"S'il plaît à mes Lords," dit la voix de Lord Malfoy, "je souhaiterais voir lu à voix haute le témoignage de mon fils Draco obtenu sous deux gouttes de Veritaserum."
Jusqu'à ce qu'elle se mette à me chercher dans la dernière bataille, je ne complotais rien contre Granger. Après ce jour là je me suis senti vraiment insulté, je l'avais aidée à chaque fois...
Le son qui sortit de la gorge de Hermione donnait l'impression qu'elle venait de se faire écraser par une pierre si immense qu'elle ne pouvait plus ni pleurer ni respirer mais seulement avoir un petit hoquet triste.
"Excusez-moi," dit une sorcière depuis le côté de la pièce qui semblait appartenir au camp Malfoy. "Mais, Lord Malfoy, pourquoi votre fils aiderait-il une Sang-de-Bourbe ?"
"Mon fils," dit Lucius Malfoy d'une voix grave, "semble avoir prêté l'oreille à certaines idées erronées. Il est jeune – et il a appris, à présent, et tout le pays l'a appris, ce que de telles folies apportent en retour."
Quelques marches plus bas, dans les bancs des visiteurs, un homme coiffé d'une casquette de journaliste et d'un badge de la Gazette du Sorcier écrivait avidement avec une longue plume.
Les quelques personnes qui avaient hoché la tête plus tôt en écoutant Dumbledore semblaient maintenant assez malades. Une sorcière en robes couleur prune se leva d'un geste délibéré, quitta le côté qui avait semblé appartenir au camp de Dumbledore et alla jusqu'au camp Malfoy.
L'Auror continua de lire d'une voix monotone.
Lancer tous ces sortilèges d'Emprisonnement m'avait tellement fatigué que j'étais affaibli quand j'ai lancé le dernier. Je pensais être plus fort que Granger mais je n'en étais pas certain, donc je l'ai testé empiriquement en la provoquant en duel, c'est pour ça que j-j-je l'ai fait et aussi parce que si je gagnais je comptais la battre à nouveau le lendemain pour que tout le monde puisse le voir. Saleté de Veritaserum. Mais elle ne savait pas ça quand elle a essayé de me tuer ! Et ce qu'elle avait fait m'avait vraiment insulté, je l'avais vraiment aidée avant et je n'avais rien comploté contre elle mais elle s'en est prise à moi devant tout le monde !"
Lorsque le témoignage eut prit fin, les délibérations du Magenmagot commencèrent.
Si on pouvait appeler ça comme ça.
Il semblait que de nombreux membres du Magenmagot étaient très attachés à l'idée que le meurtre, c'était mal.
Les robes couleur prune du côté Dumbledore de la pièce étaient silencieuses, les soi-disant forces du bien conservant leur capital politique pour des batailles plus gagnables. Et Harry pouvait entendre le professeur Quirrell comme s'il s'était tenu à côté de lui, sa voix sèche parler dans son esprit, lui expliquer qu'ouvrir la bouche maintenant aurait été loin d'avantager ces politiciens.
Mais il y avait un sorcier dans la pièce dont le statut était assez élevé pour pouvoir, semblait-il, dépasser cette notion sans perdre la face ; un sorcier dont le statut était assez élevé pour qu'il puisse prononcer quelques saines paroles et s'en sortir indemne. Lui seul parla pour défendre Hermione, l'homme avec un phénix brillant sur l'épaule.
Seul Albus Dumbledore parla.
Le président sorcier ne mit pas en avant la possibilité que Hermione Granger soit entièrement innocente. Le directeur avait expliqué à Harry qu'on n'y croirait pas et que cela ne ferait qu'aggraver les choses.
Mais Albus Dumbledore dit, un doux rappel après l'autre, que le coupable était une fille en première année à Poudlard ; que nombre de gens avaient commis des idioties pendant leur jeunesse ; qu'une fille en première année à Poudlard était tout simplement trop jeune pour comprendre les conséquences de ses actes. Lui-même (dit doucement le président sorcier) avait fait quelques tentatives idiotes pendant son enfance, alors qu'il était bien plus âgé qu'elle.
Albus Dumbledore dit que Hermione Granger avait été aimée de tous les professeur de Poudlard, qu'elle avait aidé quatre Poufsouffle pour leurs devoirs de charmes et qu'elle avait gagné cent trois points pour Serdaigle pendant l'année scolaire.
