Выбрать главу

2) Apprendre à reconnaître les situations dans lesquelles la défense magique se trouve légalement justifiée.

3) Replacer la défense magique dans un contexte ouvrant sur la pratique.

Pendant deux minutes, on n’entendit plus que le grattement des plumes sur les parchemins. Lorsque tout le monde eut recopié les trois objectifs du professeur Ombrage, elle demanda :

– Avez-vous tous votre exemplaire de Théorie des stratégies de défense magique par Wilbert Eskivdur ?

Un murmure d’approbation dénuée d’enthousiasme parcourut la classe.

– Je crois qu’il va falloir recommencer, dit alors le professeur Ombrage. Lorsque je vous pose une question, j’aimerais bien que vous me répondiez : « Oui, professeur Ombrage », ou « Non, professeur Ombrage. » Donc, je reprends : Avez-vous tous votre exemplaire de Théorie des stratégies de défense magique par Wilbert Eskivdur ?

– Oui professeur Ombrage, répondit la classe d’une seule voix.

– Très bien. Je voudrais maintenant que vous ouvriez ce livre à la page 5 et que vous lisiez le premier chapitre : « Principes de base à l’usage des débutants ». Et je vous signale qu’il est inutile de bavarder.

Le professeur Ombrage s’éloigna du tableau noir et s’installa dans le fauteuil, derrière le bureau, en observant les élèves de ses yeux de crapaud bordés de cernes. Harry ouvrit son livre à la page 5 et commença à lire.

Le texte était à peu près aussi ennuyeux que les cours du professeur Binns. Il sentit son attention décliner et s’aperçut bientôt qu’il avait relu la même phrase une demi-douzaine de fois sans en retenir grand-chose au-delà des premiers mots. Plusieurs minutes s’écoulèrent en silence. À côté de lui, Ron, l’air absent, tournait et retournait sa plume entre ses doigts, le regard fixé sur la même ligne. Jetant un coup d’œil à sa droite, Harry eut alors une surprise qui le sortit de sa torpeur. Hermione n’avait même pas pris la peine d’ouvrir son exemplaire de la Théorie des stratégies de défense magique. Les yeux rivés sur le professeur Ombrage, elle tenait obstinément sa main en l’air.

Harry ne se souvenait pas d’avoir jamais vu Hermione dédaigner un livre qu’on lui demandait de lire. D’ailleurs, elle ne résistait jamais à la tentation d’ouvrir n’importe quel volume qui lui tombait sous le nez. Il l’interrogea du regard mais elle se contenta de hocher légèrement la tête pour indiquer qu’elle n’était pas disposée à répondre aux questions. Elle continuait de fixer le professeur Ombrage qui s’était résolument tournée dans une autre direction.

Quelques minutes plus tard, Harry s’aperçut qu’il n’était plus le seul à s’intéresser à Hermione. Le chapitre qu’ils étaient censés lire dégageait un tel ennui qu’un nombre grandissant d’élèves préféraient observer sa tentative muette pour accrocher le regard du professeur Ombrage plutôt que d’affronter les « Principes de base à l’usage des débutants ».

Lorsque plus de la moitié de la classe eut ainsi les yeux tournés vers Hermione au détriment du livre, le professeur Ombrage estima qu’elle ne pouvait ignorer plus longtemps la situation.

– Souhaitiez-vous poser une question au sujet de ce chapitre ? demanda-t-elle à Hermione comme si elle venait tout juste de la remarquer.

– Non, pas au sujet du chapitre, répondit Hermione.

– Pour l’instant, nous sommes en train de lire, dit le professeur Ombrage en découvrant ses dents pointues. Si vous avez d’autres questions, nous attendrons la fin du cours pour nous en occuper.

– J’ai une question à propos de vos objectifs d’apprentissage, dit Hermione.

Le professeur Ombrage haussa les sourcils.

– Et vous vous appelez ?

– Hermione Granger, répondit Hermione.

