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– REVIENS ICI TOUT DE SUITE ! hurla-t-il. REVIENS IMMÉDIATEMENT ET RENDS-LUI SA FORME NORMALE !

Mais Harry était aveuglé par la rage. Il ouvrit sa valise d’un coup de pied, saisit sa baguette magique et la pointa sur l’oncle Vernon.

– Elle a mérité ce qui lui arrive, dit-il, la respiration précipitée. Et que personne ne s’approche de moi !

À tâtons, il attrapa la poignée de la porte et l’ouvrit.

– Je m’en vais, dit-il. J’en ai assez !

Un instant plus tard, il se retrouva dans la rue sombre et silencieuse, traînant derrière lui sa lourde valise, la cage d’Hedwige sous le bras.

3. LE MAGICOBUS

Harry parcourut plusieurs autres rues en traînant péniblement sa valise derrière lui, avant de s’effondrer hors d’haleine sur un muret de Magnolia Crescent. Sa fureur toujours aussi vive, il resta un long moment sans bouger, à écouter les battements de son cœur.

Mais au bout de dix minutes de solitude dans cette rue obscure, un autre sentiment s’empara de lui : la panique. Il avait beau examiner la situation sous tous les angles, jamais il ne s’était trouvé dans un tel pétrin. Il était dehors, seul dans le monde hostile des Moldus, sans le moindre endroit où se réfugier. Le pire, c’était qu’il avait eu recours à un puissant sortilège, ce qui signifiait qu’il serait presque certainement expulsé de Poudlard. Il avait violé avec tant d’impudence le Décret sur la Restriction de l’usage de la magie chez les sorciers de premier cycle qu’il s’étonnait de n’avoir pas encore vu de représentants du ministère de la Magie surgir devant lui.

Harry frissonna et scruta Magnolia Crescent. Qu’allait-il lui arriver ? Allait-il être arrêté ou simplement banni du monde des sorciers ? Il pensa à Ron et à Hermione et se sentit encore plus désemparé. Il était sûr que, délinquant ou pas, Ron et Hermione auraient tout fait pour l’aider, mais ils étaient tous deux à l’étranger et maintenant qu’Hedwige était partie, il n’avait plus aucun moyen de les contacter.

Il n’avait pas non plus d’argent moldu. Il lui restait un peu d’or de sorcier dans un porte-monnaie au fond de sa valise, mais le reste de la fortune que ses parents lui avaient léguée se trouvait à Londres dans une chambre forte de chez Gringotts, la banque des sorciers. Et il n’aurait sûrement pas la force de traîner sa valise jusqu’à Londres. À moins que…

Il regarda sa baguette magique qu’il serrait toujours dans sa main. S’il était déjà exclu de Poudlard (le rythme de son cœur s’accéléra douloureusement à cette pensée), ce n’était pas un peu de magie supplémentaire qui aggraverait les choses. Il disposait de la cape d’invisibilité héritée de son père, alors pourquoi ne pas user d’un sortilège pour rendre sa valise aussi légère qu’une plume, puis l’attacher à son balai, et enfin s’envelopper dans la cape d’invisibilité pour voler jusqu’à Londres sans être vu ? Il pourrait alors prendre son argent dans la chambre forte et… commencer sa vie de banni. C’était une horrible perspective, mais il ne pouvait pas rester indéfiniment assis sur ce muret, sinon la police des Moldus finirait par venir lui demander ce qu’il faisait dehors en pleine nuit avec une valise qui contenait une collection de grimoires et un balai magique.

Harry ouvrit la valise et fouilla dans ses affaires pour dénicher sa cape d’invisibilité, mais avant même de l’avoir trouvée, il se redressa soudain en regardant à nouveau autour de lui.

Un curieux frisson sur la nuque lui avait donné l’impression que quelqu’un l’observait, mais la rue était déserte et il n’y avait pas de fenêtre allumée aux environs.

Il recommença à fouiller dans sa valise, mais il se releva presque aussitôt, la main crispée sur sa baguette magique. Il l’avait senti plus qu’entendu : quelque chose ou quelqu’un se trouvait dans l’espace étroit entre le muret et le garage de la maison devant laquelle il s’était arrêté. Harry scruta les ténèbres de l’allée. Si seulement ce qui l’observait avait bougé, il aurait su de quoi il s’agissait, un chat errant… ou autre chose.

Lumos, marmonna-t-il.

Sa baguette magique projeta une lumière vive qui l’aveugla presque. Il la leva au-dessus de sa tête et la surface crépie du muret se mit à briller sous le rayon lumineux qui éclairait également la porte du garage. Dans l’espace qui les séparait, Harry distingua alors une silhouette massive dotée de grands yeux scintillants.

Harry recula d’un pas, trébucha contre sa valise et perdit l’équilibre. Il lâcha sa baguette qui fut projetée dans les airs sous le choc et tendit le bras en arrière pour essayer d’amortir sa chute mais il ne put éviter de tomber brutalement dans le caniveau.

Au même instant, il entendit une forte détonation et une lumière aveuglante jaillit soudain, l’obligeant à lever les mains pour se protéger les yeux.

Il poussa un cri et roula sur le trottoir juste à temps. Deux roues gigantesques surmontées d’énormes phares s’immobilisèrent dans un crissement de pneus à l’endroit précis où il était tombé un instant auparavant. En levant la tête, Harry s’aperçut que les roues appartenaient à un bus violet à double impériale qui venait de surgir du néant. Sur le pare-brise était écrit en lettres d’or : Magicobus.

Pendant une fraction de seconde, Harry se demanda si sa chute ne lui avait pas fait perdre la tête. Un contrôleur en uniforme violet sauta alors du bus en lançant d’une voix sonore :

– Bienvenue à bord du Magicobus, transport d’urgence pour sorcières et sorciers en perdition. Faites un signe avec votre baguette magique et montez, montez, nous vous emmènerons où vous voudrez. Je m’appelle Stan Rocade et je serai votre contrôleur cette…

L’homme s’interrompit. Il venait d’apercevoir Harry, toujours assis sur le trottoir. Harry ramassa sa baguette magique et se releva. De près, il s’aperçut que Stan Rocade n’était guère plus âgé que lui. Il devait avoir dix-huit ou dix-neuf ans tout au plus. Ses oreilles étaient largement décollées et il avait pas mal de boutons sur la figure.

– Qu’est-ce que tu faisais par terre ? s’étonna Stan, d’un ton qui n’avait plus rien de professionnel.

– Je suis tombé, dit Harry.

– Qu’est-ce qui t’a pris ?

– Je ne l’ai pas fait exprès, répliqua Harry, agacé.

Il s’était tordu un genou et la main avec laquelle il avait essayé de se rattraper était en sang. Il se rappela brusquement la raison de sa chute et tourna aussitôt la tête en direction de l’allée, entre le muret et le garage. Les phares du Magicobus l’inondaient de lumière, mais elle était vide.

– Qu’est-ce que tu regardes ? demanda Stan.

– Il y avait une grande chose noire, là, expliqua Harry en montrant vaguement l’espace vide. On aurait dit un chien, un très gros chien…

Il se tourna vers Stan qui le regardait la bouche entrouverte. Avec un sentiment de malaise, Harry vit que les yeux de Stan s’étaient posés sur la cicatrice en forme d’éclair qu’il avait au front.

– Qu’est-ce que c’est que ce truc sur ta tête ? demanda soudain le contrôleur.

– Ce n’est rien, répondit précipitamment Harry en se lissant les cheveux pour cacher la cicatrice.