoyant, espérant même, que quelque chose de spectaculaire se produirait, quelque chose qui justifierait leur long et périlleux voyage, Harry ôta la sphère de son étagère et la regarda de près.