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– Alors, vous essayez de l’empêcher de réunir des partisans ?

– Nous faisons de notre mieux, dit Lupin.

– Comment ?

– L’étape la plus importante, c’est de convaincre le plus de gens possible que Tu-Sais-Qui est revenu pour qu’ils soient sur leurs gardes, dit Bill. C’est déjà très difficile.

– Pourquoi ?

– À cause de la position du ministère, répondit Tonks. Tu as vu Cornelius Fudge après le retour de Tu-Sais-Qui, Harry. Eh bien, il n’a pas du tout changé d’opinion. Il refuse catégoriquement de croire que c’est vrai.

– Mais pourquoi ? demanda Harry d’un ton désespéré. Pourquoi est-il si stupide ? Si Dumbledore…

– Et voilà, tu as mis le doigt sur le problème, l’interrompit Mr Weasley avec un sourire désabusé. Dumbledore.

– Fudge a peur de lui, tu comprends ? dit Tonks avec tristesse.

– Peur de Dumbledore ? s’étonna Harry.

– Peur de ce qu’il prépare, dit Mr Weasley. Fudge pense qu’il essaye de le renverser. Il croit qu’il veut devenir ministre de la Magie à sa place.

– Mais Dumbledore ne s’est jamais intéressé à…

– Bien sûr que non, dit Mr Weasley. Il n’a jamais voulu du poste de ministre, même si beaucoup de gens souhaitaient le voir nommer lorsque Millicent Bagnold est partie à la retraite. Fudge a pris le pouvoir à sa place mais il n’a jamais complètement oublié le soutien que Dumbledore avait obtenu, sans jamais s’être porté candidat.

– Au fond, Fudge sait très bien que Dumbledore est beaucoup plus intelligent que lui et que ses pouvoirs de sorcier sont bien plus puissants, dit Lupin. Dans les premiers temps de son ministère, il lui demandait sans cesse aide et conseils. Mais il semble qu’il ait pris goût au pouvoir et qu’il se sente beaucoup plus sûr de lui, à présent. Il aime être ministre, il a même réussi à se convaincre que c’est lui le plus intelligent et que Dumbledore essaye simplement de provoquer des troubles pour servir ses propres intérêts.

– Comment peut-il penser cela ? s’indigna Harry. Comment peut-il penser que Dumbledore aurait tout inventé – que j’aurais tout inventé ?

– Parce que accepter le fait que Voldemort soit de retour signifie devoir affronter des problèmes que le ministère n’a plus jamais connus depuis près de quatorze ans, expliqua Sirius d’un ton amer. Et Fudge ne peut s’y résoudre. Il est tellement plus confortable à ses yeux de se convaincre que Dumbledore ment dans le seul but de le mettre en difficulté…

– Tu vois le problème, reprit Lupin. Tant que le ministère répète qu’il n’y a rien à craindre de Voldemort, il est difficile de convaincre les gens qu’il est bel et bien de retour, surtout qu’ils n’ont pas du tout envie de le croire. En plus, le ministère s’appuie largement sur La Gazette du sorcier pour que ne soient jamais rendues publiques ce qu’ils appellent les fausses rumeurs de Dumbledore. Si bien que la plupart de ses lecteurs ne se doutent de rien, ce qui en fait des cibles faciles pour les Mangemorts s’ils veulent utiliser le sortilège de l’Imperium.

– Mais vous expliquez tout cela autour de vous, non ? demanda Harry en regardant Mr Weasley, Sirius, Bill, Mondingus, Lupin et Tonks. Vous prévenez les gens qu’il est de retour ?

Ils eurent tous un sourire sans joie.

– Comme tout le monde pense que je suis un tueur complètement fou et que le ministère offre dix mille Gallions de récompense pour ma capture, il m’est difficile de me promener dans la rue en distribuant des tracts, tu comprends ? dit Sirius, visiblement nerveux.

