"Susan ne ferait pas une chose pareille !" dit Parvati. "Même s'il y avait -"
"QU'EST-CE QUI SE PASSE ICI ?" rugit une voix suraiguë et couinante, et le professeur Flitwick déboula dans le couloir en partie fondu tel un petit paquet dangereusement comprimé de furie académique, suivi d'une Padma au visage de cendre qui haletait derrière lui.
"Qu'est-ce qui s'est passé ?" laissa échapper Susan face à la fille qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau mis à part les robes écorchées et imbibées de sueur.
"Oh, excellente question !" dit l'autre Susan Bones tout en se débarrassant rapidement de ce qui restait des vêtements qu'elle avait empruntés. Un instant plus tard la fille commença à se métamorphoser en sa forme plus usuelle de Nymphadora Tonks. "Désolé mais je n'ai rien su inventer alors tu as environ trois minutes pour trouver une réponse à cette -"
Comme Daphné Greengrass le fit remarquer ensuite avec quelque acerbité, l'erreur dans le plan fourbe de Hermione qui assurait que les points de maison seraient déduits de façon équitable si elles se faisaient prendre, c'était que ça ne marchait pas pour les retenues.
Elles s'étaient toutes mises d'accord pour se taire quant aux pouvoirs mystérieux de Susan, même Tracey après que Susan ait menacé de la super-Oublietter si elle ne promettait pas. Malheureusement, elles découvrirent au dîner non seulement que quelqu'un avait oublié de parler aux brutes de leur accord, mais aussi que Susan Bones avait sacrifié son âme à de terribles pouvoirs interdits qui habitaient maintenant sa carcasse et que c'était pour ça qu'elles étaient toutes en retenue.
"Hermione ?" dit Harry Potter, assis à côté d'elle au dîner, sa voix très timide. "Ne t'offusque pas s'il te plaît, et je comprendrais si tu disais que ça n'était pas mes affaires, mais je pense de plus en plus que les choses commencent à devenir incontrôlables."
Hermione continua à d'écraser la part de gâteau au chocolat dans son assiette pour en faire une bouillie informe de gâteau et de glaçage. "Oui," dit Hermione d'une voix qui était peut-être un peu acerbe, "c'est ce que je disais au professeur Flitwick quand je m'excusais, que je savais que la situation nous avait échappée, et il a hurlé : Vraiment, Mlle Granger, vous pensez ? d'un couinement tellement fort que mes oreilles ont pris feu. Je veux dire que mes oreilles ont vraiment pris feu. Le professeur Flitwick a dû les éteindre."
Harry s'était mis une main sur le front. "Excuse-moi," dit Harry. Son visage était parfaitement neutre. "Parfois j'ai encore un peu de mal à m'habituer à ce genre de choses. Hé, Hermione, tu te souviens de l'époque où on était jeunes et naïfs et où on pensait que le monde était un endroit plus ou moins compréhensible ?"
Hermione posa sa fourchette et le regarda un moment. "Est-ce que ça t'arrive de souhaiter être un Moldu, Harry ?"
"Hein ?" répondit-il. "Enfin, bien sûr que non ! Je veux dire, même si j'étais un Moldu, un jour où l'autre j'aurais quand même essayé de conquérir le moooooooon-" et Hermione lui jeta un regard et le garçon déglutit le mot avec hâte et dit "je veux dire optimiser bien sûr, tu sais que c'est ce que je veux dire, Hermione ! Là où je veux en venir c'est que ce n'est pas comme si mes buts seraient différents dans un cas ou dans un autre. Mais avec la magie ça va être beaucoup plus simple de faire le travail que si je n'avais eu accès qu'aux capacités moldues. Si tu y réfléchis de façon logique, c'est pour ça que je vais à Poudlard au lieu de juste ignorer tout ça et d'étudier pour faire une carrière dans la nanotechnologie."
Ayant finit d'arranger sa sauce de gâteau au chocolat à sa façon, Hermione commença à y tremper ses carottes et à les manger.
"Pourquoi cette question ?" dit Harry. "Est-ce que tu aimerais revenir au monde moldu ?"