– Eh bien, Miss Granger, il me semble que ces objectifs sont parfaitement clairs si vous prenez la peine de les lire attentivement, répliqua le professeur Ombrage d’un ton à la fois aimable et décidé.

– Je ne le pense pas, dit abruptement Hermione. Rien n’est indiqué au sujet de l’utilisation des sortilèges de défense.

Il y eut un bref silence pendant lequel de nombreux élèves, sourcils froncés, tournèrent la tête vers le tableau pour relire les trois objectifs qui y étaient toujours inscrits.

– L’utilisation des sortilèges de défense ? répéta le professeur Ombrage avec un petit rire. Je ne vois pas ce qui pourrait arriver dans ma classe qui nécessite de recourir à un tel sortilège, Miss Granger. Vous ne craignez quand même pas de subir une attaque pendant mes cours ?

– Alors, on ne fera pas de magie ? s’exclama Ron d’une voix sonore.

– Lorsqu’on veut s’exprimer dans ma classe, on lève la main, Mr…

– Weasley, dit Ron qui tendit aussitôt la main en l’air.

Le professeur Ombrage, avec un sourire plus large que jamais, lui tourna le dos. Harry et Hermione levèrent la main à leur tour. Les yeux cernés du professeur s’attardèrent un moment sur Harry, puis elle s’adressa à Hermione :

– Miss Granger ? Vous vouliez demander autre chose ?

– Oui, répondit Hermione. La raison d’être des cours de défense contre les forces du Mal, c’est bien de pratiquer des sortilèges de défense, non ?

– Seriez-vous une experte formée par le ministère, Miss Granger ? demanda le professeur Ombrage de sa voix faussement aimable.

– Non, mais…

– Dans ce cas, j’ai bien peur que vous ne soyez pas qualifiée pour définir la raison d’être d’une matière, quelle qu’elle soit. Notre nouveau programme d’études a été établi par des sorciers beaucoup plus âgés et intelligents que vous, Miss Granger. Vous apprendrez ainsi les sortilèges de défense dans des conditions qui garantissent la sécurité et l’absence de risques…

– À quoi ça peut bien servir ? interrogea Harry à haute voix. Si nous sommes attaqués, ce ne sera pas avec…

– Votre main, Mr Potter ! l’interrompit le professeur Ombrage d’une voix chantante.

Harry brandit le poing en l’air. Cette fois encore, le professeur Ombrage se détourna de lui mais, à présent, plusieurs autres élèves avaient également levé la main.

– Vous vous appelez ? demanda le professeur Ombrage à Dean.

– Dean Thomas.

– Je vous écoute, Mr Thomas.

– Harry a raison, non ? déclara Dean. Si on se fait attaquer, les risques ne seront pas du tout absents.

– Je le répète, reprit le professeur Ombrage en adressant à Dean un sourire exaspérant, craignez-vous de subir une attaque pendant mes cours ?

– Non, mais…

Le professeur Ombrage l’interrompit :

– Je ne souhaite pas critiquer la façon dont cette école a été dirigée, dit-elle, un sourire peu convaincant étirant sa large bouche, mais vous vous êtes trouvés exposés dans cette classe à des sorciers irresponsables, totalement irresponsables même, sans parler (elle eut un petit rire féroce) de certains hybrides particulièrement dangereux.

– Si vous voulez parler du professeur Lupin, répliqua Dean avec colère, c’est le meilleur qu’on ait jamais…

– Votre main, Mr Thomas ! Comme je vous le disais, vous avez été initiés à des sortilèges complexes, inadaptés à votre âge et potentiellement mortels. On vous a fait peur en vous laissant croire que vous risquiez d’être attaqués tous les deux jours par des forces maléfiques…

– Pas du tout, protesta Hermione, nous avons simplement…

Vous n’avez pas levé la main, Miss Granger !

Hermione leva la main et le professeur Ombrage regarda ailleurs.