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Elle vit qu'il y avait une place vide à côté de Padma. Ce serait l'endroit où s'asseoir si elle décidait d'en parler à Padma puis demander à Padma de le dire à Daphné et à Tracey.

Hermione marcha vers la place vide à côté de celle de Padma.

Des mots attendaient dans sa gorge, Padma, j'ai reçu un message mystérieux...

Et elle pouvait sentir un immense mur de brique à l'intérieur d'elle qui empêchait les mots de sortir. Elle mettrait Hannah, Susan et Daphné en danger. Elle persuaderait, elle les prendrait la main et entraînerait vers le danger. Ce serait Mal.

Ou elle pourrait juste essayer de s'occuper des brutes elle-même sans rien dire à ses amis, et il était tout à fait évident que ça aussi, ce serait Mal.

Hermione savait qu'elle faisait face à un Dilemme Moral, exactement comme tous ces sorciers et ces sorcières dont elle avait lu les histoires. Seulement dans les histoires, les gens avaient toujours un bon choix et un mauvais choix, pas deux mauvais, ce qui en l'occurrence semblait un peu injuste. Mais sans qu'elle sache comment, elle avait la sensation - peut-être cela venait-il du ton sur lequel Harry parlait toujours de la façon dont les livres d'Histoire les verraient - qu'elle faisait face à une décision Héroïque, et que toute sa vie pouvait partir dans une direction ou dans une autre selon ce qu'elle décidait là, maintenant, ce matin.

Hermione s'assit à la table sans regarder d'un côté ni de l'autre, se contentant de fixer l'assiette et les couverts comme si des réponses avaient été cachées à l'intérieur en réfléchissant aussi vite qu'elle le pouvait, et quelques secondes plus tard elle entendit la voix de Padma chuchoter, presque au creux de son oreille : "Daphné dit qu'elle sait où trouver une brute à dix heures et demie aujourd'hui."

Foutues.

Selon Susan Bones, elles étaient toutes foutues.

Tantine lui racontait parfois des histoires qui commençaient comme ça, des histoires de gens qui faisaient quelque chose qu'ils savaient être stupide, et les histoires finissait généralement avec quelqu'un qui se retrouvait complètement foutu à terre, sur les murs, et sur les chaussures de Tantine.

"Hé, Padma," marmonna Parvati, sa voix à peine audible par-dessus les légers impacts de huit filles marchant sur la pointe des pieds dans le couloir qui menait à la salle de potions, "t'sais pourquoi Hermione a soupiré toute la matinée -"

"On se tait !" siffla Lavande, le dur chuchotement bien plus puissant que le marmonnement de Parvati. "On ne sait jamais quand le Mal écoute !"

"Shhh !" dirent trois autres filles encore plus fort.

Absolument, totalement, extrêmement foutues.

Alors qu'elles s'approchaient de la quatrième coursive à gauche de la salle de potions, là où l'informateur mystérieux de Daphné avait dit que les brutalisations auraient lieu, les huit filles ralentirent, le bruit de leurs pas devint plus doux, et le général Granger fit enfin le geste qui signifiait Halte, je vais voir.

Lavande leva alors une main et, quand Hermione se fut tournée pour la regarder, Lavande, l'air perplexe, pointa un doigt vers le couloir, se désigna elle-même, puis essaya d'exprimer quelque chose que Susan ne comprit pas -

Le général Granger secoua la tête et à nouveau, cette fois avec des mouvements plus lents et plus exagérés, fit le signe pour Halte, je vais voir.

Lavande, l'air encore plus perplexe, pointa vers l'endroit d'où elles venaient et de son autre main fit le geste de rebondir.

Maintenant tout le monde avait l'air encore plus perplexe que Lavande et Susan songea avec aigreur que manifestement, une heure de pratique deux jours plus tôt ne suffisait pas à se souvenir d'un nouvel ensemble de signaux codés.

Hermione pointa vers Lavande, puis vers le sol sur lequel elle se tenait, l'expression de son visage rendant limpide le sens voulu : Tu. Reste. Ici.

Lavande hocha la tête.

Doom doom doom, les mots de la marche de la légion du Chaos revinrent à l'esprit de Susan, doom doom doom doom doom doom... [NdT: jeu de mot difficile à traduire, doomed peut vouloir dire 'foutu']

Hermione fouilla dans ses robes et en sortit un petit bâton muni d'un miroir et d'un oculaire. Très doucement, oh si doucement, la Serdaigle avança vers le mur jusqu'à l'endroit où la coursive s'ouvrait vers un couloir et fit dépasser juste le bout de l'oculaire au-delà de l'angle.

Puis un peu plus.

Puis un peu plus.

Puis le général Granger fit précautionneusement passer sa tête.

Elle se retourna alors, hocha la tête et fit le geste pour suivez-moi.

Susan se sentit un peu mieux alors qu'elle s'avançait. Apparemment, la partie du Plan qui disait qu'elles devaient arriver une demi-heure avant les brutes avait marché. Peut-être n'étaient-elles que légèrement foutues ?

À dix heures vingt-neuf, presque à l'heure pile, la brute arriva. Si quiconque avait été présent pour l'entendre - même si le couloir était apparemment vide - cette personne aurait entendu les chaussures de la brute produire un fort cliquetis dans le couloir principal, entrer dans la coursive, marcher vers l'endroit où la coursive prenait son premier tournant, passer ce tournant, puis s'arrêter, assez surprise de constater que cette coursive se terminait maintenant par un solide mur de brique là où il n'y en avait eu aucun auparavant.

Puis la brute haussa les épaules et se détourna tout en se penchant pour observer le couloir principal derrière l'angle.

Après tout, on était à Poudlard.

Derrière les cloisons métamorphosées à la hâte dotées de l'apparence d'un mur de brique, les filles attendaient ; sans parler, sans bouger, sans presque respirer, mais en regardant à travers les trous qu'elles avaient laissé dans les cloisons.

Susan put sentir une contraction de sa poitrine jusqu'à ses orteils lorsque la brute entra dans son champ de vision. Le garçon semblait être en septième année, voir même plus vieux, ses robes étaient brodées de vert au lieu du rouge qu'elles avaient espéré, il avait des muscles et, après regardé un peu plus longtemps, Susan se rendit compte que sa posture révélait qu'il était un duettiste.

Puis elles entendirent toutes le son d'autres pas qui s'approchaient dans le couloir. Les Gryffondor et Serpentard de quatrième année venaient de sortir de leur cours de potions.

Le crépitement des pieds passa, diminua et s'estompa, et la brute ne fit rien. L'espace d'un instant Susan se sentit soulagée -

Puis un autre groupe de bruit de pas plus petit approcha.

La brute ne fit toujours rien et les pas s'en allèrent.

Cela se produisit plusieurs fois encore.

Puis, alors qu'approchait un dernier ensemble de pas faiblement audible, les sept filles entendirent la voix de la brute qui disait, claire, froide et basse : "Protego".

Quelqu'un s'étrangla alors, mais celle-ci le fit heureusement très très doucement. Si elles ne pouvaient même pas l'atteindre -

Susan se rendit compte que les brutes apprenaient déjà. Elle ne s'était pas attendue à ce que la S.P.E.H.S. soit capable de faire ça très souvent avant que les brutes ne comprennent - mais - Hermione avait déjà vaincu trois brutes - et la veille, l'école avait bourdonnée de spéculations quant au fantôme de Salazar Serpentard -

Il nous attend !

Susan aurait dû murmurer d'abandonner, d'annuler le plan, mais il n'y avait aucun moyen de faire passer le message à -