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– Oh, vous pouvez rire, déclara Luna en élevant la voix, visiblement convaincue que Parvati et Lavande se moquaient de ce qu’elle avait dit et non de son apparence. Mais il y a eu aussi des gens qui disaient que l’Énormus à Babille ou le Ronflak Cornu n’existaient pas.

– Et ils avaient raison, dit Hermione, agacée. L’Énormus à Babille et le Ronflak Cornu n’ont jamais existé.

Luna la fusilla du regard et s’en alla d’un pas résolu, ses boucles d’oreilles se balançant rageusement. Parvati et Lavande ne furent bientôt plus les seules à rire.

– Tu voudrais bien éviter d’offenser les rares personnes qui croient ce que je dis ? demanda Harry à Hermione tandis qu’ils entraient dans la serre.

– Oh, pour l’amour du ciel, Harry, tu peux trouver mieux qu’elle, répondit Hermione. Ginny m’a tout raconté sur son compte. Apparemment, elle ne croit les choses qu’à la condition de n’avoir aucune preuve de leur existence. Je ne vois d’ailleurs pas ce qu’on pourrait attendre d’autre de quelqu’un dont le père dirige Le Chicaneur.

Harry repensa aux sinistres chevaux ailés qu’il avait vus le soir de son arrivée et que Luna disait avoir vus également. Son moral retomba quelque peu. Avait-elle menti ? Mais avant qu’il ait pu réfléchir plus longuement à la question, Ernie Macmillan s’avança vers lui.

– Je veux que tu saches, Potter, dit-il d’une voix sonore, qu’il n’y a pas que des dingos qui sont avec toi. Personnellement, je te crois à cent pour cent. Ma famille a toujours soutenu Dumbledore et moi aussi.

– Heu… Merci beaucoup, Ernie, répondit Harry, pris au dépourvu, mais content.

Dans des occasions comme celle-ci, Ernie manifestait parfois une certaine grandiloquence mais Harry appréciait pleinement une telle marque de confiance de la part de quelqu’un qui n’avait pas de radis accrochés aux oreilles. En tout cas, les paroles d’Ernie avaient effacé le sourire de Lavande Brown et, lorsqu’il se tourna vers Ron et Hermione, Harry aperçut Seamus dont le visage exprimait un mélange d’incertitude et de défi.

Personne ne fut étonné d’entendre le professeur Chourave commencer la classe par un discours sur l’importance des B.U.S.E. Harry aurait bien voulu que les professeurs abandonnent cette manie. Il commençait à éprouver un sentiment d’anxiété qui lui contractait l’estomac chaque fois qu’il repensait à tous les devoirs qu’il avait à faire. Un sentiment qui empira considérablement quand, à la fin de la classe, un nouveau devoir vint s’ajouter à la liste. Fatiguée et sentant fortement la bouse de dragon – l’engrais préféré du professeur Chourave –, la troupe des Gryffondor rentra au château. Personne n’avait très envie de parler. La journée, cette fois encore, avait été longue.

Harry mourait de faim et comme sa première retenue avec Ombrage devait avoir lieu à cinq heures, il décida d’aller dîner directement, sans prendre le temps de rapporter son sac à la tour de Gryffondor. Il pourrait ainsi avaler quelque chose avant d’affronter ce qu’elle lui avait préparé. Mais à peine avait-il atteint l’entrée de la Grande Salle qu’une voix tonitruante et courroucée hurla :

– Ohé, Potter !

– Qu’est-ce qu’il y a encore ? marmonna-t-il d’un air las tandis qu’Angelina, qui semblait d’une humeur de dogue, surgissait devant lui.

– Je vais te le dire, moi, ce qu’il y a encore, répliqua-t-elle en lui enfonçant l’index dans la poitrine. Comment se fait-il que tu te sois arrangé pour avoir une retenue vendredi à cinq heures ?

– Quoi ? dit Harry. Pourquoi… Ah oui, les essais pour le nouveau gardien !

