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BONES, DAVIS, GRANGER

LE RECTANGLE AMOUREUX DE LA PEUR

Ainsi M. et Mme Davis avaient tempêté jusqu'à se retrouver dans la loge professorale des gradins de Poudlard, bien installés avec une excellente vue sur les écrans enchantés du professeur Quirrell afin de pouvoir tous deux se faire leur propre idée des "colleries qui pouvaient bien se passer ici, si vous me pardonnez l'expression, madame la directrice adjointe !"

Assis à gauche de M. Davis se trouvait un autre parent soucieux, un homme aux cheveux blancs, vêtu de robes noires élégantes d'une qualité inégalable, un certain Lucius Malfoy, dirigeant politique de la plus forte faction du Magenmagot.

À gauche de Lord Malfoy, un aristocrate ricanant au visage balafré qu'on leur avait présenté sous le nom de Lord Jugson.

Puis un brave homme vieux mais à l'œil perçant, Charles Nott, dont on disait qu'il était presque aussi riche que Lord Malfoy, assis à gauche de Lord Jugson.

À droite de Mme Davis, on trouvait l'avenante Dame et l'encore plus séduisant Lord de la Très Ancienne maison Greengrass. Jeunes en âge de sorcier, costumés de robes soyeuses et grises dotées de petites émeraudes sombres brodées dans des contours de feuilles d'herbe. Dame Greengrass était considérée un vote décisif du Magenmagot, sa propre mère s'étant rétractée de l'assemblée à une vitesse surprenante. Quant à son charmant mari, il avait pris un siège au conseil d'administration de Poudlard bien que sa famille à lui ne soit ni noble ni riche.

À droite de ceux-ci, un vieille sorcière à la mâchoire carrée, l'air incroyablement coriace, qui avait serré les mains de M. et Mme Davis sans la moindre trace de condescendance. C'était Amelia Bones, directrice du département de justice magique.

À droite d'Amelia se trouvait une femme d'un âge assez mur qui avait défrayé les chroniques de mode d'Angleterre magique en intégrant un vautour vivant à son chapeau, une certaine Augusta Londubat. Même si on ne s'adressait pas à elle par le titre de Dame, Madame Londubat exercerait les pleins droits de la famille Londubat aussi longtemps que le dernier héritier de celle-ci n'aurait pas atteint sa majorité, et on la considérait comme une figure importante d'une faction mineure du Magenmagot.

À côté de madame Londubat ne se trouvait nul autre que l'Enchanteur en Chef, le Manitou suprême, Albus Percival Wulfric Brian Dumbledore, légendaire vainqueur de Grindelwald, protecteur d'Angleterre, redécouvreur des mythiques douze usages du sang de dragon, le plus puissant sorcier du monde, etc.

Et enfin, à l'extrême droite, on trouvait l'énigmatique professeur de Défense de Poudlard, Quirinus Quirrell, qui appuyait son dos sur les bancs rembourrés comme s'il se reposait et semblait parfaitement, naturellement à son aise en l'étouffante compagnie du quorum votant du conseil d'administration de Poudlard qui était passé par là en ce doux samedi pour apprendre quelles colleries pouvaient bien se dérouler à Poudlard en général et avec Draco Malfoy, Théodore Nott, Daphné Greengrass, Susan Bones et Neville Londubat en particulier. Le nom de Harry Potter avait lui aussi été beaucoup mentionné.

Oh, et il n'aurait bien sûr pas fallu oublier Tracey Davis. Les sourcils de la directrice Bones s'élevèrent d'intérêt en entendant que les parents de celle-ci n'étaient autre que ce jeune couple. Lord Jugson leur avait jeté un regard bref et incrédule avant de les congédier d'un grognement. Lucius Malfoy les avait accueillis poliment avec un sourire qui avait contenu un soupçon d'amusement morbide mêlé à de la pitié.

M. et Mme Davis, dont le dernier vote sur quoi que ce soit d'importance avait été de toucher le nom de Cornelius Fudge de leur baguette, qui n'avaient rien d'autre que trois cent Gallions dans leur chambre forte à Gringotts, dont l'un vendait des chaudrons dans un magasin de potions et dont l'une enchantait des multiplettes, M. et Mme Davis était pressés l'un contre l'autre, assis très droit dans leurs bancs rembourrés, et souhaitaient désespérément avoir mis de meilleures robes avant de venir.

