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Le parchemin disparut et ne fut pas remplacé. La tête s'extirpa alors de son prélassement, fit face à Harry, et la voix qui parla fut basse mais pas sans timbre. "Je pense, enfant," dit le professeur avec douceur mais d'une voix qui était presque normale, "que si tout Serpentard la haïssait tant que cela, je m'en serais rendu compte. Et pourtant, trois formidables combattants de cette maison ont préféré l'action à l'inaction, et ce d'une façon à la fois risquée et coûteuse. Quelle force aurait pu les mouvoir ou diriger leur mouvement ?" La lueur bleu glacé des yeux du professeur croisèrent le regard de Harry. "Quelque main dotée d'influence au sein de Serpentard, peut-être. Mais dans ce cas, comment cette main bénéficierait-elle du mal causé à la fille et à ses partisans ?"

"Euh..." dit Harry. "Il faudrait que ce soit quelqu'un qui, d'une façon ou d'une autre, se sent menacé par Hermione, ou quelqu'un qui recevrait le mérite de tout malheur qui pourrait lui arriver. Je ne connais personne correspondant à ce profil, mais cela dit, je ne connais quasiment personne à Serpentard qui ne soit pas en première année." La pensée vint aussi à Harry que déduire l'existence d'un cerveau caché à partir d'une attaque moyennement inattendue semblait se baser sur des éléments de preuves insuffisants pour compenser l'improbabilité à priori de la théorie ; mais enfin, puisqu'il s'agissait d'une déduction du professeur Quirrell...

Le professeur de Défense se contentait de regarder Harry, paupières légèrement baissées, comme en signe d'impatience.

"Et oui," dit Harry, "je suis certain que Draco Malfoy n'est pas derrière ça."

Un sifflement d'air expiré, comme un soupir. "Il est le fils de Lucius Malfoy, entraîné selon les règles les plus strictes. Quoi que vous ayez vu de lui, même dans ce qui semblait être des moments à découverts où son masque glissait et où vous croyiez avoir vu la vérité derrière celui-ci : tout cela peut aussi bien faire partie du visage qu'il choisit de vous montrer."

Seulement si Draco est capable de réussir à lancer un Patronus uniquement pour garder sa couverture. Mais Harry ne dit bien sûr pas cela à voix haute ; il eut juste un léger sourire et dit : "Donc soit vous n'avez vraiment jamais lu dans l'esprit de Draco, soit c'est juste ce que vous voulez que je croie."

Il y eut un silence. L'une des mains se retourna et, d'un doigt, fit signe d'approcher.

Harry entra dans la pièce. La porte se referma derrière.

"Ce n'est pas là quelque chose que vous auriez dû dire à voix haute en langue humaine," dit la douce voix du professeur Quirrell. "Légilimancie sur l'héritier Malfoy ? Si Lucius Malfoy apprenait cela, il me ferait assassiner immédiatement."

"Il essaierait," dit Harry. Cela aurait dû lui valoir un plissement d'yeux de la part professeur mais le visage de ce dernier resta immobile. "Mais pardon".

Lorsque le professeur parla de nouveau, sa voix était redevenue un froid murmure. "J'imagine que je pourrais, et j'aurais pitié de l'assassin." Sa tête se renversa contre la chaise et tomba d'un côté. Ses yeux ne croisaient plus ceux de Harry. "Mais ces petits jeux éveillent à peine mon intérêt tels quels. Ajoutez la Légilimancie et cela cesse même d'être un jeu."

Harry ne savait absolument pas quoi dire. Il avait vu le professeur Quirrell en colère une fois ou deux avant, mais l'émotion actuelle semblait plus vide et Harry ne savait pas comment y répondre. Qu'est-ce qui ne va pas, professeur Quirrell ? cela, il ne pouvait pas le lui demander.

"Qu'est-ce qui éveille votre intérêt ?" dit Harry quelques instants plus tard après avoir conçu cette stratégie apparemment plus sûre destinée à rediriger l'attention du professeur vers des choses plus positives. Citer des résultats expérimentaux quant aux bienfaits qu'il y avait à tenir un journal de gratitude pour augmenter son niveau de bonheur n'aurait probablement pas été bien reçu.

