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– Qu’est-ce qui se passe ?

Lupin était accouru dans le salon, suivi de près par Sirius, Maugrey boitant derrière eux. Lupin regarda successivement Mrs Weasley puis le corps de Harry étendu par terre et comprit aussitôt. Sortant sa propre baguette magique, il lança haut et clair :

Riddikulus !

Le cadavre de Harry disparut. Une sphère argentée flotta en l’air, au-dessus de l’endroit où il s’était trouvé un instant auparavant. Lupin agita une nouvelle fois sa baguette et la sphère s’évapora en une volute de fumée.

– Oh… Oh… Oh…, s’étrangla Mrs Weasley, le visage dans les mains, en proie à une véritable tempête de larmes.

– Molly, dit Lupin d’un ton grave en s’approchant d’elle, Molly, ne…

Elle se jeta alors sur son épaule et sanglota de toutes ses forces.

– Molly, c’était un simple Épouvantard, murmura Lupin d’une voix apaisante en lui caressant les cheveux.

– Je les vois m-m-morts tout le temps ! gémit Mrs Weasley. Tout le t-t-temps ! J’en r-r-rêve…

Sirius contemplait l’endroit du tapis où le faux cadavre de Harry s’était trouvé un peu plus tôt. Maugrey, lui, observait Harry qui évitait son regard. Il avait l’étrange impression que son œil magique l’avait suivi depuis qu’il était sorti de la cuisine.

– N-n-ne le dites pas à Arthur, hoqueta Mrs Weasley en s’épongeant fébrilement les yeux avec ses manchettes. Je n-n-ne veux pas qu’il sache… que je suis une idiote…

Lupin lui tendit un mouchoir.

– Harry, je suis désolée. Qu’est-ce que tu dois penser de moi ? bredouilla-t-elle d’une voix tremblante. Pas même capable de se débarrasser d’un Épouvantard…

– Ne soyez pas stupide, dit Harry en s’efforçant de sourire.

– C’est parce que je suis s-s-si inquiète, reprit-elle, des larmes débordant à nouveau de ses yeux. La moitié de la f-f-famille fait partie de l’Ordre, ce s-s-sera un miracle si nous nous en sortons tous… Et P-P-Percy qui ne nous parle plus… Si quelque chose d-d-d’horrible arrivait et que nous n-n-ne soyons pas réconciliés avec lui ? Et que se passerait-il si Arthur et moi nous étions tués, qui s-s-s’occuperait de Ron et de Ginny ?

– Molly, ça suffit, répondit Lupin d’un ton ferme. Ce n’est pas comme la dernière fois. L’Ordre est mieux préparé, nous avons une longueur d’avance, nous savons ce que projette Voldemort…

Mrs Weasley laissa échapper un petit cri de terreur en entendant prononcer ce nom.

– Voyons, Molly, il est temps de s’habituer à l’appeler par son nom. Je ne peux pas promettre que personne ne prendra de coups – qui pourrait faire une telle promesse ? –, mais nous sommes dans une meilleure situation que la dernière fois. Tu n’étais pas dans l’Ordre, à cette époque, tu ne peux pas comprendre. Nous étions à un contre vingt face aux Mangemorts et ils nous tuaient un par un…

Harry repensa à la photo, au visage rayonnant de ses parents. Il savait que Maugrey continuait de l’observer.

– Ne t’inquiète pas pour Percy, dit brusquement Sirius. Il changera d’avis. C’est une simple question de temps avant que Voldemort se montre à nouveau à visage découvert. Et lorsqu’il le fera, le ministère tout entier nous suppliera de leur pardonner. Mais je ne suis pas sûr que j’accepterai leurs excuses, ajouta-t-il d’un ton amer.

– Et quant à savoir qui s’occuperait de Ron et de Ginny si toi et Arthur disparaissiez, dit Lupin avec un léger sourire, crois-tu que nous les laisserions mourir de faim ?

Mrs Weasley eut un sourire timide.

– Je suis une idiote, marmonna-t-elle à nouveau en s’essuyant les yeux.

Mais Harry, quand il referma la porte de sa chambre dix minutes plus tard, ne pensait pas que Mrs Weasley était une idiote. Il revoyait ses parents lui sourire sur la vieille photo, au temps où ils ignoraient que leur vie, comme celle de beaucoup d’autres autour d’eux, approchait de sa fin. L’image de l’Épouvantard prenant l’aspect du cadavre de chacun des membres de la famille Weasley lui revenait par instants devant les yeux.

