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Mr Weasley, Bill et Lupin étaient plongés dans une grande discussion sur les gobelins.

– Ils ne laissent rien deviner, dit Bill. Je n’arrive toujours pas à savoir s’ils croient ou non à son retour. Il est possible, bien sûr, qu’ils refusent de prendre parti. Qu’ils préfèrent rester en dehors.

– Moi, je suis sûr qu’ils ne se rangeront jamais du côté de Tu-Sais-Qui, assura Mr Weasley en hochant la tête. Eux aussi ont subi des pertes. Tu te souviens de cette famille de gobelins qu’il a assassinée la fois dernière, dans la région de Nottingham ?

– Je crois que ça va dépendre de ce que nous leur proposerons, dit Lupin. Et je ne parle pas d’or. Si nous leur offrons la liberté que nous leur avons toujours refusée pendant des siècles, alors ils seront tentés d’être avec nous. Tu n’as toujours rien pu tirer de Ragnok, Bill ?

– Il est très antisorcier, ces temps-ci, répondit Bill. Il ne cesse de fulminer à propos de l’histoire Verpey, il pense que le ministère a étouffé l’affaire. Ces gobelins n’ont jamais récupéré leur or, comme tu le sais…

Des éclats de rire couvrirent la voix de Bill. Fred, George, Ron et Mondingus se tenaient les côtes.

– … Et alors, dit Mondingus en s’étouffant à moitié, des larmes coulant sur son visage, vous n’allez pas me croire, il me dit – écoutez bien –, il me dit : « Hé, Ding, où ce que t’as trouvé tous ces crapauds ? Parce que moi, y a un fils de Cognard qui m’a piqué tous les miens ! » Et moi, je lui dis : « Piqué tes crapauds, Will, ça alors ! Du coup, il t’en faut d’autres ? » Et c’est là que vous allez pas me croire, les gars, mais cette espèce de gargouille abrutie me rachète ses propres crapauds beaucoup plus cher que ce qu’il les avait payés la première fois…

– Je crois que nous en avons assez entendu sur votre façon de faire des affaires, merci beaucoup, Mondingus, dit Mrs Weasley d’un ton sec tandis que Ron s’écroulait sur la table en hurlant de rire.

– Vous demande pardon, Molly, dit aussitôt Mondingus en essuyant ses larmes avec un clin d’œil à Harry, mais en fait, Will les avait piqués à Harris Laverrue, alors je ne faisais rien de mal.

– Je ne sais pas où vous avez appris les notions de bien et de mal, Mondingus, mais j’ai l’impression que vous avez raté quelques leçons fondamentales, répliqua froidement Mrs Weasley.

Fred et George plongèrent dans leurs coupes de Bièraubeurre. George avait le hoquet. Mrs Weasley jeta un regard féroce à Sirius avant de se lever et d’aller chercher une grosse tarte à la rhubarbe. Harry se tourna vers son parrain.

– Molly n’aime pas beaucoup Mondingus, dit Sirius à mi-voix.

– Comment se fait-il qu’il soit membre de l’Ordre ? chuchota Harry.

– Il est utile. Il connaît tous les escrocs – c’est normal puisqu’il en est un lui-même. Mais il est aussi très loyal envers Dumbledore qui l’a sorti d’un mauvais pas, un jour. Ça sert d’avoir quelqu’un comme Ding avec nous, il entend des choses qui nous échappent. Mais Molly trouve qu’on va trop loin en l’invitant à dîner. Elle ne lui a pas pardonné d’avoir quitté son poste alors qu’il était chargé de te surveiller.

Après avoir repris trois fois de la tarte à la rhubarbe accompagnée de crème anglaise, Harry sentit son jean le serrer un peu trop (ce qui en disait long, car c’était un ancien jean de Dudley). Quand il posa enfin sa cuillère, la rumeur des conversations avait faibli. Mr Weasley s’était laissé aller contre le dossier de sa chaise, l’air rassasié et détendu. Tonks, dont le nez avait repris sa forme habituelle, bâillait à s’en décrocher la mâchoire et Ginny, qui avait réussi à faire sortir Pattenrond de sous le buffet, était assise en tailleur par terre et lui lançait des bouchons de Bièraubeurre pour qu’il coure après.

