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"La dix-septième décision du trente et unième Magenmagot," dit Draco à voix haute et sans vérifier, une réplique donnée dans de nombreuses pièces ; il se raidit en la disant et sentit chaque once du pouls de sang noble qui coulait dans ses veines.

Ainsi, moi, Draco, vous assujettis, Hermione, par tradition, par droit, par la 17ème décision du 31ème Magenmagot, à me faire face lors d'un duel magique selon les termes suivants : que nous nous présentions tous deux seuls et en silence, que nous n'en parlions à personne ni avant ni après,

Si le duel se déroulait mal, Draco pourrait juste se taire et en rester là. Et s'il battait Granger, il aurait appris de façon expérimentale qu'il pouvait la battre de nouveau lors d'un défi public. Ce n'était pas tricher mais c'était de la Science, et c'était presque aussi bien.

que nous combattions par magie uniquement, sans mort ni blessure durable,

...où ? Draco avait entendu parler d'une pièce de Poudlard qui était propice aux duels, où tous les objets de valeur étaient déjà protégés par les lieux et où il n'y avait aucun portrait pour cafarder... quelle était cette pièce déjà...

dans la salle des trophées du château de l'École de Sorcellerie de Poudlard.

Et leur second duel public avait intérêt à avoir lieu bientôt, genre demain, car il ne faudrait pas longtemps pour que sa réputation à Serpentard ne soit irrémédiablement traînée dans la boue. Il lui fallait combattre Granger pour la première fois cette nuit.

Au dernier coup de minuit qui mettra fin à ce jour même.

Draco, de la Noble et Très Ancienne maison Malfoy.

Draco signa le parchemin officiel puis tira un parchemin ordinaire et inférieur ainsi que son encre habituelle, pour son post-scriptum :

Si tu ne connais pas les règles, Granger, voilà comment ça fonctionne. Tu as insulté une maison Très Ancienne et j'ai le droit légal de te défier. Et si tu bafoues les termes du duel, par exemple en faisant venir Flitwick dans la salle des trophées, ou même en en parlant à qui que ce soit d'autre, mon père t'amènera toi et ton honneur de pacotille droit au Magenmagot.

Draco Malfoy

Sa plume s'appuya sur la dernière lettre avec tant de hargne sur son bec se brisa, créant une traînée d'encre et une légère éraflure à la surface du parchemin que Draco jugea elles aussi être de de circonstance.

Ce soir là au dîner, Susan Bones alla voir Harry Potter et lui dit qu'elle soupçonnait que Draco Malfoy allait mettre son plan contre Hermione à exécution très bientôt. Elle prévenait tous les membres de la S.P.E.H.S., elle avait prévenu le professeur Chourave et le professeur Flitwick, elle allait envoyer une lettre à sa tante ce soir là, et maintenant elle prévenait aussi Harry Potter. Sauf qu'ils ne pouvaient pas vraiment en parler avec Padma – dit Susan avec un air très sérieux – parce que celle-ci se sentait déchirée entre sa loyauté envers Hermione et sa loyauté envers son général.

Harry James Potter-Evans-Verres, qui à ce stade était tellement frustré par la situation que ça en cessait d'être productif, répondit vivement que oui, il savait qu'il fallait faire quelque chose.

Après que Susan Bones fut partie, Harry leva les yeux vers la table Serdaigle, où Hermione s'était assise loin de lui, de Padma, d'Anthony et de tous ses amis.

Plus tard, en y repensant, Harry songerait comment, dans ses romans de science-fiction et de fantasy, les gens faisaient toujours leurs choix importants pour des raisons importantes, pour des raisons de taille. Hari Seldon avait bâti sa Fondation pour reconstruire les cendres de l'Empire Galactique plutôt que pour se donner un air important en étant à la tête de son propre groupe de recherche. Raistlin Majere avait coupé les ponts avec son frère parce qu'il souhaitait devenir un dieu, pas parce qu'il était inapte en relations humaines et réticent à demander conseil pour s'améliorer. Frodo Baggins avait pris l'Anneau parce qu'il était un héros désireux de sauver la Terre du Milieu, pas parce que ça aurait été trop gênant de refuser de le faire. Si quelqu'un écrivait un jour une véritable histoire du monde – non que ce soit possible ni même désirable – il était probable que plus de 97% des moments clés du destin du monde s'avèrent être le fruit d'un tissu de mensonges et de petite pensées sans importances qui auraient aussi bien pu aboutir à d'autres conclusions.

