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Ron tourna la tête vers elle si brusquement qu’il sembla avoir attrapé un torticolis.

– Quoi ? s’exclama-t-il en se massant la nuque. Qu’est-ce qu’il a dit, Vicky ?

– Oh, là, là, répondit Hermione d’une voix lasse, il a dit que Harry savait faire des choses que lui-même ne connaissait pas et pourtant il était en dernière année à Durmstrang.

Ron la regarda d’un air soupçonneux.

– Tu n’as pas gardé de contact avec lui, quand même ?

– Et si c’était le cas, qu’est-ce que ça ferait ? répliqua Hermione avec froideur, bien que son teint eût viré au rose. J’ai le droit d’avoir un correspondant si je…

– Il ne voulait pas seulement être ton correspondant ! s’écria Ron d’un ton accusateur.

Hermione hocha la tête d’un air exaspéré et, sans s’occuper de Ron qui continuait de la fixer, elle reprit à l’adresse de Harry :

– Alors, qu’en penses-tu ? Tu veux bien nous donner des cours ?

– Simplement à toi et à Ron, on est d’accord ?

– Oh, ben…, dit Hermione qui parut à nouveau un peu inquiète. Ne… ne commence pas à monter sur tes grands chevaux, s’il te plaît… mais je crois que tu devrais accepter comme élèves tous ceux qui veulent apprendre. Tu comprends, il s’agit de nous défendre contre V-Voldemort – Ron, arrête, tu es ridicule – ce ne serait pas juste si on ne donnait pas la même chance à d’autres.

Harry réfléchit un moment puis répondit :

– Oui, mais à part vous, je ne pense pas que qui que ce soit ait envie de suivre mes cours. Je suis cinglé, ne l’oubliez pas.

– Je crois que tu serais surpris de voir combien de gens ont envie d’entendre ce que tu as à dire, assura Hermione d’un air très sérieux.

Elle se pencha vers lui. Ron, qui continuait de la regarder les sourcils froncés, se pencha à son tour pour écouter.

– Tu sais que notre première sortie à Pré-au-Lard aura lieu le premier week-end d’octobre ? Qu’en penserais-tu si nous disions à tous ceux qui sont intéressés de nous retrouver au village pour qu’on puisse en parler ?

– Pourquoi faut-il le faire en dehors de l’école ? demanda Ron.

– Parce que, dit Hermione en revenant au schéma du chou mordeur de Chine qu’elle était en train de copier, je ne pense pas qu’Ombrage serait ravie si elle découvrait ce qu’on prépare.

Harry attendait avec impatience la sortie à Pré-au-Lard, mais quelque chose le tracassait. Sirius avait gardé un silence total depuis qu’il était apparu dans la cheminée, au début du mois de septembre. Harry savait qu’ils l’avaient mis en colère en le conjurant de ne pas venir – mais parfois, il craignait que Sirius oublie toute prudence et vienne quand même. Que feraient-ils si le grand chien noir se mettait à gambader vers eux dans la grand-rue de Pré-au-Lard, peut-être sous le nez même de Drago Malefoy ?

– On ne peut pas lui en vouloir d’avoir envie d’aller se promener, remarqua Ron lorsque Harry leur fit part de ses appréhensions. Il a été en fuite pendant plus de deux ans et je me doute que ce ne devait pas être très drôle, mais au moins il avait une certaine forme de liberté. Et voilà que maintenant, il est enfermé en permanence avec cet elfe épouvantable.

Hermione lança à Ron un regard sévère mais ne releva pas l’insulte faite à Kreattur.

– L’ennui, dit-elle à Harry, c’est que jusqu’à ce que V-Voldemort – Ron, ça suffit, je t’en prie – se montre à découvert, Sirius devra rester caché. Ce stupide ministère ne voudra pas admettre que Sirius est innocent tant qu’il n’aura pas accepté le fait que, depuis le début, Dumbledore disait la vérité à son sujet. Quand ces idiots partiront à nouveau à la chasse aux Mangemorts, ils s’apercevront enfin que Sirius n’en est pas un… Déjà, pour commencer, il ne porte pas la Marque des Ténèbres.

