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Si le ministère de la Magie était à sa recherche, il n’avait pas envie de lui faciliter la tâche.

– Tu t’appelles comment ? interrogea Stan.

– Neville Londubat, répondit Harry en donnant le premier nom qui lui venait à l’esprit. Alors, comme ça, ce bus va où on veut… poursuivit-il en espérant changer de sujet.

– Ouais, dit fièrement Stan, absolument où on veut, à condition que ce soit sur la terre ferme. Il ne roule pas sous l’eau. Mais dis donc, continua-t-il d’un air à nouveau soupçonneux, tu nous as fait signe, pas vrai ? Tu as agité ta baguette magique, c’est bien ça ?

– Oui, oui, dit rapidement Harry. Combien ça me coûterait d’aller à Londres ?

– Onze Mornilles, répondit Stan, mais pour quatorze, tu as droit à une tasse de chocolat chaud en plus, et pour quinze, on te donne une bouteille d’eau chaude et une brosse à dents de la couleur de ton choix.

Harry fouilla à nouveau dans sa valise, en retira son porte-monnaie et fourra quelques pièces d’argent dans la main de Stan. Avec l’aide du contrôleur, il hissa la valise dans l’autobus, posa dessus la cage d’Hedwige, puis monta dans le bus.

À l’intérieur, il n’y avait pas de sièges. Ils avaient été remplacés par des lits en cuivre, alignés derrière les fenêtres masquées par des rideaux. Des bougies brûlaient dans des chandeliers, illuminant les parois lambrissées du véhicule. À l’arrière, un minuscule sorcier coiffé d’un bonnet de nuit murmura :

– Non merci, pas maintenant, je fais des conserves de limaces.

Puis il se retourna dans son sommeil.

– Installe-toi là, murmura Stan en poussant la valise de Harry sous le lit situé derrière le conducteur du bus, assis dans un fauteuil de salon devant son volant. Voici notre chauffeur, il s’appelle Ernie Danlmur. Ern, je te présente Neville Londubat.

Ernie Danlmur, un vieux sorcier aux épaisses lunettes, adressa un signe de tête à Harry qui lissa ses cheveux d’un geste fébrile pour bien cacher sa cicatrice et s’assit sur son lit.

– On peut y aller, Ern, dit Stan en prenant place dans un autre fauteuil de salon, à côté du chauffeur.

Il y eut une nouvelle détonation assourdissante et Harry bascula en arrière, déséquilibré par le démarrage en trombe du Magicobus. Il se redressa et regarda à travers la vitre. À présent, l’autobus filait le long d’une tout autre rue, très différente de celle qu’il venait de quitter. Stan prenait grand plaisir à observer l’expression stupéfaite de Harry.

– C’était là qu’on était avant que tu nous fasses signe, dit-il. Où on est, Ern ? Quelque part au pays de Galles, non ?

– Ouais, répondit Ernie.

– Comment ça se fait que les Moldus n’entendent pas le bus ? s’étonna Harry.

– Eux ? dit Stan d’un ton méprisant. Ils ne savent pas écouter. Savent pas regarder non plus, d’ailleurs. Ne font jamais attention à rien. Jamais.

– Il faudrait réveiller Madame Dumarais, Stan, dit Ernie. On va arriver à Abergavenny dans une minute.

Stan passa devant Harry et disparut dans un étroit escalier aux marches de bois. Harry, de plus en plus nerveux, continuait de regarder par la fenêtre. Ernie ne semblait pas très bien maîtriser l’usage d’un volant. Le Magicobus ne cessait de monter sur les trottoirs et pourtant, il ne heurtait aucun obstacle. Les réverbères, les boîtes à lettres et les poubelles s’écartaient d’un bond à son approche et reprenaient leur place quand il était passé.

Stan redescendit, suivi d’une sorcière au teint légèrement verdâtre, emmitouflée dans une cape de voyage.

– Vous êtes arrivée, Madame Dumarais, dit Stan d’un ton joyeux.