Sans aucun signe avant-coureur, la cicatrice de son front devint alors très douloureuse et il sentit son estomac se soulever horriblement.

– Ça suffit, toi, dit-il d’une voix ferme en frottant sa cicatrice dont la douleur diminua très vite.

– Premier signe de folie, parler à sa propre tête, dit une voix malicieuse qui venait de la toile vide accrochée dans la chambre.

Harry n’y prêta aucune attention. Jamais de sa vie il ne s’était senti aussi mûr et il lui paraissait extraordinaire que, moins d’une heure plus tôt, il ait pu se soucier du destinataire d’un insigne de préfet ou du financement d’un magasin de farces et attrapes.

10. LUNA LOVEGOOD

Cette nuit-là, Harry eut le sommeil agité. Ses parents allaient et venaient dans ses rêves, sans jamais lui parler. Mrs Weasley sanglotait, penchée sur le cadavre de Kreattur, sous les yeux de Ron et d’Hermione coiffés de couronnes et, cette fois encore, Harry se retrouvait dans un couloir qui menait à une porte verrouillée. Il se réveilla en sursaut, en ressentant des picotements le long de sa cicatrice, et vit Ron déjà habillé qui lui parlait.

– … ferait bien de se dépêcher, maman pique sa crise, elle dit qu’on va rater le train…

Toute la maison était en effervescence. D’après les bruits qu’il entendit pendant qu’il se pressait de s’habiller, Harry devina que Fred et George avaient ensorcelé leurs malles pour qu’elles volent toutes seules au bas de l’escalier, s’épargnant ainsi la peine de les porter eux-mêmes. Elles avaient alors heurté Ginny de plein fouet et l’avaient précipitée dans le hall, après lui avoir fait dévaler deux étages. Mrs Black et Mrs Weasley hurlaient de toute la force de leurs poumons :

– VOUS AURIEZ PU LA BLESSER GRAVEMENT, ESPÈCES D’IDIOTS…

– IMMONDES BÂTARDS, VOUS SOUILLEZ LA MAISON DE MES ANCÊTRES…

Hermione, qui paraissait très énervée, se rua dans la chambre au moment où Harry laçait ses baskets. Elle portait dans ses bras un Pattenrond qui se tortillait dans tous les sens tandis qu’Hedwige se balançait sur son épaule.

– Mes parents viennent de me renvoyer Hedwige.

La chouette alla obligeamment se poser sur sa cage.

– Tu es prêt ?

– Presque. Ginny va bien ? demanda Harry en mettant ses lunettes.

– Mrs Weasley l’a rafistolée, répondit Hermione. Mais maintenant, c’est Fol Œil qui dit qu’on ne pourra pas partir tant que Sturgis Podmore ne sera pas revenu, sinon il manquera un membre à l’escorte.

– L’escorte ? s’étonna Harry. Il faut vraiment une escorte pour aller à la gare de King’s Cross ?

– C’est à toi qu’il faut une escorte, rectifia Hermione.

– Et pourquoi ? demanda Harry, agacé. Je croyais que Voldemort devait se faire discret. Tu penses qu’il va surgir de derrière une poubelle pour essayer de me tuer ?

– Je n’en sais rien, je te répète simplement ce qu’a dit Fol Œil, répliqua Hermione qui regardait sa montre d’un air affolé. Mais si on ne part pas tout de suite, on est sûrs de rater le train…

– EST-CE QUE VOUS ALLEZ VOUS DÉCIDER À DESCENDRE, LÀ-HAUT ? rugit Mrs Weasley.

Hermione sursauta comme si elle venait de se brûler et se précipita hors de la pièce. Harry prit Hedwige, la fourra dans sa cage sans cérémonie et descendit l’escalier à la suite d’Hermione en traînant sa grosse valise derrière lui.

Le portrait de Mrs Black hurlait de rage mais personne ne se souciait de refermer les rideaux sur elle. De toute façon, le tumulte qui agitait le hall la réveillerait à nouveau.

– Harry, tu viens avec Tonks et moi, lui lança Mrs Weasley – couvrant les cris répétés de SANG-DE-BOURBE ! VERMINE ! CRÉATURES INFÂMES ! –, laisse ta valise et ta chouette, Alastor s’occupera des bagages… Oh, pour l’amour du ciel, Sirius, Dumbledore a dit non !