"Pas exactement," dit Hermione, en prenant une bouchée de carotte et de chocolat. "C'est juste que je me trouvais bizarre d'avoir souhaité être une sorcière... est-ce que tu voulais être un sorcier quand tu étais petit ?"
"Bien sûr," répondit tout de suite Harry. "Je voulais aussi avoir des pouvoirs psychiques, une super-force, des os renforcés en adamantium, mon propre château volant et parfois j'étais triste de me dire que j'allais peut-être devoir me contenter d'être un scientifique célèbre et un astronaute."
Hermione hocha la tête. "Tu sais," dit-elle doucement, "je pense que les sorcières et les sorciers qui grandissent ici n'apprécient pas vraiment la magie à leur juste valeur..."
"Enfin, bien sûr que non," dit Harry, "c'est ce qui nous donne notre avantage. N'est-ce pas évident ? Je veux dire, franchement, j'ai trouvé ça carrément évident cinq minutes après être arrivé au Chemin de Traverse." Il y avait un air perplexe sur le visage du garçon, comme s'il ne pouvait pas comprendre pourquoi elle faisait attention à quelque chose d'aussi ordinaire.
*Chapter 74*: AS, Intensification des conflits, pt 9
Harry avança d'un pas, puis d'un autre, jusqu'à ce qu'un malaise s'empare de lui, comme un grondement dans ses nerfs.
Il ne dit rien, ne leva pas la main ; le sentiment d'inconfort parlerait pour lui.
Depuis l'autre côté de la porte fermée vint un murmure qui traversa celle-ci comme si elle n'avait pas été là.
"Ce ne sont pas mes heures de bureau," dit le froid murmure, "ni l'heure de notre rendez-vous. Je vous enlève dix points Quirrell, et soyez heureux que ce ne soit pas plus."
Harry demeura calme. Traverser Azkaban avait recalibré son échelle des perturbations émotionnelles ; et perdre un point, qui s'était autrefois élevé à cinq sur dix, rampait maintenant aux environs de zéro virgule trois. La voix de Harry était tout aussi basse lorsqu'il répondit : "Vous avez énoncé une prédiction vérifiable et elle a été falsifiée, professeur. Je souhaitais uniquement noter cela."
Lorsque Harry se retourna pour partir, il entendit la porte s'ouvrir derrière lui et il pivota, quelque peu surpris.
Le professeur Quirrell était enfoncé dans sa chaise, tête renversée contre le dossier, et un parchemin flottait devant lui. Ses deux mains étaient posées sur le bureau aussi mollement que si elles n'avaient pas été innervées. Il aurait pu être un cadavre exception faite de ses yeux bleu glacé qui bougeaient encore, de gauche à droite, de gauche à droite.
Le parchemin disparut et fut remplacé par un autre si rapidement qu'on aurait dit que l'objet avait seulement clignoté.
Puis les lèvres bougèrent elles aussi. "Et de cela," murmurèrent-elles, "que déduisez-vous, M. Potter ?"
Harry fut secoué par l'apparence du professeur mais sa voix demeura calme lorsqu'il répondit : "Que les gens ordinaires ne font pas toujours rien et que Hermione Granger est plus menacée par la maison Serpentard que vous ne le pensiez."
Les lèvres se courbèrent imperceptiblement. "Et vous pensez donc que ma compréhension de la nature humaine a été mise en échec. Mais c'est loin d'être la seule possibilité, enfant. Voyez-vous l'autre ?"
Harry fronça les sourcils tout en regardant le professeur de Défense.
"Cela me fatigue," murmura le professeur de Défense. "Vous resterez ici jusqu'à ce que vous ayez trouvé la réponse seul ou vous partirez." Comme si Harry avait cessé d'exister, les yeux du professeur revinrent au parchemin et l'examinèrent du même mouvement saccadé.
C'est six parchemins plus tard que Harry comprit et dit : "Vous pensez que votre prédiction a échoué parce qu'il y a un autre facteur en jeu qui n'était pas inclus dans votre modèle. Une raison pour laquelle la maison Serpentard hait plus Hermione que vous ne l'aviez perçu. Comme quand les calculs orbitaux d'Uranus faits par les scientifiques étaient faux mais que le problème ne venait pas des lois de Newton mais de leur ignorance de l'existence de Neptune -"