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Après-coup : Draco Malfoy et...

Un hémisphère arc-en-ciel, un dôme de force lui-même doté de peu de chromaticité mais qui renvoyait la lumière incidente sous forme de reflets éclatés et iridescents de plusieurs couleurs en fracturant l'éclat de l'immense lustre de la salle commune de Serpentard.

À l'abri sous l'hémisphère arc-en-ciel, le visage terrifié d'une jeune sorcière qui n'avait jamais combattu de brutes, qui n'avait rejoint aucune des armées du professeur Quirrell, qui obtenait des notes passables au mieux en cours de Défense et qui n'aurait pas pu lancer une barrière prismatique même si sa vie en avait dépendu.

"Oh, arrêtez ça," dit Draco Malfoy en essayant de prendre un ton ennuyé en dépit de la sueur qui venait d'apparaître sous ses robes et en gardant sa baguette pointée vers la barrière qui protégeait Millicent Bulstrode.

Il n'arrivait pas à se rappeler avoir pris une décision, il y avait juste eu deux garçons plus âgés sur le point de lancer un maléfice à Millicent tandis que la salle commune regardait en silence et Draco avait alors juste sorti sa baguette et lancé sa barrière, laissant à son cœur le soin de le remplir d'adrénaline pendant que son pauvre et triste cerveau se torturait désespérément à la recherche d'explications...

Les deux garçons plus âgés se redressaient de leur posture menaçante au-dessus de Millicent et se tournaient vers Draco en le regardant d'un air stupéfait mêlé de colère. Gregory et Vincent, à côté de lui, avaient déjà sorti leurs baguettes, mais elles n'étaient pas pointées. De toute façon, ils n'auraient pas pu gagner à trois.

Mais les garçons plus âgés ne l'attaquèrent pas. Personne n'était assez stupide pour attaquer le prochain Lord Malfoy.

Ce n'était pas la peur d'être attaqué qui avait déclenché les sueurs de Draco, dont il espérait d'ailleurs que les gouttelettes sur son front n'étaient pas visibles.

Draco suait à cause de la certitude naissance et écœurante qui lui disait que même en s'en tirant cette fois-ci, s'il continuait ainsi, le temps viendrait où tout s'écroulerait ; et alors il ne serait peut-être plus le prochain Lord Malfoy.

"M. Malfoy," dit le garçon qui avait l'air le plus âgé. "Pourquoi la protégez-vous ?"

"Vous avez donc localisé la maîtresse de la conspiration," dit Draco avec son sourire méprisant numéro deux, "et c'est, autant être clair maintenant, une fille en première année prénommée Millicent Bulstrode. Elle n'est qu'une passeuse, espèce de cornigaud !"

"Et alors ?" demanda le garçon plus âgé. "Elle les a quand même aidées !"

Draco leva sa baguette et la sphère prismatique disparut instantanément. Toujours d'une voix ennuyée, Draco dit : "Saviez-vous ce que vous faisiez, Mlle Bulstrode ?"

"N-non," bégaya Millicent, toujours assise à son bureau.

"Saviez-vous où les messages Serpentard que vous passiez allaient ?"

"Non !" dit Millicent.

"Merci," dit Draco. "Vous tous, merci de la laisser tranquille, elle n'est qu'un pion. Mlle Bulstrode, vous pouvez considérer que la faveur que vous m'avez faite en février a été rendue." Et Draco revint à ses devoirs de potions, en priant Merlin et les autres que Millicent ne dirait rien de stupide, comme par exemple : 'Quelle faveur ?'...

"Alors pourquoi," dit une voix claire depuis l'autre côté de la pièce, "ces sorcières allaient-elles exactement là où Millicent leur disait d'aller ?"

Suant encore plus, Draco leva la tête pour regarder Randolph Lee. "Que disait le faux message, exactement ?" demanda Draco. Était-ce : 'Je vous ordonne de vous y rendre, au nom de la Dame des Ténèbres Bulstrode' ou 'Merci de me retrouver ici, amicalement, Millicent' ?"