– Je crois qu’il va être temps d’aller se coucher, dit Mrs Weasley en bâillant à son tour.

– Pas encore, Molly, répondit Sirius qui repoussa son assiette vide et se tourna vers Harry. Tu sais, je suis un peu surpris. Je pensais que la première chose que tu ferais en arrivant ici serait de poser des questions sur Voldemort.

L’atmosphère de la pièce changea aussi vite que si des Détraqueurs avaient brusquement surgi. Un instant auparavant, elle était décontractée et somnolente, soudain tout le monde fut sur le qui-vive, tendu même. Lorsque Sirius prononça le nom de Voldemort, un frisson courut autour de la table. Lupin, qui s’apprêtait à boire une gorgée de vin, reposa lentement sa coupe, l’air méfiant.

– Bien sûr que j’ai posé des questions ! s’indigna Harry. J’en ai posé à Ron et à Hermione mais ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas admis aux réunions de l’Ordre, alors…

– Et c’est vrai, l’interrompit Mrs Weasley. Vous êtes trop jeunes.

Elle était assise bien droite, les poings serrés sur les bras de son fauteuil, et toute trace de somnolence avait disparu de son visage.

– Depuis quand doit-on être membre de l’Ordre du Phénix pour poser des questions ? demanda Sirius. Harry a été prisonnier de cette maison moldue pendant un mois entier. Il a le droit de savoir ce qui s’est pass…

– Attendez un peu ! intervint George d’une voix forte.

– Comment se fait-il qu’on réponde aux questions de Harry ? lança Fred avec colère.

Nous, on a essayé de tirer quelque chose de vous pendant un mois et vous ne nous avez pas raconté la moindre petite bribe de quoi que ce soit ! ajouta George.

Vous êtes trop jeunes, vous n’êtes pas membres de l’Ordre ! dit Fred d’une voix aiguë qui imitait avec une ressemblance troublante celle de sa mère. Harry, lui, n’est même pas majeur !

– Ce n’est pas ma faute si on ne vous a rien dit de ce que faisait l’Ordre, répondit calmement Sirius. Il s’agit d’une décision de vos parents. Harry, en ce qui le concerne…

– Ce n’est pas à toi de juger ce qui est bon ou pas pour Harry ! coupa sèchement Mrs Weasley.

Son visage d’ordinaire si bienveillant avait pris une expression menaçante.

– J’imagine que tu n’as pas oublié ce qu’a dit Dumbledore ?

– À quel moment ? demanda Sirius d’un ton poli mais avec l’air de quelqu’un qui se prépare à la bagarre.

– Au moment où il nous a recommandé de ne pas révéler à Harry plus de choses qu’il n’a besoin de savoir, répliqua Mrs Weasley en insistant bien sur les trois derniers mots.

Ron, Hermione, Fred et George détachèrent leur regard de Sirius et tournèrent la tête vers Mrs Weasley, comme s’ils suivaient un match de tennis. Ginny, à genoux au milieu d’un tas de bouchons abandonnés, assistait à l’échange, la bouche légèrement entrouverte. Lupin, quant à lui, gardait les yeux fixés sur Sirius.

– Je n’ai pas l’intention de lui dire plus qu’il n’a besoin de savoir, Molly, reprit Sirius. Mais comme c’est lui qui a vu revenir Voldemort (il y eut un nouveau frisson autour de la table), il a davantage le droit que beaucoup d’autres de…

– Il n’est pas membre de l’Ordre du Phénix ! s’exclama Mrs Weasley. Il n’a que quinze ans et…

– Et il a dû affronter autant d’épreuves que la plupart des membres de l’Ordre, interrompit Sirius, et même plus que certains.

– Personne ne nie ce qu’il a fait ! répondit-elle en élevant la voix, ses poings tremblants sur les bras du fauteuil. Mais il est encore…

– Ce n’est plus un enfant ! s’impatienta Sirius.

– Ce n’est pas non plus un adulte ! protesta Mrs Weasley, dont les joues commençaient à prendre des couleurs. Ce n’est pas James !

– Je sais parfaitement qui il est, Molly, répliqua froidement Sirius.