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– J’ai bien peur que oui… répondit Lupin.

Il ouvrit les tiroirs de son bureau et commença à les vider de leur contenu.

– Mais pourquoi ? dit Harry. Le ministère de la Magie n’a pas cru que vous avez aidé Sirius, n’est-ce pas ?

Lupin alla fermer la porte du bureau.

– Non, répondit-il. Le professeur Dumbledore a réussi à convaincre Fudge que j’ai essayé de vous sauver la vie. C’était le comble pour Severus. Je crois qu’il a reçu un rude coup en voyant qu’il allait perdre l’Ordre de Merlin. Et donc, ce matin, au petit déjeuner, il a… heu… accidentellement révélé que je suis un loup-garou.

– Vous n’allez quand même pas partir simplement à cause de ça ! s’exclama Harry.

Lupin eut un sourire las.

– Demain matin à cette heure-ci, les hiboux envoyés par les parents vont commencer à arriver. Ils ne voudront jamais que leurs enfants aient un loup-garou comme professeur. Et après ce qui s’est passé hier soir, je les comprends, Harry. J’aurais pu mordre n’importe lequel d’entre vous… Il ne faut pas que cela puisse se reproduire.

– Vous êtes le meilleur professeur de Défense contre les forces du Mal qu’on ait jamais eu ! dit Harry. Ne partez pas !

Lupin hocha la tête en silence et continua de vider ses tiroirs.

– D’après ce que m’a dit le directeur ce matin, reprit-il, vous avez sauvé la vie de plusieurs personnes, hier soir, Harry. S’il y a une chose dont je suis fier, c’est des progrès que vous avez faits. Parlez-moi un peu de votre Patronus.

– Comment savez-vous que j’en ai créé un ? s’étonna Harry.

– Sinon, comment auriez-vous fait reculer les Détraqueurs ?

Harry raconta à Lupin ce qui s’était passé. Lorsqu’il eut terminé, Lupin eut un nouveau sourire.

– Oui, votre père se transformait toujours en cerf, dit-il. Vous avez bien deviné… C’est pour ça qu’on l’appelait Cornedrue.

Lupin jeta ses derniers livres dans la valise, referma les tiroirs de son bureau et se tourna vers Harry.

– Tenez… J’ai rapporté ça de la Cabane hurlante hier soir, dit-il en tendant à Harry sa cape d’invisibilité.

Il hésita, puis lui donna également la carte du Maraudeur.

– Je ne suis plus votre professeur, je peux donc également vous rendre ceci sans me sentir coupable… Je n’en ai pas l’usage, mais j’imagine qu’elle vous sera utile…

Harry prit la carte avec un sourire.

– Vous m’avez dit que Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue voulaient m’attirer à l’extérieur de l’école… Vous disiez qu’ils trouveraient ça drôle.

– C’est vrai, répondit Lupin en fermant sa valise. Je n’hésite pas à affirmer que James aurait été singulièrement déçu si son fils n’avait jamais découvert aucun des passages secrets qui permettent de sortir du château.

Quelqu’un frappa à la porte. Harry fourra précipitamment la carte du Maraudeur et la cape d’invisibilité dans sa poche.

C’était le professeur Dumbledore. Il ne sembla pas surpris de trouver Harry dans le bureau de Lupin.

– Votre fiacre est à la porte, Remus, dit-il.

– Merci, Monsieur le Directeur.

Lupin prit sa valise et l’aquarium vide.

– Bon, eh bien… au revoir, Harry, dit-il en souriant. C’était vraiment un plaisir de vous avoir comme élève. Je suis sûr que nous nous reverrons un jour. Monsieur le Directeur, inutile de m’accompagner, je trouverai le chemin…

Harry eut l’impression que Lupin voulait partir le plus vite possible.

– Alors, au revoir, Remus, dit sobrement Dumbledore.

L’aquarium sous le bras, Lupin serra la main de Dumbledore. Puis il adressa un signe de tête et un bref sourire à Harry et quitta le bureau.

Harry s’assit et regarda par terre d’un air sombre. Lorsqu’il entendit la porte se refermer, il releva la tête. Dumbledore était toujours là.