Albus Dumbledore dit que personne n'ayant connu Hermione Granger ne manquerait d'être choqué par ces événements. Qu'ils avaient tous autant qu'il étaient entendu l'horreur dans sa voix à mesure qu'elle avait témoigné. Et que si quelque folie inhabituelle l'avait temporairement possédée alors – sa voix s'éleva et devint un ordre sévère – elle ne méritait rien d'autre d'eux que de la sympathie et l'attention d'un Guérisseur.
Et enfin, par-dessus des cris de protestation, Albus Dumbledore rappela au Magenmagot que le chef d'accusation était une tentative de meurtre et non un meurtre. Il dit, par-dessus un orage d'objections naissantes, que personne n'avait souffert de dommages durables. Et il le supplia de ne pas commettre pire que tout ce que qui avait été fait jusqu'à présent...
"Assez !" mugit Lucius Malfoy, et un vote à main levée mit fin aux délibérations. L'homme à la crinière blanche se tenait, grand et terrible, sa canne d'argent tenue en l'air comme un marteau sur le point de s'abattre. "Pour ce que cette femme folle a tenté de faire à mon fils – pour la dette de sang qu'elle s'est attirée en essayant de mettre fin à la lignée d'une maison noble et Très Ancienne – je dis qu'elle devra..."
"Azkaban !" rugit un homme au visage balafré assis à la droite de Lord Malfoy. "Envoyez la Sang-de-Bourbe folle à Azkaban !"
"Azkaban !" s'écria une autre robe couleur prune, puis une autre, puis une autre...
Un clic du bâton de Dumbledore fit taire la pièce. "Ceci est déplacé," dit le vieux sorcier avec sévérité. "Et votre proposition est barbare, indigne de cette assemblée. Il y a certaines choses que nous ne faisons pas. Lord Malfoy ?"
Lucius Malfoy avait écouté d'un visage impassible. "Eh bien," dit Lord Malfoy après quelques instants. Un éclat froid luit dans ses yeux. "Je n'avais pas prévu de demander cela. Mais si telle est la volonté du Magenmagot... Alors qu'elle paie ce que toute autre paierait à sa place. Que ce soit Azkaban."
Une grande acclamation de rage s'éleva...
"Êtes-vous tous fous ?" s'écria Albus Dumbledore. "Elle est trop jeune ! Son esprit ne pourrait le supporter ! En trois siècles, jamais une telle chose n'a été faite en Angleterre !"
"Que les autres pays penseront-ils de nous ?" dit la voix sèche d'une femme que Harry reconnut être la grand-mère de Neville.
"Garderez-vous Azkaban une fois qu'elle y sera, Lord Malfoy ?" dit une vieille sorcière sévère que Harry ne connaissait pas. "Car je crains que mes Aurors ne déclinent de la garder si de jeunes enfants y sont tenus prisonniers."
"Ces délibérations ont pris fin," dit froidement Lucius Malfoy. "Mais si vous êtes incapables de trouver des Aurors capables d'obéir au vote du Magenmagot, Mme Bones, vous pouvez renoncer à votre poste ; nous pouvons facilement en trouver un autre pour servir à votre place. La volonté de cette chambre est claire. Pour la monstruosité de ses crimes, la fille sera jugée comme une adulte et punie en conséquence : dix ans à Azkaban, la sentence pour une tentative de meurtre."
Lorsque le vieux sorcier parla de nouveau, sa voix était plus basse. "N'y a-t-il pas d'alternative à cela, Lucius ? Nous pouvons nous retirer dans mes appartements pour en discuter, si besoin."
Le grand homme aux longs cheveux blancs se détourna alors pour regarder le vieux sorcier qui se tenait sur son podium, et ils s'observèrent tous les deux pendant un long moment.
Lorsque Lucius Malfoy parla de nouveau, sa voix semblait prise du plus léger des tremblements, comme si son sévère contrôle sur celle-ci commençait à flancher. "Le sang demande un prix, le sang de ma famille. Je ne vendrai la dette de sang due à mon fils à aucun prix. Vous ne pouvez comprendre cela, vous qui n'avez ni amour ni enfant. Cependant plus d'une dette est due à la maison Malfoy et je pense que mon fils, s'il se tenait parmi nous, préférerait voir payé le sang de sa mère plutôt que le sien. Confessez votre crime au Magenmagot comme vous me l'avez confessé et alors je..."