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C'était, indiqua Fudge, un travail difficile qui impliquait des règlements sur l'utilisation des balais, qui consistait à garder la population des dragons sous surveillance (le premier ministre se rappela s'être alors agrippé au bureau !).

Fudge lui avait tapoté l'épaule paternellement.

"Ne vous inquiétez pas !" avait-il ajouté, "il est probable que vous ne me reverrez jamais. Je vous recontacterai uniquement s'il devait y avoir quelque chose de vraiment sérieux, susceptible d'affecter les Moldus - la population non-magique, devrais-je dire - de notre côté. Autrement, il faut bien que tout le monde vive. Et je dois dire, que vous prenez cela beaucoup mieux que votre prédécesseur. Il a essayé de me jeter par la fenêtre, en pensant que j'étais un canular imaginé par l'opposition."

À ces mots, le premier ministre avait retrouvé sa voix. "Vous êtes… Vous n'êtes pas un canular, alors?"

Cela avait été son dernier espoir.

"Non," dit Fudge gentiment. "Non, J'ai bien peur que non. Regardez."

Et il avait transformé la tasse du premier ministre en souris.

"Mais," avait haleté le premier ministre, observant sa tasse grignoter le coin de son prochain discours, "mais pourquoi -- pourquoi personne ne m'a prévenu de…?"

"Le ministre de la magie n'en fait part qu'au premier ministre Moldu lui-même." Avait répondu Fudge, rangeant sa baguette dans sa veste. "Nous trouvons que c'est la meilleure manière de garder le secret."

"Mais alors," avait bêlé le premier ministre, "pourquoi l'ancien premier ministre ne m'a-t-il pas averti…?"

À ces mots, Fudge avait réellement ri.

"Mon cher premier ministre, vous imaginez-vous allant parler de cela à quiconque?"

Gloussant toujours, Fudge avait jeté de la poudre dans la cheminée, avait fait un pas vers les flammes vertes, et avait disparu avec un bruit de glissade.

Le premier ministre était resté, tout à fait immobile, et s'était rendu compte que jamais, aussi longtemps qu'il vivrait, il ne mentionnerait cette rencontre à âme qui vive. Personne au monde ne pourrait le croire !

Le choc avait disparu un peu avec le temps. À une époque, il avait essayé de se convaincre que Fudge avait été une hallucination liée au manque de sommeil dû à une campagne électorale épuisante. Dans une vaine tentative de se débarrasser de tout ce qui lui rappelait cette rencontre inconfortable, il avait donné la souris à sa nièce ravie et avait demandé à son secrétaire privé de retirer le portrait du petit homme laid qui avait annoncé l'arrivée de Fudge. À sa grande consternation, cependant, le portrait s'était avéré impossible à enlever. Quand plusieurs charpentiers, un maçon ou deux, un historien d'art, et toute la chancellerie du ministère des Finances avaient essayé sans succès de le soulever du mur, le premier ministre avait renoncé à cette tentative et s'était simplement résolu à espérer que la chose demeurerait immobile et silencieuse jusqu'à la fin de son mandat. De temps en temps il aurait pu jurer qu'il avait vu, du coin de l'œil, l'occupant de la peinture bailler, ou se gratter le nez. Même, une fois ou deux , marcher simplement hors de son cadre ne laissant rien qu'une trace de boue derrière lui.

Cependant, il s'était obligé à ne pas trop regarder le tableau, afin de pouvoir penser que c'était simplement ses yeux qui lui jouaient des tours.

Puis, il y a trois ans, une nuit comme ce soir, le premier ministre était seul dans son bureau quand le portrait avait annoncé de nouveau l'arrivée imminente de Fudge, qui avait bondit hors de la cheminée, trempé et dans un état de panique considérable. Avant que le premier ministre puisse lui demander pourquoi il s'égouttait partout sur l'Axminster, Fudge avait commencé à parler d'une prison dont le premier ministre n'avait jamais entendu parler, d'un homme appelé "Sérious" Black , de quelque chose qui ressemblait à "Poudlard" et d'un garçon appelé Harry Potter. Rien ne semblait raisonnable au premier ministre.