– Et moi, je ne suis pas l’hôte idéal dans les dîners en ville, déclara Lupin. Ça fait partie des risques du métier, quand on est loup-garou.

– Tonks et Arthur perdraient leur emploi au ministère s’ils se mettaient à parler, reprit Sirius. Or, il est très important pour nous d’avoir des espions à l’intérieur du ministère car tu peux être sûr que Voldemort en a aussi.

– Nous avons quand même réussi à convaincre deux ou trois personnes, dit Mr Weasley. Tonks, par exemple – elle est trop jeune pour avoir appartenu à l’Ordre du Phénix la dernière fois et il est toujours très avantageux d’avoir des Aurors de notre côté. Kingsley Shacklebolt est aussi un atout majeur. C’est lui qui est chargé de rechercher Sirius et il a fait croire qu’il s’était réfugié au Tibet.

– Mais si personne parmi vous ne répand la nouvelle du retour de Voldemort…, commença Harry.

– Qui t’a dit que personne ne répandait la nouvelle ? coupa Sirius. Pourquoi donc crois-tu que Dumbledore a tant d’ennuis ?

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Ils essayent de le discréditer, répondit Lupin. Tu n’as pas lu La Gazette du sorcier la semaine dernière ? Il était annoncé qu’il a été mis en minorité à la Confédération internationale des mages et sorciers dont il a dû quitter la présidence parce qu’il se fait vieux et qu’il ne contrôle plus rien. Mais ce n’est pas vrai du tout. Il a été mis en minorité par des sorciers du ministère après avoir prononcé un discours dans lequel il annonçait le retour de Voldemort. Ils l’ont également limogé de son poste de président-sorcier du Magenmagot – la Haute Cour de justice des mages – et on parle même de lui retirer l’Ordre de Merlin, première classe.

– Mais Dumbledore dit qu’il s’en fiche du moment qu’on ne supprime pas sa carte des Chocogrenouilles, dit Bill avec un sourire.

– Il n’y a pas de quoi rire, répliqua vivement Mr Weasley. S’il continue à défier le ministère comme ça, il risque de se retrouver à Azkaban et c’est ce qui pourrait arriver de pire. Tant que Dumbledore est en liberté et au courant de ce qui se prépare, Tu-Sais-Qui prendra des précautions. Mais si Dumbledore n’est plus en travers de son chemin, alors il aura le champ libre.

– Mais si Voldemort essaye de rassembler de nouveaux Mangemorts, on finira forcément par s’apercevoir de son retour, non ? interrogea Harry d’un ton désespéré.

– Voldemort ne va pas frapper à la porte des gens, répondit Sirius. Il les trompe, les ensorcelle, leur fait du chantage. Il a une longue pratique de la clandestinité. De toute façon, il ne cherche pas seulement à recruter des partisans. Il a également d’autres projets, des projets qu’il peut mettre en œuvre très discrètement et c’est là-dessus qu’il se concentre pour le moment.

– Qu’est-ce qu’il veut ? demanda aussitôt Harry.

Il crut voir Sirius et Lupin échanger un regard à peine perceptible avant que Sirius réponde :

– Des choses qu’il ne peut obtenir que dans le plus grand secret.

Voyant l’air interrogateur de Harry, Sirius ajouta :

– Une arme, par exemple. Une arme nouvelle dont il ne disposait pas la dernière fois.

– Lorsqu’il avait le pouvoir ?

– Oui.

– Quel genre d’arme ? Pire que l’Avada Kedavra… ?

– Bon, ça suffit !

La voix de Mrs Weasley s’éleva de l’obscurité, du côté de la porte. Harry n’avait pas remarqué qu’elle était revenue après avoir emmené Ginny dans sa chambre. Les bras croisés, elle paraissait furieuse.

– Et maintenant, vous allez me faire le plaisir d’aller vous coucher. Tous ! ajouta-t-elle en regardant Fred, George, Ron et Hermione.