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– Troisième année, poursuivit Ron en élevant la voix, tu as affronté une centaine de Détraqueurs à la fois…

– Là encore, un coup de chance, si le Retourneur de Temps n’avait…

– L’année dernière, reprit Ron qui criait presque à présent, tu as combattu Tu-Sais-Qui une nouvelle fois

– Écoutez-moi ! s’exclama Harry, presque avec colère.

Ron et Hermione avaient maintenant un petit rire moqueur.

– Vous m’écoutez, oui ? Ça paraît très bien quand vous en parlez comme ça, mais c’était uniquement de la chance ; la moitié du temps, je ne savais pas ce que je faisais, je n’avais rien prévu, j’ai simplement improvisé comme je le pouvais et j’ai presque toujours eu de l’aide…

Ron et Hermione continuaient de ricaner et Harry sentit sa colère monter. Il ne savait d’ailleurs pas très bien pourquoi il était si furieux.

– Ne restez pas là à sourire comme si vous saviez tout mieux que moi ! dit-il en s’emportant. C’est moi qui étais là, non ? Je sais bien ce qui s’est passé ! Et si j’ai réussi à faire tout ça, ce n’est pas parce que j’étais brillant en défense contre les forces du Mal mais parce que… parce que j’ai reçu une aide au bon moment ou parce que j’avais bien deviné… mais, croyez-moi, j’ai complètement pataugé, je n’avais aucune idée de ce que je faisais – ET ARRÊTEZ DE RIGOLER !

Le bol d’essence de Murlap tomba par terre et se brisa. Harry se rendit compte qu’il était debout alors qu’il ne se souvenait pas de s’être levé. Pattenrond fila se réfugier sous un canapé. Le sourire de Ron et d’Hermione avait disparu.

– Vous ne savez pas ce que c’est ! Ni l’un ni l’autre vous n’avez eu à l’affronter ! Vous pensez qu’il suffit de se souvenir de quelques sortilèges et de les lui jeter à la figure, comme si on était en classe ? Pendant tout le temps où vous êtes face à lui, vous savez qu’entre vous et la mort, il n’y a plus rien d’autre que votre… votre cerveau, vos tripes, ou je ne sais quoi. Comme si on pouvait réfléchir normalement quand on sait que dans une fraction de seconde, on va se faire tuer, torturer ou voir ses amis mourir… ils ne nous ont jamais appris ça en classe, ce que c’est que d’affronter ce genre de choses… Et vous deux, vous êtes là à faire comme si j’étais un brave garçon bien intelligent sous prétexte que je suis vivant, comme si Diggory, lui, n’était qu’un idiot qui a raté son coup… Vous n’y comprenez rien, j’aurais très bien pu mourir à sa place, c’est ce qui se serait passé si Voldemort n’avait pas eu besoin de moi…

– On n’a rien dit de tout ça, mon vieux, se défendit Ron, effaré. On ne s’en est jamais pris à Diggory, pas du tout, tu te trompes complètement…

Il jeta un regard désemparé à Hermione qui paraissait pétrifiée.

– Harry, dit-elle timidement, tu ne comprends donc pas. C’est… c’est exactement pour ça qu’on a besoin de toi… on a besoin de savoir co-comment c’est… de… de l’affronter… d’affronter V-Voldemort.

C’était la première fois de sa vie qu’elle prononçait le nom de Voldemort et ce fut cela, plus que tout le reste, qui parvint à calmer Harry. La respiration toujours saccadée, il se laissa retomber dans son fauteuil et reprit conscience de l’horrible douleur qui lui transperçait la main. Il regretta alors d’avoir renversé le bol d’essence de Murlap.

– Écoute… penses-y, dit Hermione à voix basse. S’il te plaît.

Harry ne trouva rien à répondre. Il avait déjà honte de s’être emporté et il se contenta d’acquiescer d’un signe de tête, sans très bien savoir à quoi.

Hermione se leva.

– Bon, je vais me coucher, dit-elle d’une voix qu’elle s’efforça de rendre la plus naturelle possible. Heu… Bonne nuit.

