"Hannah, pars !" dit Daphné. "Enfin, dis juste que tu es hors jeu !"
Lorsque Daphné jeta un regard en arrière elle vit que Hannah secouait la tête, toujours roulée en boule sur l'herbe.
"Bon, ça suffit," dit Harry. "Chaotiques ! Plus vite on les étourdi plus vite elle sortira d'ici ! On va faire ça très vite même si on doit subir des pertes ! Fin de la trêve ! POISSONTHON !"
La partie politique du cerveau de Daphné n'eut qu'un instant pour admirer comment les quelques mots de Harry venaient de mettre les chaotiques dans le camp des gentils, puis, dans une union presque parfaite, les chaotiques plongèrent leur main dans une poche de leur uniforme et en sortirent des lunettes de soleil vertes à l'apparence peu familière. Pas comme celles qu'on porterait à la plage, plutôt comme des lunettes pour cours de potions avancé...
Puis elle comprit ce qui allait se produire et leva son autre main pour protéger ses yeux au moment où Harry arrachait le tissu placé au-dessus du chaudron.
La fluide qui s'écoula lorsque Harry jeta le contenu du chaudron dans l'air était trop lumineux pour être vu, trop brillant pour être imaginé, incandescent comme un soleil par dix fois agrandi...
(et c'était exactement ce dont il s'agissait)
(la lumière du soleil qui avait été investie dans la création des glands, la lumineuse énergie qui avait alimenté l'élévation d'un arbre au-dessus d'une terre nue)
(sans quasiment aucune des longueurs d'onde vertes que la chlorophylle réfléchissait pour créer la couleur verte des feuilles)
(ce qui se trouvait être la couleur des lunettes de soleil de Chaos, faites pour laisser passer les longueurs d'onde vertes et bloquer les rouges et les bleues, réduisant l'éclat violet le plus incandescent à quelque chose de supportable)
...la lumière violette flambait continuellement. Daphné essayait d'ôter son bras de ses yeux mais découvrit qu'elle ne pouvait rien regarder car même l'éclat violet réfléchi était tellement intense qu'elle devait plisser les yeux et elle n'eut le temps de crier Finite Incantatem qu'une fois, ce qui n'eut aucun effet, avant qu'un sortilège de sommeil ne l'emporte.
Ce qui restait de la bataille n'en eut plus pour longtemps.
"MAINTENANT !" mugit Blaise Zabini, anciennement du Soleil, à présent commandeur d'un détachement de légionnaires du Chaos. "Je veux dire, POISSONTHON !" La main du Serpentard se saisit du tissu qui protégeait le chaudron de la caresse du jour, qui était l'élément déclencheur, et commença déjà à l'écarter.
"MAINTENANT !" mugit Dean Thomas, anciennement du Chaos, commandeur d'un lot de guerriers dragons. "QUOI QU'ILS FASSENT, FAITES PAREIL !"
Les chaotiques du détachement de Zabini plongèrent leur main dans une poche de leur uniforme et s'avancèrent, des lunettes de soleil vertes en main...
...un acte quasiment parfaitement reflété par Dean et les guerriers dragons qui sortirent des lunettes de potions vertes et en passèrent rapidement les sangles par-dessus leur tête alors que les chaotiques mettaient leurs lunettes de soleil et que l'incandescence violette explosait.
(Comme le général Malfoy l'avait expliqué, si M. Goyle rapportait que la légion du Chaos portait des lunettes de potions vertes, il n'y avait pas besoin de savoir pourquoi pour pouvoir en métamorphoser quelques exemplaires).
"C'EST DE LA TRICHE !" s'écria Blaise Zabini.
"C'EST DE LA TECHNIQUE !" hurla Dean en retour. "DRAGONS, CHARGEZ !"
("Excusez-moi," dit Dame Greengrass. "Pourriez-vous arrêter de rire comme ça, M. Quirrell ? C'est assez déconcertant.")
"LANCEZ FINITE SUR LEURS LUNETTES !" hurla Blaise Zabini alors que les deux armées se ruaient droit l'une sur l'autre au sein de l'éclat violet omniprésent et aveuglant. "ON PEUT ENCORE GAGNER !"
"VOUS L'AVEZ ENTENDU !" mugit Dean. "À LEURS LUNETTES !"
