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Mais même si c'était vrai, personne n'allait croire ça. Même à Serpentard, personne n'allait croire ça. Ça ressemblait à une excuse et tout le monde n'y verrait qu'une excuse.

Granger bondit, tourbillonna et s'écria 'ALOHOMORA !'...

L'esprit de Draco rejouait le souvenir encore et encore, à mesure que la rancœur s'accumulait. Il avait aidé Granger... il avait coopéré avec elle afin de bannir les traîtres... il lui avait tenu la main lorsqu'elle pendait du toit... il avait empêché une émeute de se déclencher autour d'elle dans la grande salle... avait-elle la moindre idée de ce qu'il avait risqué, de ce qu'il avait probablement déjà perdu, de ce que cela impliquait pour le descendant de la maison Malfoy de faire ça pour une Sang-de-Bourbe...

Et il n'avait maintenant plus qu'un coup jouable, et la particularité d'un coup forcé était qu'il fallait le faire, même si cela voulait dire qu'on perdrait des points et qu'on irait en retenue. Le professeur Rogue comprendrait certainement mais il y avait des limites (Père l'avait mis en garde) à ce que Rogue laisserait passer.

Provoquer Granger en duel magique en se défiant ouvertement des règles de Poudlard. L'attaquer immédiatement si elle essayait de refuser. La vaincre en un contre un, en public, pas avec des techniques de duel astucieuses mais en l'écrasant de sa magie. La battre à plates coutures, complètement, la broyer aussi parfaitement que le Seigneur des Ténèbres lui-même avait broyé ses ennemis. Le rendre parfaitement clair à tous, empêcher que quiconque en doute : Draco Malfoy avait simplement été épuisé à force de lancer le sortilège autant de fois d'affilée. Prouver que le sang Malfoy était plus fort que celui de n'importe quel Sang-de-Bourbe...

Sauf qu'il ne l'est pas, murmura la voix de Harry Potter dans l'esprit de Draco. Il est facile d'oublier ce qui est réellement vrai, Draco, quand on commence à essayer de gagner en politique. Mais en réalité, il n'y a qu'une seule chose qui fait de toi un sorcier, tu t'en souviens ?

Draco le sut alors, il sut la raison derrière l'anxiété de ses arrières-pensées, face au mur vide derrière son bureau, contemplant son coup forcé. Cela aurait dû être simple – lorsqu'on avait qu'un seul coup à jouer, il suffisait de le jouer – mais...

Granger pivota, tourbillonna, ses cheveux trempés de sueur volants autour d'elle, des tirs jaillissants de sa baguette aussi vite que les siens, maléfice et contre-maléfice, des chauves-souris incandescentes volant vers son visage, et de bout en bout, la furie dans les yeux de Granger...

Une partie de Draco avait admiré cela, avant que tout tourne mal, admiré la furie de Granger et son pouvoir ; une partie de lui avait exulté de vivre son premier vrai combat, contre...

...le premier adversaire à sa hauteur.

S'il défiait Granger et perdait...

Cela n'aurait pas dû être possible, Draco avait obtenu sa baguette deux années entières avant que qui que ce soit d'autre ne l'obtienne à Poudlard.

Sauf qu'il y avait une raison pour laquelle on ne se fatiguait généralement pas à donner des baguettes aux enfants de neuf ans. L'âge comptait aussi, il ne s'agissait pas seulement de savoir combien de temps on avait eu une une baguette en main. L'anniversaire de Granger avait eu lieu seulement quelques jours après le début de l'année, lorsque Harry lui avait offert sa bourse. Ce qui voulait dire qu'elle avait maintenant douze ans, qu'elle avait eu douze ans presque depuis le début de Poudlard. Et pour tout dire, Draco ne s'était pas beaucoup entraîné en dehors des cours, probablement beaucoup moins que Hermione Granger de Serdaigle. Draco n'avait pas pensé qu'il avait besoin de plus de pratique pour rester en tête...

Et Granger était épuisée elle aussi, chuchota la Voix des Preuves du Contraire dans sa tête. Granger devait être épuisée après tous ces sortilèges d'étourdissement, et même dans cet état, elle était parvenue à défaire son sortilège d'Emprisonnement.

Et Draco ne pouvait pas se permettre de défier Granger en public, un contre un, pas d'excuses, puis de perdre.

Il savait ce qu'on était censé faire dans ce genre de situation. On était censé tricher. Mais si quiconque découvrait qu'il avait triché ce serait désastreux, une manne à chantage parfaite même sans jamais être découvert, et tous les Serpentard le sauraient, ils chercheraient...

Si vous l'aviez observé, vous auriez alors vu Draco Malfoy se lever de son lit, se rendre à son bureau, tirer une feuille de son parchemin en peau de mouton le plus fin ainsi qu'un encrier creusé dans une perle remplit d'une encre d'un argent verdâtre qui avait été faite à partir de véritable argent et d'émeraudes broyées. De l'immense coffre au pied de son lit, le Serpentard en tira un livre lui aussi relié d'argent et d'émeraudes intitulé Étiquette des maisons d'Angleterre. Et avec une nouvelle plume propre, Draco Malfoy commença à écrire en regardant fréquemment le livre ouvert en référence à côté de lui. Le visage du garçon portait un sourire sinistre, ce qui faisait grandement ressembler le jeune Malfoy à son père tandis qu'il traçait précautionneusement chaque lettre comme si chacune avait été une œuvre d'art à part entière.

De Draco, fils de Lucius, fils d'Abraxis, Lords de la Noble et Très Ancienne maison Malfoy, aussi fils de Narcissa, fille de Druella Dame de la Noble et Très Ancienne maison Black, descendant et héritier de la Noble et Très Ancienne maison Malfoy :

À Hermione, la première Granger :

(On avait peut-être utilisé cette formule par politesse il y a bien longtemps quand elle avait été inventée ; de nos jours, après des siècles à être utilisée pour s'adresser à des Sang-de-Bourbe, elle portait avec elle un délicieux soupçon de venin raffiné).

Moi, Draco, d'une Très Ancienne maison, demande réparation pour

Draco s'interrompit, déplaçant précautionneusement la plume afin qu'elle ne goutte pas. Il avait besoin d'un prétexte pour cela, du moins s'il voulait pouvoir imposer ses conditions de duel. La personne provoquée avait le choix des termes à moins d'avoir insulté une maison Noble. Il lui fallait donner l'impression que Granger l'avait insulté...

Mais à quoi songeait-il donc ? Granger l'avait insulté.

Draco fit défiler les pages jusqu'à atteindre celle des formules standard et en trouva une qui lui sembla appropriée.

Moi, Draco, d'une Très Ancienne maison, demande réparation, pour vous avoir par trois fois aidé et offert seulement ma bienveillance et qu'en retour vous m'accusiez faussement de comploter contre vous,

Draco dut s'arrêter, reprendre son souffle et forcer la colère bouillonnante à retomber. Il commençait à vraiment ressentir l'insulte à présent, et il venait d'écrire la dernière phrase et de la souligner sans y penser, comme si c'était une lettre ordinaire. Après y avoir réfléchi quelques instants, il décida de la laisser telle quelle ; ce n'était peut-être pas la formulation la plus officielle mais elle avait un ton brut et colérique qui semblait approprié.

Insulte que vous avez commise face aux yeux d'Angleterre.

Ainsi, moi, Draco, vous assujettis, Hermione, par tradition, par droit, par