Randolph Lee ouvrit la bouche, hésita pendant une fraction de seconde -

"C'est ce que je pensais," dit Draco. "Ce n'était pas un très bon test, M. Lee, ça... ça peut..." Un instant de supplice nerveux désespéré pendant lequel il essaya de trouver comment le dire sans utiliser des mots de Harry comme faux positif. "Ça peut amener les sorcières n'importe où du moment que l'une d'entre elles est amie avec Millicent."

Comme si l'affaire avait été entièrement réglée, Draco baissa de nouveau les yeux vers ses devoirs de potions en ignorant entièrement (mis à part cette sensation de terreur écœurante dans son estomac) les chuchotement de la pièce.

Ce n'est que du coin de l'œil qu'il put voir que Gregory le regardait fixement.

Les yeux posés sur ses devoirs d'astronomie, Draco n'arrivait pas à se concentrer dans cette pièce. Si vous ne vouliez pas penser à ce que Harry Potter pouvait vous avoir dit, la pire chose à faire était probablement de regarder les images du ciel étoilées de votre manuel et d'essayer de vous souvenir que vous n'étiez pas censé savoir comment les planètes se déplaçaient. L'astronomie était un art noble et prestigieux, un signe d'éducation et de connaissance, mais seuls les Moldus modernes possédaient des artefacts secrets permettant de la pratiquer un million de milliard de fois mieux en utilisant des méthodes que Harry avait essayé d'expliquer et que Draco ne pouvait toujours pas commencer à comprendre, mis à part qu'apparemment, il n'y avait même pas besoin de magie pour que des objets soient capables de faire de l'Arithmancie.

Draco regarda les images des constellations et se demanda si c'était pareil dans les autres maisons, si les gens se menaçaient en permanence à Serdaigle.

Harry Potter lui avait un jour dit que les soldats sur un champ de bataille ne se battaient pas vraiment pour leur pays. Le patriotisme les amenait peut-être jusqu'au champ de bataille, mais une fois là, ils se battaient pour se protéger les uns les autres, leurs amis avec qui ils s'étaient entraînés aux côtés desquels ils se trouvaient. Harry avait fait remarquer, et Draco avait su qu'il disait vrai, qu'on ne pouvait pas utiliser la loyauté envers un chef pour alimenter un Patronus, que ce n'était pas exactement le bon type de pensée réjouissante et heureuse. Mais en pensant à protéger quelqu'un à ses côtés...

Cela, avait dit Harry d'un ton pensif, était probablement la raison pour laquelle les Mangemorts s'étaient effondrés à l'instant où le Seigneur des Ténèbres était parti. Ils n'y avait pas eu assez d'affection entre eux.

On pouvait recruter un groupe comprenant Bellatrix Black, Amycus Carrow, Lord Malfoy, M. MacNair et les maintenir au pas grâce au sortilège Doloris. Mais à l'instant où le maître de la marque des ténèbres partait, vous n'aviez plus une armée, seulement un cercle de connaissances. C'était pour cela que Père avait échoué. Ça n'avait même pas vraiment été sa faute. Il n'y avait rien que Père aurait pu faire après avoir hérité de Mangemorts qui n'étaient pas vraiment amis.

Et même si c'était Serpentard qu'il était censé défendre - que c'était pour sauver Serpentard que Harry et lui avaient fait un pacte - Draco ne pouvait s'empêcher de penser que c'était juste moins épuisant quand il dirigeait les entraînements de son armée. Quand il travaillait avec des élèves des trois autres maisons, avec des élèves qui n'étaient pas de Serpentard. Une fois que vous pouviez voir les problèmes et les nommer, vous ne pouviez plus vous empêcher de les voir et ça devenait chaque jour de plus en plus agaçant.

"M. Malfoy ?" dit la voix de Gregory Goyle depuis le sol de la chambre de Draco, certes petite mais privée. Gregory faisait ses devoirs de métamorphose, pour lesquels il avait souvent besoin d'aide.