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– J’ai une chouette, je peux vous la prêter, dit Harry d’une voix gémissante en se demandant si son épine dorsale n’allait pas se briser sous le poids de Dudley.

– Harry, tu ne comprends pas ! Dumbledore va devoir agir au plus vite, le ministère a ses propres moyens de détecter l’usage de la magie par un sorcier de premier cycle, ils sont déjà au courant, tu peux en être sûr.

– Mais comment pouvais-je me débarrasser des Détraqueurs sans magie ? Ils se demanderont plutôt ce que des Détraqueurs venaient faire du côté de Wisteria Walk, non ?

– Oh, mon cher Harry, comme je voudrais qu’il en soit ainsi mais j’ai bien peur que… MONDINGUS FLETCHER, JE VAIS TE TUER !

Il y eut un « crac ! » sonore et une forte odeur d’alcool mêlée de vieux tabac se répandit dans l’atmosphère tandis qu’un homme râblé, mal rasé et vêtu d’un pardessus en lambeaux, se matérialisait devant leur nez. Il avait des jambes courtes et arquées, une longue tignasse rousse et des yeux injectés de sang, soulignés de grands cernes qui lui donnaient le regard mélancolique d’un basset. Serrée dans sa main, il tenait une boule de tissu argenté que Harry reconnut aussitôt : c’était une cape d’invisibilité.

– C’qui s’passe, Figgy ? dit l’homme en regardant successivement Mrs Figg, Harry et Dudley. On peut savoir pourquoi tu sors de la clandestinité ?

– Je t’en ficherais, moi, de la clandestinité ! s’écria Mrs Figg. Des Détraqueurs, voilà c’qui s’passe, espèce de tire-au-flanc ! Voleur ! Bon à rien ! Aigrefin !

– Des Détraqueurs ? répéta Mondingus, effaré. Des Détraqueurs, ici ?

– Oui, espèce de gros tas de fientes de chauve-souris, ici ! hurla Mrs Figg d’une voix perçante. Des Détraqueurs qui ont attaqué ce pauvre garçon alors que tu étais de garde !

– Nom de nom ! Ça alors ! dit Mondingus d’une voix faible en regardant alternativement Harry et Mrs Figg. Nom de nom, je…

– Et toi, pendant ce temps-là, tu étais parti t’acheter des chaudrons volés ! Je t’avais bien dit de ne pas t’éloigner ! Je te l’ai dit, pas vrai ?

– Je… enfin… j’ai…

Mondingus paraissait très mal à l’aise.

– C’était une excellente affaire, tu comprends…

Mrs Figg leva son filet à provisions et en frappa Mondingus au visage et au cou. À en juger par le bruit métallique qu’il produisait, le filet devait être rempli de boîtes de nourriture pour chats.

– Aïe ! Arrête ! Houlà ! arrête ça espèce de vieille chouette ! Il faut que quelqu’un aille prévenir Dumbledore !

– Oui ! Il faut ! hurla Mrs Figg en donnant de grands coups de son sac plein de conserves sur toutes les parties du corps de Mondingus qu’elle pouvait atteindre. Et-tu-ferais-bien-d’y-aller-toi-même-comme-ça-tu-lui-diras-pourquoi-tu-n’étais-pas-là-pour-aider !

– Pas la peine de te mettre le chignon à l’envers ! dit Mondingus, le dos voûté, les bras en bouclier au-dessus de sa tête. J’y vais, j’y vais !

Et dans un nouveau craquement, il se volatilisa.

– J’espère que Dumbledore va l’assassiner ! s’exclama Mrs Figg avec fureur. Allez, dépêche-toi, Harry, qu’est-ce que tu attends ?

Harry estima préférable de ne pas perdre ce qui lui restait de souffle à faire remarquer qu’il parvenait à peine à marcher sous le poids de Dudley. Il souleva son cousin à demi inconscient et poursuivit son chemin d’un pas chancelant.

– Je t’accompagne jusqu’à ta porte, dit Mrs Figg alors qu’ils tournaient dans Privet Drive. Au cas où il y en aurait d’autres… Oh, ma parole, quelle catastrophe… Dire que tu as dû les affronter tout seul… Et Dumbledore qui nous avait recommandé de tout faire pour t’éviter d’avoir à te servir de ta baguette… Mais inutile de se lamenter, quand la potion est tirée, il faut la boire… N’empêche, comme dit le proverbe : Le chat est entré dans la cage aux lutins, à présent.