– Je ne crois pas qu’il soit assez bête pour se montrer, dit Ron d’un ton rassurant. Dumbledore serait furieux s’il faisait une chose pareille et Sirius écoute ce que dit Dumbledore, même si ce qu’il entend ne lui plaît pas.

Voyant que Harry n’était toujours pas rassuré, Hermione ajouta :

– Écoute, Ron et moi on a sondé les gens pour voir qui pourrait avoir envie de suivre de vrais cours de défense contre les forces du Mal et nous en avons rencontré deux ou trois qui sont intéressés. Nous leur avons dit de venir nous retrouver à Pré-au-Lard.

– Très bien, dit Harry d’un air absent, l’esprit toujours occupé par Sirius.

– Ne t’inquiète pas pour lui, Harry, dit Hermione à voix basse. Tu as suffisamment de pain sur la planche sans avoir besoin d’y ajouter Sirius.

Elle avait raison, bien sûr, il avait déjà assez de mal à faire ses devoirs à temps, même si les choses allaient mieux depuis qu’il n’était plus obligé de passer ses soirées en retenue avec Ombrage. Ron avait encore plus de retard dans son travail car, outre les séances d’entraînement auxquelles il se rendait deux fois par semaine avec Harry, il lui fallait également remplir ses devoirs de préfet. Hermione, en revanche, bien qu’elle eût choisi davantage d’options qu’eux, avait non seulement fini tous ses devoirs mais trouvait encore le temps de tricoter des vêtements pour les elfes. Harry dut reconnaître qu’elle avait fait des progrès : à présent, on pouvait presque toujours distinguer les chapeaux des chaussettes.

Le matin du jour où ils devaient aller à Pré-au-Lard, le vent soufflait, mais le ciel était clair. Après le petit déjeuner, ils firent la queue devant le bureau de Rusard qui cochait leurs noms sur la longue liste d’élèves autorisés par leurs parents ou leurs tuteurs à se rendre au village. Avec un petit pincement au cœur, Harry songea que sans Sirius, il n’aurait pas eu le droit d’y aller du tout.

Lorsqu’il arriva devant Rusard, le concierge renifla longuement comme s’il essayait de détecter une odeur particulière. Puis il hocha brièvement la tête en faisant trembler ses bajoues et Harry put repartir et descendre les marches de pierre dans l’air frais et ensoleillé.

– Et heu… pourquoi Rusard te reniflait comme ça ? demanda Ron tandis qu’avec Harry et Hermione ils avançaient tous trois d’un pas vif le long de la grande allée qui menait au portail.

– J’imagine qu’il essayait de détecter une odeur de Bombabouse, répondit Harry avec un petit rire. J’avais oublié de vous dire…

Il leur raconta l’histoire de la lettre expédiée à Sirius et de l’irruption de Rusard quelques secondes plus tard, exigeant de lire ce qu’il avait envoyé. Un peu surpris, il s’aperçut qu’Hermione trouvait l’anecdote très intéressante, et semblait y attacher beaucoup plus d’importance que lui.

– Il a dit qu’on lui avait signalé que tu commandais des Bombabouses ? Mais qui le lui a signalé ?

– Je ne sais pas, répondit Harry en haussant les épaules. Peut-être Malefoy pour faire une blague.

Ils passèrent entre les deux grands piliers de pierre surmontés de sangliers ailés et tournèrent à gauche sur la route du village, le vent rabattant leurs cheveux sur leur visage.

– Malefoy ? dit Hermione d’un air sceptique. Oui… peut-être…

Et elle resta plongée dans ses pensées jusqu’à ce qu’ils eurent atteint les abords de Pré-au-Lard.

– Où va-t-on ? demanda Harry. Aux Trois Balais ?

– Oh non, dit Hermione qui sortit de sa rêverie, c’est toujours plein de monde et beaucoup trop bruyant. J’ai dit aux autres de nous retrouver à La Tête de Sanglier, c’est un autre pub, vous savez, celui qui n’est pas sur la grand-rue. Je crois que l’endroit est un peu… comment dire… un peu louche… mais généralement les élèves de Poudlard n’y vont pas, alors je pense que nous ne risquons pas d’être entendus par des oreilles indiscrètes.