"...J'arrive juste d'Azkaban," avait haleté Fudge, versant une grande quantité d'eau du bord de son chapeau melon glissé dans sa poche. "Au Centre de la Mer du Nord, vous savez,... les détraqueurs font grand bruit" - il a frissonné - "Ils n'y avait jamais eu d’évasion auparavant. Quoi qu'il en soit, j'ai dû venir vous prévenir. Black est connu comme un tueur de Moldus et doit projeter de rejoindre Vous-Savez-Qui... Mais bien sûr, vous ne savez pas qui est Vous-Savez-Qui!" Il avait regardé fixement et désespérément le premier ministre pendant un moment, puis avait dit, "bien, asseyez-vous, asseyez-vous, ce sera préférable pour… Prenez du whisky… "

Le premier ministre avait été plutôt offensé qu'on l'invite à s'asseoir dans son propre bureau, et encore plus qu'on lui offre son propre whisky, mais il s'étaitt néanmoins assis. Fudge avait sorti sa baguette magique, puis, créant du néant deux grands verres pleins du liquide ambre, avait poussé l'un d'eux dans la main du premier ministre.

Fudge avait parlé pendant plus d'une heure. À un moment, il avait refusé de dire un certain nom à haute voix et il l'avait écrit sur un morceau de papier, qu'il avait poussé dans la main libre du premier ministre. Quand enfin Fudge avait pris congé, le premier ministre s'était levé aussi.

"Ainsi, vous pensez que… " Il avait regardé le nom sur le papier dans sa main gauche. "Lord Vol--"

" Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom!" gronda Fudge.

"Je suis désolé... Vous pensez que Celui Dont On Ne Doit Pas Prononcer Le Nom est toujours en vie, donc ?"

"Et bien, Dumbledore le dit," répondit Fudge, en rattachant l'attache de sa cape sous son menton "mais nous ne l'avons jamais trouvé. Si vous me le demandez, je pense qu'il n'est pas dangereux à moins qu'il n'ait de l'aide.

C'est donc de Black qu'il faut s'inquiéter. Retenez cet avertissement ! Bien, premier ministre, j'espère que nous ne nous reverrons pas,! Bonne nuit."

Mais ils s'étaient revus. Moins d'un an après, Fudge, le regard affolé, était apparu dans la salle de coffret pour informer le premier ministre qu'il y avait eu un tas de problèmes à la coupe du monde de Quidditch (ou quelque chose dans ce genre là) et que plusieurs Moldus "avait été impliqué," mais que le premier ministre ne devait pas s'inquiéter. Le fait que la marque de Vous-Savez-Qui était apparue ne signifiait encore rien. Fudge était sûr que c'était un incident isolé, et que le bureau de liaison avec les affaires Moldus s'occupait, en ce moment même, à modifier les mémoires.

"Oh, et j'allais presque oublier…" avait ajouté Fudge " Nous importons trois dragons étrangers et un sphinx pour le tournoi des Trois-Sorciers. C'est tout à fait normal, mais le Département des Règlements sur l'Importation des Créatures Magiques, m'a demandé, conformément à un des derniers règlements, de vous informer si nous introduisions ces créatures excessivement dangereuses dans le pays."

"Je… quoi… dragons ?" avait bégayé le premier ministre.

"Oui, trois !" répéta Fudge. "Et un sphinx. Et bien, au revoir."

Le premier ministre avait espéré contre tout espoir que les dragons et le sphinx seraient le pire de tout, mais non. Moins de deux ans après, Fudge avait sauté du feu encore une fois. Cette fois pour annoncer qu'il y avait eu une évasion en masse d'Azkaban.

"Une évasion en masse?" Répéta le premier ministre d'une voix rauque.

"Aucun besoin de s'inquiéter, aucun besoin de s'inquiéter!" cria Fudge, déjà un pied dans les flammes. "Nous les aurons récupérés en un rien de temps… J'ai pensé qu'il fallait juste vous prévenir !"