– Ah tiens, il s’en souvient, maintenant ! gronda Angelina. J’avais dit que je voulais l’équipe au complet le jour des essais pour chercher quelqu’un avec qui tout le monde puisse s’entendre. Je t’ai prévenu que j’avais réservé le terrain de Quidditch spécialement pour ça. Et voilà que tu décides de ne pas venir !

– Ce n’est pas moi qui ai décidé de ne pas venir ! protesta Harry, irrité par l’injustice de la formulation. Cette bonne femme, Ombrage, m’a donné une retenue simplement parce que je disais la vérité sur Tu-Sais-Qui.

– Eh bien, tu n’as qu’à aller la voir et lui demander de te libérer vendredi, répondit Angelina d’un ton féroce, et peu importe comment tu t’y prends. Dis-lui que Tu-Sais-Qui est un produit de ton imagination si ça t’arrange, mais débrouille-toi pour être là sans faute !

Puis elle s’éloigna à grands pas.

– Vous savez quoi ? dit Harry à Ron et à Hermione lorsqu’ils entrèrent dans la Grande Salle. On devrait demander au Club de Quidditch de Flaquemare si Olivier Dubois n’aurait pas été tué au cours d’une séance d’entraînement, parce qu’on dirait que son esprit s’est réincarné dans Angelina.

– Tu crois qu’il y a des chances pour qu’Ombrage te laisse partir vendredi ? demanda Ron d’un air sceptique, tandis qu’ils s’asseyaient à la table de Gryffondor.

– Pas la moindre, répondit Harry, la mine lugubre.

Il remplit son assiette de côtelettes et commença à manger.

– Mais je vais quand même faire une tentative, non ? Je lui proposerai de rajouter deux retenues en échange. Quelque chose comme ça, je ne sais pas encore…

Il avala une bouchée de pommes de terre et poursuivit :

– J’espère qu’elle ne va pas me garder trop longtemps ce soir. Vous vous rendez compte, il faut qu’on rédige trois devoirs, qu’on pratique les sortilèges de Disparition pour McGonagall, qu’on mette au point un contre-sortilège pour Flitwick, qu’on finisse le dessin du Botruc et qu’on commence ce stupide journal de nos rêves pour Trelawney !

Ron poussa un gémissement et leva les yeux au plafond.

– En plus, on dirait bien qu’il va pleuvoir.

– Quel est le rapport avec nos devoirs ? s’étonna Hermione en haussant les sourcils.

– Rien, répondit aussitôt Ron, les oreilles rougissantes.

À cinq heures moins cinq, Harry prit congé et se rendit au bureau d’Ombrage, au troisième étage.

– Entrez, dit-elle de sa voix sucrée, lorsqu’il eut frappé à la porte.

Il s’avança prudemment en regardant autour de lui.

Harry avait connu ce même bureau du temps de ses trois précédents occupants. À l’époque de Gilderoy Lockhart, les murs étaient tapissés de portraits de lui qui adressaient au visiteur un sourire rayonnant. Du temps de Lupin, on avait toutes les chances d’y trouver de fascinantes créatures enfermées dans des cages ou des aquariums. Enfin, lorsque le faux Maugrey s’y était installé, il l’avait rempli de toutes sortes d’instruments bizarres destinés à détecter méfaits et mensonges.

Mais aujourd’hui, il était devenu méconnaissable. Des étoffes ornées de dentelles recouvraient tout, des vases de fleurs séchées étaient posés sur de petits napperons et un mur entier était occupé par une collection d’assiettes ornementales qui représentaient des chatons aux couleurs criardes, chacun portant autour du cou un nœud différent. Les assiettes étaient si laides que Harry, pétrifié, ne put en détacher son regard jusqu’à ce que le professeur Ombrage prenne à nouveau la parole :

– Bonsoir, Mr Potter, dit-elle.

Harry sursauta et se tourna vers elle. Il ne l’avait pas tout de suite remarquée car elle portait à présent une robe à fleurs tapageuse qui semblait se fondre entièrement avec la nappe recouvrant son bureau, juste derrière elle.

– ‘Soir, professeur Ombrage, répondit Harry avec raideur.

– Eh bien, asseyez-vous, dit-elle.