"Je vous dirai ce qui n'éveille pas mon intérêt," dit ce froid murmure. "Noter des essais mandatés par le ministère. Mais j'ai pris le poste de professeur de Défense à Poudlard et je mènerai ma tâche à bien." Un autre parchemin apparut devant la tête du professeur Quirrell et ses yeux commencèrent à le scanner. "Reese Belka avait un poste élevé dans mes armées avant qu'elle ne commette sa folie. Je lui offrirai une chance de rester plutôt que d'être expulsée si elle me dit exactement quelles sont les forces qui l'ont poussée à agir. Et je lui ferai clairement comprendre ce qui se passera si elle ment. Je m'autorise quand même à lire les visages."

Le doigt du professeur de Défense pointa derrière Harry, vers la porte.

"Mais que vous ayez eu tort quant à la nature humaine," dit Harry, "ou qu'il y ait une force supplémentaire à l'œuvre dans Serpentard - dans un cas comme dans l'autre, Hermione Granger court un danger plus grand que vous ne l'aviez prédit. La dernière fois, c'était trois puissants combattants, alors que se passera-t-il la prochaine -"

"Elle ne désire ni mon aide ni la vôtre," dit une voix basse et froide. "Je ne trouve plus vos préoccupations aussi amusantes qu'autrefois, M. Potter. Partez."

Elles avaient beau être toutes égales, c'était toujours Hermione qui finissait par s'exprimer dans ces situations, même si elle n'était certainement pas la chef.

Ce jour là, lors du petit déjeuner, les quatre tables de Poudlard regardaient en coin là où les huit membres de la S.P.E.H.S. s'étaient rassemblées, à l'écart.

Le professeur Flitwick les regardait lui aussi d'un regard sévère depuis la table d'honneur. Hermione ne regardait pas dans cette direction mais elle pouvait sentir le regard du professeur Flitwick posé sur la base de son cou. Elle pouvait le sentir au sens propre. C'était vraiment effrayant.

"M. Potter, pourquoi avez-vous dit à Tracey que vous vouliez nous parler ?" dit Hermione d'un ton brusque.

"Le professeur Quirrell a expulsé Reese Belka de son armée la nuit dernière," dit Harry Potter. "Et de toutes les autres activités de Défense du soir. L'une d'entre vous comprend-t-elle le sens de cela ? Mademoiselle Greengrass ? Padma ?"

Les yeux de Harry les passèrent en revue, Hermione échangea un regard perplexe avec Padma et Daphné secoua la tête.

"Bon," dit Harry à voix basse, "je m'y attendais. Ce que ça veut dire, c'est que vous êtes en danger, mais je ne sais pas à quel point." Le garçon redressa les épaules et regarda droit dans les yeux de Hermione. "Je ne comptais pas dire ça mais... je voudrais juste vous offrir de vous mettre sous ma protection, quelle que soit l'étendue de celle-ci. Vous pourrez clairement faire comprendre que tous ceux qui s'en prennent à vous s'en prennent aussi au Survivant."

"Harry !" dit Hermione d'un ton sec. "Tu sais que je ne veux pas -"

"Certaines ici sont aussi mes amies, Hermione." Harry ne détacha pas ses yeux des siens. "Et c'est leur décision, pas la leur. Padma ? Tu m'as dit que malgré ce que j'avais fait, je n'avais aucune dette envers toi ; c'est le genre de chose qu'un ami dirait."

Hermione arracha son regard à celui de Harry pour se tourner vers Padma, qui secouait la tête.

"Lavande ?" dit Harry. "Tu t'es bien battue dans mon armée, et je me battrai pour toi si tu le souhaites."

"Merci bien, général !" dit Lavande avec rudesse. "Je veux dire M. Potter. Mais non. Je suis une héroïne ainsi qu'une Gryffondor et je peux me défendre toute seule."