La réponse de Blaise Zabini fut loin d'être construite.
Cette bataille continua bien plus longtemps.
"Stupéfix !" s'écria le général Soleil.
Draco n'évita ni ne contra car il n'avait plus assez d'énergie pour faire l'un ou l'autre ; il ne put que vite mettre sa main en position et espérer...
Le tir rouge se dissipa de nouveau sur le gant Collaporté de Draco qu'il avait métamorphosé et magiquement attaché à sa main, comme il l'avait fait pour le reste de l'armée Dragon. Ce bouclier était maintenant la seule chose qui le sauvait.
Ça aurait dû être le moment de contre-attaquer mais Draco ne put rien faire d'autre que reprendre son souffle alors qu'ils dansaient tous deux d'avant en arrière au gré des mouvements infinis de leur duel à l'ombre des feuillages. Face à lui, le général Granger avait le souffle très court. Le visage de la jeune fille luisait tant de sueur qu'il semblait couvert de rosée et ses cheveux châtains formaient des tresses humides plus sombres. Son uniforme de camouflage était taché de cercles moites, ses épaules tremblaient visiblement sous le coup de l'épuisement mais sa baguette était d'une stabilité de pierre, toujours pointée vers Draco, quels que soient les mouvements de ce dernier. Ses yeux étincelaient, ses joues étaient empourprées de rage.
Alors petite, pourquoi est-ce que tu fais semblant de te battre comme une grande aujourd'hui ?
La raillerie lui vint à l'esprit mais il ne pensait pas avoir besoin d'une Granger encore plus en colère ; alors Draco dit juste – bien qu'il puisse entendre sa propre voix se briser - "Tu as une raison particulière de m'en vouloir, Granger ?"
La fille haletait à la recherche d'oxygène, sa voix chancelait : "Je sais ce que tu prépares," dit Hermione Granger, montant d'une octave. "Je sais ce que Rogue et toi préparez, Malfoy, et je sais qui est derrière ça !"
"Hein ?" dit Draco sans même réfléchir.
Cela ne sembla qu'augmenter la furie de Granger, ses doigts se blanchirent sur la baguette qu'elle tenait braquée sur lui.
Et Draco comprit alors, et son sang en bouillit. Même elle pensait qu'il manigançait secrètement quelque chose contre elle...
"Toi aussi ?" cria Draco. "Je t'ai aidée, petite morveuse aux dents de lapin ! Tu, tu, tu," - il bégaya entre tous les sortilèges noirs qui lui vinrent à l'esprit jusqu'à trouver quelque chose qu'il puisse vraiment lui lancer - "DENSAUGEO !"
Mais Granger bondit et tourbillonna autour du sortilège d'allongement dentaire puis sa propre baguette acheva de tourner et se retrouva pointée presque à bout portant sur Draco au moment où celui-ci levait sa main gauche en guise de bouclier, plaçant ainsi le gant magiquement fermé entre lui et ce qu'elle était sur le point de tirer, quand le général Soleil poussa un cri audible à travers tout le champ de bataille...
"ALOHOMORA !"
Le temps aurait dû s'arrêter.
Il ne s'arrêta pas.
Mais le gant cadenassé sur la main de Draco luit d'un gris bref puis le cadenas émit un clic et tomba.
Juste comme ça.
Juste comme ça.
Les écrans le montrèrent tous très clairement à tout le stade de Poudlard.
Et le silence de mort qui s'abattit alors sur chaque banc de chaque gradin révéla que tout le monde comprenait très clairement ce que cela voulait dire : que le descendant de la maison Malfoy venait de voir sa magie surmontée par celle d'une née-Moldue.
Hermione Granger ne s'arrêta pas de combattre, elle n'émit aucun signe indiquant qu'elle savait même ce qu'elle venait de faire ; mais son pied jaillit et donna un coup à la manière moldue qui fit sauter la baguette de Draco hors de sa main. Le corps et l'esprit encore choqués de Draco avaient réagit un peu trop lentement. Draco plongea sur sa baguette, fouilla le sol avec frénésie, mais de derrière lui la voix brisée d'une fille dit "Somnium !", et Draco Malfoy tomba pour ne pas se relever.