Harry James Potter-Evans-Verres regarda Hermione Granger, assise à l'autre bout de la table, et il sentit en lui une réticence à l'embêter alors qu'elle était déjà de mauvaise humeur.

Il se dit donc qu'il était probablement plus raisonnable de parler d'abord à Draco Malfoy juste pour pouvoir définitivement et irrévocablement assurer Hermione que Draco ne complotait vraiment rien contre elle.

Et plus tard au dîner, quand Harry descendit à la cave Serpentard et s'entendit dire par Vincent que le boss voulait pas êt'dérangé... alors Harry songea qu'il devrait peut-être aller voir si Hermione accepterait de lui parler immédiatement. Qu'il devrait juste commencer à défaire ce paquet de ne nœuds avant qu'il ne s'emmêle encore plus. Il se demanda s'il ne faisait pas que procrastination, si son esprit n'avait pas trouvé un excuse habile pour remettre à plus tard quelque chose de déplaisant mais de nécessaire.

Cette pensée lui traversa vraiment l'esprit.

Puis Harry James Potter-Evans-Verres décida qu'il parlerait juste à Draco Malfoy le lendemain matin après le petit déjeuner du dimanche et qu'il parlerait ensuite à Hermione.

Les humains faisaient ce genre de chose en permanence.

Nous étions dimanche matin, le 5 avril 1992, et le ciel simulé au-dessus de la grande salle de Poudlard révélait des torrents de pluie qui tombaient avec une densité telle que les éclairs lumineux en étaient atténués et brisés en de petites pulsations de lumière blanche qui transformaient parfois les tables de chaque maison, faisant pâlir les visages et donnant brièvement aux élèves l'allure de fantômes.

Harry était à la table Serdaigle et mangeait une gaufre avec lassitude, attendant que Draco fasse son apparition afin de pouvoir commencer à débrouiller toute l'affaire. Un exemplaire du Chicaneur qu'on passait de mains en mains avait réussir à placer Hannah et Daphné sur sa couverture mais le journal n'avait pas encore atteint la place de Harry.

Quelques minutes plus tard Harry finit de manger sa gaufre et regarda encore autour de lui pour voir si Draco était arrivé à la table Serpentard pour prendre son petit déjeuner.

C'était étrange.

Draco Malfoy n'était presque jamais en retard.

Puisque Harry regardait vers la table Serpentard, il ne vit pas que Hermione Granger était entrée, franchissant les immenses portes de la grande salle. Il fut donc assez surpris lorsqu'il se retourna et vit que Hermione était assise juste à côté de lui à la table Serdaigle, exactement comme elle n'avait pas arrêté de faire ça depuis plus d'un semaine.

"Salut, Harry," dit Hermione d'une voix qui était presque parfaitement normale. Elle commença à mettre des tranches de pain grillé et un assortiment de fruits et de légumes sur son assiette. "Comment ça va ?"

"À un écart type de l'étrange moyenne qui m'est propre," répondit Harry automatiquement. "Comment vas-tu, toi ? Est-ce que tu as dormi correctement ?"

Il y avait des cernes sombres sous les yeux de Hermione.

"Oui pourquoi, je vais très bien," répondit Hermione Granger.

"Hm," dit Harry. Il prit une part de tarte de son assiette (comme son cerveau avait d'autres préoccupations, sa main avait simplement pris l'objet le plus savoureux à portée sans évaluer des concepts complexes tels que le positionnement du dessert dans un repas normal). "Hm, Hermione, je vais devoir discuter avec toi un peu plus tard aujourd'hui, est-ce que ça te va ?"