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Il fallut quelques instants à Harry pour comprendre le sens des paroles de Dumbledore.

– Hier soir, Sirius m’a raconté comment ils étaient devenus des Animagi, dit Dumbledore avec un sourire. Un exploit extraordinaire… ce qui est encore plus extraordinaire, c’est de l’avoir fait à mon insu. Je me suis alors rappelé la forme très inattendue qu’avait prise ton Patronus lorsqu’il s’est attaqué à Mr Malefoy déguisé en Détraqueur, le jour du match contre Serdaigle. C’est donc bien ton père que tu as vu la nuit dernière, Harry… Et c’est en toi que tu l’as découvert.

Dumbledore sortit alors du bureau, laissant Harry à ses pensées qui se brouillaient dans sa tête.

Harry, Ron, Hermione et le professeur Dumbledore étaient les seuls à savoir ce qui s’était passé la nuit où Sirius, Buck et Pettigrow s’étaient enfuis. À mesure qu’approchait la fin des classes, Harry entendait de plus en plus de théories qui prétendaient expliquer les événements, mais aucune ne ressemblait si peu que ce fût à la vérité.

Malefoy était furieux que Buck se soit enfui. Il avait la certitude que Hagrid s’était arrangé pour le mettre à l’abri et paraissait outré que son père et lui aient pu se laisser berner par un garde-chasse. Percy Weasley, pour sa part, avait beaucoup de choses à dire sur la fuite de Sirius.

– Si jamais j’arrive à entrer au ministère, j’aurai beaucoup de choses à proposer pour faire respecter la loi ! affirmait-il à la seule personne qui consentait à l’écouter, c’est-à-dire Pénélope, sa petite amie.

Le temps était idéal, l’atmosphère joyeuse, et il savait qu’il avait réussi l’impossible pour aider Sirius à retrouver la liberté. Pourtant, Harry ne s’était jamais senti aussi déprimé en cette période de l’année.

Il n’était pas le seul à regretter le départ du professeur Lupin. Tous les élèves du cours de Défense contre les forces du Mal étaient attristés par sa démission.

– Je me demande qui ils vont nous mettre l’année prochaine, dit sombrement Seamus Finnigan.

– Un vampire, peut-être, suggéra Dean Thomas avec une nuance d’espoir.

Ce n’était pas seulement le départ du professeur Lupin qui préoccupait Harry. Il ne pouvait s’empêcher de penser très souvent à la prédiction du professeur Trelawney et se demandait sans cesse où pouvait bien se trouver Pettigrow, à présent. Était-il déjà en sûreté auprès de Voldemort ? Mais ce qui l’accablait encore davantage, c’était la perspective de devoir retourner chez les Dursley. Pendant environ une demi-heure, une magnifique demi-heure, il avait cru qu’il irait vivre chez Sirius, désormais… Le meilleur ami de ses parents… C’était presque aussi bien que de retrouver son père. Il n’avait pas de nouvelles de Sirius, ce qui était bon signe, car cela signifiait qu’il avait réussi à se cacher quelque part. Mais Harry ne pouvait s’empêcher de ressentir une profonde tristesse en pensant à cette maison qu’il aurait pu avoir et qui n’était plus qu’un rêve, maintenant.

Les résultats des examens furent affichés le dernier jour du trimestre. Harry, Ron et Hermione avaient réussi toutes les épreuves. Harry était stupéfait d’avoir obtenu son examen de Potions. Il soupçonnait Dumbledore d’être intervenu pour empêcher Rogue de le recaler volontairement. Le comportement de Rogue envers Harry au cours de cette dernière semaine lui avait paru inquiétant. Harry n’aurait jamais pensé que Rogue pût le détester encore davantage, mais c’était pourtant le cas. Chaque fois que Rogue le regardait, un tic agitait le coin de sa bouche et il ne cessait de remuer les doigts comme s’il avait rêvé de les serrer autour de son cou.