Le ciel au-dessus d'eux était un immense bloc de nuages composé de gris du plus sombre au plus clair, sinistres de promesses d'orages bien qu'aucun éclair n'ait encore éclaté ni qu'on entende l'écho lointain des roulements de tonnerre et que seules quelques gouttes menaçantes soient tombées.

C'est vers le point de départ qui leur avait été assigné que le régiment Soleil avançait en rang, quoique d'un pas assez lent. Il valait mieux ne pas se fatiguer avant même que la bataille n'ait commencé et les brises d'avril étaient agaçantes d'humidité en dépit de leur fraîcheur. Devant eux, une flamme jaune errait lentement en l'air, les guidant en suivant leur rythme.

Alors qu'il marchaient dans la forêt baignée d'une lueur grisâtre, Susan Bones n'avait cesse de jeter des regards inquiets vers le général Soleil. L'attaque du professeur Rogue sur Hermione semblait avoir vraiment secoué cette dernière. Elle avait même manqué la réunion de préparation officielle du régiment Soleil, ce qui était assez compréhensible, mais lorsque Susan le lui avait ensuite dit, Hermione avait bégayé avoir perdu conscience du temps, ce qui ne lui ressemblait pas du tout, et elle avait eu l'air aussi épuisée et effrayée que si elle venait de passer trois jours enfermée dans les toilettes avec un Détraqueur. Même maintenant, alors que toute l'attention du général Soleil aurait dû être dirigée vers la bataille qui approchait, le regard de la Serdaigle passait constamment d'un point à l'autre, comme si elle s'attendait à voir des mages noirs surgir de buissons et la sacrifier.

"L'interdiction d'utiliser des objets moldus réduit beaucoup nos possibilités," dit Anthony Goldstein du ton sombre qu'il utilisait pour indiquer un pessimisme voulu. "J'ai pensé à métamorphoser des filets pour les jeter sur des gens mais -"

"Mauvaise idée," dit Ernie Macmillan. Le Poufsouffle secoua la tête d'un air encore plus sérieux que celui d'Anthony. "Enfin c'est exactement comme de lancer un sortilège : ils l'éviteront."

Anthony hocha la tête. "C'est ce que je me disais aussi. Tu aurais une idée, Seamus ?"

L'ancien lieutenant chaotique semblait encore nerveux et hors de son élément à marcher avec ses nouveaux camarades du régiment Soleil. "Désolé," dit le récemment nommé capitaine Finnigan. "Je suis plutôt un grand maître stratège."

"Je suis plutôt un grand maître stratège," dit Ron Weasley comme s'il était dégoûté.

"Il y a trois armées," dit le général Soleil d'un ton acerbe, "donc on combat deux armées à la fois, donc on a besoin de plus d'un seul stratège, donc la ferme, Ron !"

Ron jeta un regard surpris et inquiet au général. "Hé," dit le Gryffondor d'un ton apaisant, "tu ne devrais pas laisser Rogue te stresser autant -"

"Et que pensez-vous qu'on devrait faire, général ?" dit Susan très fort et très vite. "Franchement, je n'ai pas vraiment de plan pour l'instant." La réunion de planification officielle avait incroyablement foiré avec une Hermione absente et un Ron et un Anthony tous les deux persuadés d'être les chefs.

"A-t-on vraiment besoin d'un plan ?" dit le général Soleil d'un ton légèrement distrait. "Il y a toi, moi, Lavande, Parvati, Hannah, Daphné, Ron, Ernie, Anthony et le capitaine Finnigan."

"Ça -" commença Anthony.

"M'a l'air d'être une assez bonne stratégie," dit Ron avec un hochement de tête approbateur. "Nous avons autant de bon soldats que dans les deux autres armées réunies. Chaos n'a plus que Potter, Londubat et Nott - enfin, et Zabini aussi j'imagine -"

"Et Tracey," dit Hermione.

Plusieurs personnes déglutirent nerveusement.

"Oh, arrêtez," dit Susan d'un ton sec. "C'est juste une membre de la S.P.E.H.S. endurcie au combat, c'est tout ce que le général Soleil voulait dire."