Ernie écrasa le frein et tous les lits glissèrent d’une trentaine de centimètres vers l’avant du bus. Madame Dumarais plaqua un mouchoir contre sa bouche et descendit les marches d’un pas mal assuré. Lorsqu’elle fut sortie du bus, Stan jeta sa valise derrière elle puis referma les portières d’un geste vigoureux. Il y eut une nouvelle détonation et ils foncèrent le long d’un étroit chemin de campagne bordé d’arbres qui s’écartaient pour les laisser passer.

Même s’il ne s’était pas trouvé dans un autobus qui n’arrêtait pas d’exploser en sautant des centaines de kilomètres d’un coup, Harry aurait été incapable de dormir. Il ne cessait de se demander ce qui allait lui arriver et son estomac se contractait douloureusement à cette pensée. Il se demandait également si les Dursley avaient réussi à faire redescendre la tante Marge du plafond.

Stan avait ouvert La Gazette du sorcier et la lisait attentivement, la langue entre les dents. À la une, la photo d’un homme au visage émacié et aux longs cheveux emmêlés clignait lentement de l’œil en direction de Harry. Ce visage lui disait vaguement quelque chose.

– Cet homme ! s’exclama soudain Harry. Les Moldus en ont parlé à la télé !

Stanley jeta un coup d’œil à la photo et pouffa de rire.

– Sirius Black, dit-il en hochant la tête. Bien sûr que les Moldus en ont parlé. D’où tu sors ?

Devant l’expression interdite de Harry, il eut un petit rire supérieur et lui tendit la première page du journal.

– Tu devrais lire les journaux plus souvent, Neville, lança-t-il.

Harry approcha le journal de la bougie et lut :

BLACK TOUJOURS INTROUVABLE

Sirius Black, qui peut prétendre au titre de plus infâme criminel jamais détenu à la forteresse d’Azkaban, échappe toujours aux recherches, nous confirme aujourd’hui le ministère de la Magie.

« Nous faisons notre possible pour capturer Black, nous a déclaré ce matin Cornelius Fudge, le ministre de la Magie, et nous demandons instamment à la communauté des sorcières et sorciers de rester calme. »

Fudge a été critiqué par certains membres de la Fédération internationale des Mages et Sorciers pour avoir informé de la situation le Premier ministre moldu.

« Il est clair que c’était mon devoir, a déclaré Cornelius Fudge non sans une certaine irritation. Black est un fou, il représente un danger pour quiconque se trouve en sa présence, sorcier ou Moldu. J’ai obtenu du Premier ministre l’assurance qu’il ne dirait pas un mot à qui que ce soit de la véritable identité de Black. D’ailleurs, ne nous y trompons pas : qui le croirait si jamais il le faisait ? »

Les Moldus ont été avertis que Black était armé d’un pistolet (sorte de baguette magique dont les Moldus se servent pour s’entre-tuer), mais ce que craint la communauté des sorcières et sorciers, c’est un massacre tel que celui qui s’est produit il y a douze ans, lorsque Black a tué treize personnes d’un coup en lançant un seul sort.

Harry regarda les yeux sombres de Sirius Black, la seule partie de son visage décharné qui semblait vivante. Harry n’avait jamais rencontré de vampire, mais il en avait vu en photo dans les cours de Défense contre les forces du Mal et Black, avec ses joues cireuses, avait l’air d’en être un.

– Il fait peur, pas vrai ? dit Stan qui observait Harry.

– Il a vraiment tué treize personnes ? demanda Harry en lui rendant le journal. En jetant un seul sort ?

– Oui, dit Stan. En plein jour et devant témoins. Ça a fait une de ces histoires, pas vrai, Ern ?

– Ouais, dit Ernie d’un air sombre.

Stan pivota dans son fauteuil, les mains derrière la nuque, pour mieux voir Harry.

– Black était un des grands partisans de Tu-Sais-Qui, dit-il.

– Quoi, Voldemort ? répondit machinalement Harry.

Les boutons qui constellaient le visage de Stan devinrent livides. Ernie sursauta, donnant un coup de volant si brutal qu’une ferme tout entière dut s’écarter d’un bond pour éviter le bus.