Ron s’était levé à son tour.

– Tu viens ? demanda-t-il maladroitement à Harry.

– Oui, répondit Harry. Dans une minute, le temps de nettoyer ça.

Il montra le bol fracassé par terre. Ron fit un signe de tête et s’en alla.

Reparo, marmonna Harry en pointant sa baguette magique sur les morceaux de porcelaine.

Ils se recollèrent aussitôt, reformant un bol tout neuf mais il était impossible d’y remettre l’essence de Murlap.

Harry se sentait si fatigué qu’il fut tenté de rester dans son fauteuil et d’y dormir mais il se força quand même à se lever et suivit Ron dans l’escalier. Cette fois encore, son sommeil agité fut ponctué de rêves peuplés de longs couloirs et de portes verrouillées. Lorsqu’il se réveilla le lendemain, il ressentit à nouveau des picotements le long de sa cicatrice.

16. À LA TÊTE DE SANGLIER

Pendant deux semaines, Hermione ne parla plus de son idée d’organiser des leçons de défense contre les forces du Mal avec Harry comme professeur. Les retenues de Harry avec Ombrage s’étaient finalement terminées (il se demandait cependant si les mots inscrits au dos de sa main s’effaceraient jamais complètement). Ron avait participé à quatre séances d’entraînement de Quidditch dont les deux dernières s’étaient déroulées sans que personne ne lui hurle de choses désagréables et tous les trois étaient parvenus à faire disparaître leurs souris au cours de métamorphose (Hermione réussissait même à faire disparaître des chatons). Enfin, le sujet fut à nouveau abordé à la fin de septembre, un soir où le vent hurlait en rafales déchaînées. Assis tous les trois à une table de la bibliothèque, ils étudiaient des ingrédients pour une potion de Rogue.

– Je me demandais, dit soudain Hermione, si tu as repensé au cours de défense contre les forces du Mal, Harry ?

– Bien sûr, répondit Harry d’un air grognon. Difficile d’oublier avec cette harpie qu’on a comme prof…

– Je voulais dire, l’idée qu’on avait eue, Ron et moi…

Ron lui jeta un regard à la fois affolé et menaçant. Elle lui répondit par un froncement de sourcils.

– Bon d’accord, l’idée que j’ai eue de te demander de nous donner toi-même des leçons.

Harry ne répondit pas tout de suite. Il fit semblant de lire attentivement une page des Antivenins asiatiques pour ne pas avoir à dévoiler ce qu’il avait en tête.

Il y avait en effet longuement réfléchi au cours des quinze jours précédents. Parfois, l’idée lui semblait absurde, tout comme le premier soir où Hermione l’avait suggérée mais, à d’autres moments, il s’était surpris à penser aux sortilèges qui lui avaient été le plus utiles dans ses diverses rencontres avec des créatures maléfiques ou des Mangemorts. En fait, il avait préparé inconsciemment un programme de cours…

– Oui, bon, je… j’y ai un peu pensé, dit-il lentement, lorsqu’il lui devint impossible de prétendre se passionner plus longtemps pour les Antivenins asiatiques.

– Et alors ? dit Hermione avec avidité.

– Je ne sais pas, répondit Harry qui essayait de gagner du temps.

Il regarda Ron.

– Moi, j’ai tout de suite trouvé que c’était une bonne idée, dit Ron qui semblait plus enclin à participer à la conversation, maintenant qu’il était sûr de ne plus voir Harry se mettre en colère.

Harry, mal à l’aise, se trémoussa sur sa chaise.

– Vous m’avez bien écouté quand je vous ai dit qu’il y avait une énorme part de chance dans tout ça ?

– Oui, Harry, répondit Hermione avec douceur, mais ce n’est pas une raison pour prétendre que tu n’es pas doué pour la défense contre les forces du Mal, parce que tu as ce don, c’est incontestable. L’année dernière, tu as été la seule personne à pouvoir résister complètement au sortilège de l’Imperium, tu es capable de produire un Patronus, tu sais faire toutes sortes de choses dont même des sorciers d’âge mûr sont incapables. Viktor m’a toujours dit…