Percy avait obtenu sa meilleure note à son A.S.P.I.C., Fred et George avaient récolté une poignée de B.U.S.E. chacun. Par surcroît, Gryffondor, grâce notamment à ses prouesses sur le terrain de Quidditch, avait gagné la coupe des Quatre Maisons pour la troisième année consécutive. La Grande Salle fut donc décorée aux couleurs rouge et or de Gryffondor pour le banquet de fin d’année et la table des vainqueurs se montra de très loin la plus bruyante. Ce soir-là, Harry parvint même à faire la fête en oubliant que, le lendemain, il lui faudrait retourner chez les Dursley.

Lorsque le Poudlard Express quitta la gare, le lendemain matin, Hermione annonça à Ron et à Harry une nouvelle surprenante.

– Je suis allée voir le professeur McGonagall ce matin, juste avant le petit déjeuner, dit-elle. Et j’ai décidé d’abandonner l’étude des Moldus.

– Mais tu as eu ton examen avec trois cent vingt pour cent de bonnes réponses ! dit Ron.

– Je sais, soupira Hermione, mais je ne pourrai pas supporter une autre année comme celle-ci. Ce Retourneur de Temps me rendait folle. Je l’ai rendu. Sans l’étude des Moldus et la Divination, j’aurai de nouveau un emploi du temps normal.

– Je ne comprends toujours pas que tu ne nous aies rien dit, ronchonna Ron. Normalement, nous sommes tes amis !

– J’avais promis de ne rien dire à personne, répondit Hermione d’un air sévère.

Elle se tourna vers Harry qui regardait le château disparaître derrière une montagne en pensant qu’il faudrait attendre deux mois avant de le revoir…

– Ne sois pas triste, Harry, dit Hermione.

– Je pensais aux vacances, répondit Harry.

– Moi aussi, j’y ai pensé, dit Ron. Harry, il faut que tu viennes à la maison. J’arrangerai ça avec mes parents et je t’appellerai. Je sais comment me servir d’un fêlétone, maintenant.

– Un téléphone, Ron, rectifia Hermione. Tu devrais étudier les Moldus, l’année prochaine…

Ron ne lui répondit pas.

– C’est la coupe du monde de Quidditch, cet été ! dit-il. Qu’est-ce que tu en dis ? Viens à la maison et on ira ensemble ! Mon père s’arrange toujours pour avoir des billets par le ministère.

Cette proposition eut pour effet de remonter sensiblement le moral de Harry.

– J’imagine que les Dursley seront ravis de me laisser partir… Surtout après ce que j’ai fait à la tante Marge…

Vers la fin de l’après-midi, Harry eut enfin une excellente raison de retrouver toute sa gaieté.

– Harry, lui dit Hermione, le regard tourné vers la fenêtre, qu’est-ce que c’est que ça ?

Harry jeta un coup d’œil au-dehors. Une petite boule grise venait d’apparaître derrière la vitre. Il se leva pour mieux voir : c’était un minuscule hibou qui portait une lettre beaucoup trop grande pour lui. Le hibou était si petit qu’il avait peine à voler dans les remous d’air provoqués par la vitesse du train. Harry se hâta d’ouvrir la fenêtre, tendit le bras et attrapa l’oiseau. On aurait dit un Vif d’or en peluche. Le hibou laissa tomber la lettre sur la banquette et se mit à voleter d’un air joyeux dans le compartiment comme s’il était très fier d’avoir accompli sa mission. Hedwige fit claquer son bec en signe de désapprobation. Pattenrond se leva et suivit l’oiseau de ses grands yeux jaunes. Ron attrapa alors le hibou pour le protéger.

La lettre était adressée à Harry. Il ouvrit l’enveloppe et s’exclama :

– C’est Sirius !

– Quoi ? s’écrièrent Ron et Hermione d’une même voix. Lis-nous ça !

Cher Harry,

J’espère que cette lettre te parviendra avant que tu n’arrives chez ton oncle et ta tante. J’ignore s’ils ont l’habitude de recevoir du courrier par hibou postal.

Buck et moi, nous nous cachons. Je ne te dirai pas où, au cas où cette lettre tomberait en de mauvaises mains. Je ne sais pas si on peut faire confiance à ce hibou, mais c’est le seul que j’aie trouvé et il avait l’air très content de faire ce travail.