– Pourquoi as-tu l’air si accablé, Harry ? demanda-t-il. Tu devrais au contraire être très fier de toi après ce qui s’est passé la nuit dernière.

– Ça ne change rien, répondit Harry d’un ton amer. Pettigrow a réussi à s’échapper.

– Ça ne change rien ? Au contraire, ça change tout. Tu as aidé à révéler la vérité et tu as permis à un innocent d’échapper à un sort terrible.

Terrible. Quelque chose remua dans la mémoire de Harry. Plus puissant et plus terrible que jamais… La prédiction du professeur Trelawney !

– Professeur Dumbledore, dit-il. Hier, quand j’ai passé mon examen de Divination, le professeur Trelawney est devenue très… très bizarre.

– Vraiment ? Tu veux dire plus bizarre que d’habitude ?

– Oui… Sa voix était grave, tout d’un coup, elle roulait les yeux et elle a dit… elle a dit que le serviteur de Voldemort partirait rejoindre son maître avant minuit… Elle a dit que son serviteur l’aiderait à retrouver sa puissance. Ensuite, elle est redevenue normale et elle ne se souvenait plus du tout de ce qu’elle avait dit. Est-ce que… Est-ce qu’elle a fait une véritable prédiction ?

Dumbledore ne parut pas très impressionné.

– C’est possible, Harry, dit-il d’un air songeur. Qui aurait pu le penser ? Voilà qui porte le nombre de ses prédictions vérifiées à un total de deux. Je devrais lui donner une augmentation…

– Mais…

Harry regarda Dumbledore d’un air effaré. Comment pouvait-il prendre les choses aussi calmement ?

– J’ai empêché Sirius et le professeur Lupin de tuer Pettigrow ! dit-il. Ce sera ma faute si Voldemort revient !

– Non, répondit Dumbledore d’un ton paisible. L’expérience que tu as vécue avec le Retourneur de Temps ne t’a donc rien appris ? Les conséquences de nos actions sont toujours si complexes, si diverses, que prévoir l’avenir est une entreprise bien difficile… Le professeur Trelawney en est la preuve vivante. Tu as fait quelque chose de très noble en sauvant la vie de Pettigrow.

– Mais s’il aide Voldemort à reprendre le pouvoir !

– Pettigrow te doit la vie. Tu as envoyé à Voldemort quelqu’un qui a une dette envers toi. Lorsqu’un sorcier sauve la vie d’un autre sorcier, il se crée un certain lien entre eux… Et je serais très étonné que Voldemort veuille d’un serviteur qui a une dette envers Harry Potter.

– Et moi, je ne veux pas avoir de lien avec Pettigrow ! dit Harry. Il a trahi mes parents !

– Il s’agit là de magie à son niveau le plus profond, le plus impénétrable, Harry. Mais crois-moi… Un jour viendra peut-être où tu seras très content d’avoir sauvé la vie de Pettigrow.

Harry ne parvenait pas à imaginer qu’un tel jour puisse arriver. Dumbledore semblait avoir lu dans ses pensées.

– J’ai très bien connu ton père, Harry, à Poudlard et plus tard, dit-il avec douceur. Lui aussi aurait épargné Pettigrow, j’en suis persuadé.

Harry regarda Dumbledore. Il savait qu’il ne parlait pas à la légère. Il pouvait donc lui dire :

– Hier soir, dit Harry, j’ai cru que c’était mon père qui avait créé un Patronus pour moi. Quand je me suis vu sur l’autre rive du lac… j’ai cru que c’était lui que je voyais.

– Une erreur qu’on peut comprendre, dit Dumbledore. J’imagine que tu en as assez d’entendre ça, mais tu ressembles à James d’une manière extraordinaire. À part les yeux… Tu as les yeux de ta mère.

Harry hocha la tête.

– J’ai été bête de penser que c’était lui, murmura-t-il. Je savais bien qu’il était mort.

– Tu crois donc que les morts que nous avons aimés nous quittent vraiment ? Tu crois que nous ne nous souvenons pas d’eux plus clairement que jamais lorsque nous sommes dans la détresse ? Ton père vit en toi, Harry, et il se montre davantage lorsque tu as besoin de lui. Sinon, comment aurais-tu pu créer ce Patronus en particulier ? Cornedrue est revenu la nuit dernière.