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Hermione ne répondit rien mais elle repensa à ce que Godric Gryffondor avait écrit presque à la fin de sa très courte autobiographie. Brièvement et sans explication, parce que le parchemin avait été destiné à être copié à la main, des siècles avant que la presse typographique moldue n'inspire les sorciers à inventer la Plume à Lire-Écrire.

Aucun sauveur n'a de sauveur, avait écrit Godric Gryffondor. Aucun seigneur n'a de champion, de mère ou de père, seul le vide au-dessus.

Si c'était ça le coût qu'il y avait à être un héros, Hermione n'était pas certaine de vouloir le payer. Ou peut-être - mais ce n'était pas le genre de chose qu'elle aurait pensé avant qu'elle ne commence à passer du temps avec Harry - peut-être Godric Gryffondor avait-il eu tort;

"Est-ce que tu fais confiance à Dumbledore ?" demanda Hermione. "Je veux dire, il vit dans cette école et c'est le héros le plus légendaire du monde -"

"C'était le héros le plus légendaire du monde," dit Harry. "Maintenant il met le feu à des poulets. Franchement, est-ce que Dumbledore t'a l'air fiable à toi ?"

Hermione ne répondit pas.

Côte à côte, ils commencèrent à grimper l'énorme spirale d'escaliers dont les marches alternaient entre le bronze et la pierre bleue suivi de l'approche finale jusqu'au portrait Serdaigle qui protégeait la porte par des énigmes stupides.

"Oh, et je viens de penser à quelque chose que je dois te dire," continua Harry lorsqu'ils eurent parcouru environ la moitié de l'escalier. "Puisque ça affecte ta vie et tout ça. Vois ça comme une avance -"

"Qu'est-ce que c'est ?" dit Hermione.

"Je prédis que la S.P.E.H.S. va prendre sa retraite."

"Sa retraite ?" dit Hermione en trébuchant presque sur une des marches.

"Ouais," dit Harry. "Enfin, je pourrais me tromper, mais j'ai dans l'idée que les professeurs vont sévèrement réprimer les combats dans les couloirs." Harry souriait tout en parlant et une lueur dans ses yeux couverts par ses lunettes laissait entendre quelque savoir secret. "Lancer des nouveaux sortilèges pour détecter les maléfices offensifs ou commencer à vérifier les rapports de brutalisation sous Veritaserum - je peux imaginer plusieurs méthodes de répression. Mais si j'ai raison, il faut que vous le fêtiez, toi et toutes les autres. Vous avez suffisamment chahuté pour les pousser à faire quelque chose au sujet des des brutalisations. De toutes les brutalisations."

Et alors, lentement, un sourire naquit sur les lèvres de Hermione, et en atteignant la dernière marche des escaliers, en s'avançant vers le portrait de Serdaigle pour entendre son énigme, Hermione se sentit assez légère, une merveilleuse sensation de soulèvement, comme si elle s'était fait injecter de l'hélium.

Étrangement, en dépit de tous les efforts qu'elle et les sept autres y avaient investi, elle ne s'était pas attendue à tant, elle ne s'était pas attendu à ce que ça fonctionne vraiment.

Elles avaient changé les choses...

Le matin suivant, à la fin du petit déjeuner.

Les élèves de chaque année étaient assis sur leurs bancs, immobiles, toutes les têtes tournées dans la même direction : vers la table d'honneur, face à une fille de première année, debout seule, figée, le menton relevé pour regarder le directeur de la maison Serpentard.

Le visage du professeur Rogue était déformé par la furie et le triomphe, aussi vindicatif que le visage d'un mage noir ; et derrière lui les autres professeurs assis à la table d'honneur le regardaient, leurs visages aussi rigides que s'ils avaient été sculptés dans la pierre.

"- définitivement dissolue," cracha le professeur de potions. "Votre Société autoproclamée est dorénavant illégale au sein de Poudlard, par mon ordre ! Si votre Société ou un membre de celle-ci est à nouveau découvert se battant dans les couloirs, Granger, vous serez personnellement tenue pour responsable et exclue, par moi, de l'école de Sorcellerie de Poudlard !"

La fille de première année se tenait là, face à la table d'honneur où elle n'avait auparavant été conviée que pour recevoir des félicitations et des sourires ; elle se tenait là, son dos droit et haut, courbé comme un arc de centaure, sans rien céder à l'ennemi.

La fille de première année se tenait là, ses larmes et sa colère contenue, son visage immobile, sans aucun changement d'apparence extérieure, tandis qu'elle sentait que quelque chose se cassait lentement à l'intérieur d'elle.

Cette chose se cassa encore plus lorsque le professeur lui donna deux semaines de retenue pour violence au sein de l'école avec l'air narquois qu'il leur avait donné à voir à tous lors de leur premier jour de potions et un petit rictus en coin qui indiquait qu'il savait très bien à quel point il était injuste.

Cette chose en elle, quoi qu'elle fut, se déchira d'un bout à l'autre, de haut en bas, lorsque le professeur Rogue retira cent points à Serdaigle.

Ce fut alors fini, et Rogue lui dit qu'elle pouvait partir.

Elle se retourna et vit qu'à la table Serdaigle, Harry Potter était toujours assis à sa place. Elle ne pouvait pas bien voir son visage d'ici, ses poings étaient sur la table mais elle ne pouvait pas voir si, comme les siens, ils étaient serrés à en être devenus blancs. Lorsque le professeur Rogue l'avait appelée, elle lui avait chuchoté qu'il ne devrait rien faire sans lui demander avant.

Hermione fit demi-tour pour regarder la table d'honneur au moment même où Rogue se détournait pour revenir à sa place.

"J'ai dit que vous pouviez partir, jeune fille," dit la voix narquoise, mais il avait un sourire satisfait, comme s'il attendait qu'elle fasse quelque chose -

Hermione fit cinq pas de plus jusqu'à la table d'honneur et dit d'une voix brisée : "M. le directeur ?"

Un silence absolu tomba sur la grande salle.

Dumbledore ne dit rien, ne bougea pas. C'était comme s'il avait lui aussi été sculpté dans la pierre.

Hermione détourna les yeux pour regarder le professeur Flitwick dont la tête, à peine visible au-dessus de la table, semblait penchée vers ses genoux. À côté de lui, le visage du professeur Chourave était très pincé, elle semblait se forcer à observer la scène, ses lèvres tremblèrent, mais elle ne dit rien.

La chaise du professeur McGonagall était vide. La directrice adjointe n'était pas venue ce matin.

"Pourquoi est-ce qu'aucun d'entre vous ne dit rien ?" demanda Hermione. Sa voix tremblait, chargée de son dernier espoir, de l'ultime tentative de cette chose en elle pour rechercher de l'aide. "Vous savez que ce que vous faites est mal !"

"Deux semaines de retenue supplémentaire pour insolence," dit Rogue d'une voix soyeuse.