Выбрать главу

Une autre recette disait de toucher la potion avec 'du bronze forgé', c'est à dire de saisir une Noise entre des pinces afin d'effleurer la surface de la potion, et le livre mettait en garde : si l'on faisait tomber tout la Noise dans la potion, celle-ci surchaufferait instantanément et déborderait du chaudron.

Harry avait regardé les recettes et leurs mises en gardes fixement et avait alors formulé une seconde hypothèse, plus étrange. Bien sûr que ce n'était pas aussi simple que de préparer des potions en utilisant le potentiel magique imprégné dans chaque ingrédient comme une voiture moldue était propulsée par le potentiel de combustion de l'essence. Jamais la magie ne serait aussi sensée...

Harry était donc allé voir le professeur Flitwick – puisqu'il ne souhaitait pas s'approcher du professeur Rogue en dehors des cours – lui avait dit qu'il souhaitait inventer une nouvelle potion, qu'il savait de quels ingrédients il avait besoin et de ce que la potion devait faire mais qu'il ignorait comment en déduire la façon de remuer le breuvage -

Après que le professeur Flitwick ait cessé de hurler d'horreur et de courir en petit cercles et que le professeur McGonagall ait été appelée pour intervenir dans l'interrogatoire qui s'était ensuivi afin de promettre à Harry que, dans ce cas, il était à la fois acceptable et important qu'il révèle la théorie à l'origine de son projet, il s'était avéré que Harry n'avait pas fait une découverte magique fondamentale mais redécouvert une loi si ancienne qu'on ne savait pas l'avait formulée le premier :

Une potion fait usage de ce qui a été investi dans la création de ses ingrédients.

La chaleur des forges gobelines qui avaient fondu la Noise de bronze, la force du Re'em qui avait piétiné les Fangieux, le feu magique d'où le Serpencendre était né : toutes ces forces pouvaient être rappelées, libérées et restructurées par l'acte, similaire à l'invocation d'un sortilège, de remuer les ingrédients selon une procédure précise.

(D'un point de vu moldu c'était juste bizarre, comme une version malade de la thermodynamique inventée par quelqu'un qui aurait trouvé que la vie devait être juste. D'un point de vu Moldu, la chaleur utilisée pour forger la Noise n'était pas allée dans le bronze car la chaleur était partie : elle s'était dissipée dans l'environnement et il était dorénavant plus difficile d'en faire usage. L'énergie était conservée, elle ne pouvait être ni créé ni détruite, c'était l'entropie qui augmentait toujours. Mais les sorciers ne pensaient pas ainsi : selon eux, si vous faisiez un certain effort pour fabriquer une Noise, il était raisonnable de penser que ce même effort pouvait être extrait de la Noise plus tard. Harry avait essayé d'expliquer pourquoi c'était un peu bizarre quand on avait été élevé par des Moldus et le professeur McGonagall avait demandé avec perplexité pourquoi le point de vu Moldu aurait mieux valu que le point de vue sorcier).

Le principe fondamental de la fabrication de potions n'avait ni nom ni formulation classique, car on aurait alors pu être tenté de l'écrire.

Et une personne n'ayant pas la sagesse nécessaire pour découvrir le principe elle-même aurait pu le lire.

Et cette personne aurait alors eu toutes sortes d'idées de nouvelles potions géniales.

Et cette personne se serait alors transformée en fille-chat.

On avait clairement fait comprendre à Harry qu'il ne partagerait pas cette découverte avec Neville, ni avec Hermione après leur prochaine bataille. Harry avait essayé de dire que Hermione avait vraiment eu l'air absente ces derniers temps et que c'était exactement le genre de chose qui aurait pu remonter le moral de cette dernière. Le professeur McGonagall avait répondu d'un ton catégorique qu'il ne devrait même pas y songer et le professeur Flitwick avait levé ses petites mains et fait le geste d'une baguette qu'on brise en deux.

Les deux professeurs avaient cependant été assez bons pour suggérer que, si M. Potter pensait connaître les ingrédients nécessaires, il pourrait peut-être trouver une recette déjà existante et pourvue du même effet. Le professeur Flitwick avait même mentionné plusieurs volumes disponibles à la bibliothèque de Poudlard qui pourraient s'avérer utiles...

Le vaste écran-parchemin n'offrait maintenant qu'une vue aérienne de la forêt depuis laquelle on pouvait à peine voir les silhouettes camouflées des soldats des trois armées, chacune divisée en deux groupes qui convergeaient vers la triple bataille.

Les bancs du stade de Quidditch se remplissaient maintenant rapidement, peuplés par le genre de spectateurs facilement ennuyés qui ne souhaitait être là que pour la bataille finale et sauter les parties ennuyeuses (il était couramment convenu que si les batailles du professeur Quirrell avaient un défaut, c'était que ses spectacles étaient loin de durer aussi longtemps que le matchs de Quidditch une fois qu'ils avaient vraiment commencé. Ce à quoi le professeur Quirrell avait répondu ainsi va la vraie vie et le débat avait été clos).

Au centre de l'immense fenêtre – ce n'était maintenant plus qu'une seule fenêtre très haut dans le ciel – la vague collection de petites silhouettes camouflées se rapprochait.

Se rapprochait.

Se touchait presque...

L'immense fenêtre de parchemin révélait une première esquisse de bataille entre Soleil et Chaos, une masse hurlante d'enfants, smileys sur la poitrine, qui chargeaient protégés par des Contegos tandis que d'autres hurlaient Somnium !...

Jusqu'à ce que l'un d'eux s'écrie Prismatis ! d'une voix terrifiée et que la charge ne s'arrête soudain face au mur de force scintillant qui venait d'apparaître devant eux.

Tracey Davis était sortie du bois.

"C'est ça," dit-elle d'une voix basse et sinistre, baguette pointée vers la barrière. "Vous devriez me craindre. Car je suis Tracey Davis, la Dame des Ténèèèbres ! C'est Dame des Ténèèèbres T-É-N-È-È-È-B-R-E avec trois È !"

(Amelia Bones, directrice du département de justice magique, jeta un regard inquisiteur vers M. et Mme Davis qui semblaient tous deux avoir particulièrement envie de mourir sur le champ).

Derrière la barrière prismatique, il y eut une sorte de débat chuchoté entre les soldats Soleil, dont un en particulier qui semblait se faire réprimander par certains autres.

Puis, un moment plus tard, Tracey recula d'un pas.

Susan Bones s'était placée à l'avant du contingent Soleil.

("Bonté Merline," dit Augusta Londubat. "Et que pensez-vous que votre nièce ait appris à Poudlard ?")

("Je l'ignore", répondit Amelia Bones avec calme, "mais il faudra que je lui envoie une grenouille en chocolat par chouette avec ordre d'en apprendre plus").

La barrière prismatique se volatilisa.

Les soldats Soleil continuèrent leur charge.

Tracey hurla, sa voix tendue à l'extrême : "Inflammare !" et la charge Soleil s'arrêta de nouveau alors qu'une ligne de feu s'élevait brusquement devant eux dans l'herbe mi-sèche le long de la direction vers laquelle Tracey avait pointé sa baguette, et un instant plus tard Susan Bones s'écria "Finite Incantatem !" et les flammes faiblirent, rejaillirent, faiblirent au gré de leurs volontés en opposition tandis que d'autres soldats levaient leurs baguettes pour viser Tracey, et c'est que Neville Londubat fondit du ciel en hurlant.