– Et donc, Dumbledore me faisait suivre ? demanda Harry d’une voix haletante.

– Évidemment, répondit Mrs Figg d’un ton agacé. Tu croyais qu’il allait te laisser vagabonder à ta guise après ce qui s’est passé en juin ? Seigneur, mon garçon, on m’avait pourtant dit que tu étais intelligent… Bon, allez… rentre chez toi et n’en sors plus, dit-elle lorsqu’ils eurent atteint le numéro 4 de la rue. Je pense que quelqu’un va bientôt te contacter.

– Qu’allez-vous faire maintenant ? demanda précipitamment Harry.

– Je file tout droit à la maison, répondit Mrs Figg avec un frisson en scrutant la rue sombre. Je dois attendre des instructions supplémentaires. Toi, reste enfermé. Bonsoir.

– Attendez, ne partez pas tout de suite ! Je voudrais savoir…

Mais elle s’éloignait déjà en trottinant, ses pantoufles claquant sous ses pieds, son filet à provisions se balançant dans un bruit de ferraille.

– Attendez ! s’écria Harry.

Il avait toujours un million de questions à poser à quiconque se trouvait en contact avec Dumbledore. Mais en quelques instants, Mrs Figg fut engloutie par l’obscurité. L’air renfrogné, Harry cala Dudley sur son épaule et parcourut lentement, douloureusement, l’allée qui traversait le jardin du numéro 4.

La lumière était allumée dans le hall. Harry remit sa baguette magique dans son jean, appuya sur la sonnette et regarda la silhouette de la tante Pétunia grandir à mesure qu’elle approchait, étrangement déformée par le verre dépoli de la porte d’entrée.

– Diddy ! Enfin ! Il était temps que tu rentres. Je commençais à être très… Diddy, qu’est-ce qui se passe ?

Harry jeta un regard en biais à son cousin et s’écarta juste à temps. Dudley vacilla sur place pendant un instant, le teint verdâtre… Puis il ouvrit la bouche et vomit sur le paillasson.

– DIDDY ! Diddy, qu’est-ce qui t’arrive ? Vernon ? VERNON !

L’oncle de Harry sortit du salon d’un pas pesant, sa moustache de morse se hérissant en tous sens, comme toujours lorsqu’il était dans un état d’agitation. Il se précipita pour aider la tante Pétunia à manœuvrer un Dudley aux genoux flageolants afin de lui faire franchir le seuil de la porte tout en évitant de marcher dans la mare nauséabonde.

– Il est malade, Vernon !

– Qu’y a-t-il, fils ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que Mrs Polkiss t’a donné à manger quelque chose qui venait de l’étranger ?

– Pourquoi es-tu tout sale, mon chéri ? Tu t’es allongé par terre ?

– J’espère au moins que tu ne t’es pas fait attaquer dans la rue, fils ?

La tante Pétunia poussa un cri.

– Vernon, appelle la police ! Appelle la police ! Mon Diddy chéri, parle à ta maman ! Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?

Dans tout ce remue-ménage, personne ne semblait avoir remarqué la présence de Harry, ce qui lui convenait à merveille. Il parvint à se glisser dans le hall juste avant que l’oncle Vernon claque la porte et, tandis que les Dursley s’avançaient à grand bruit en direction de la cuisine, Harry s’approcha de l’escalier à pas feutrés.

– Qui t’a fait ça, fils ? Donne-nous les noms. On les aura, ne t’inquiète pas.

– Chut, Vernon ! Il essaye de dire quelque chose. Qu’est-ce qu’il y a, Diddy ? Parle à ta maman !

Harry avait posé le pied sur la première marche lorsque Dudley retrouva l’usage de la parole :

– C’est lui.

Harry se figea sur place, le pied sur la marche, le visage crispé, se préparant à l’explosion.

– VIENS ICI, MON GARÇON !

Dans un mélange de colère et de peur, Harry retira lentement son pied de la marche et fit demi-tour pour suivre les Dursley.