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C'est la vraie vie, dit Serdaigle. Perdre tout son argent est plus douloureux pour les vrais gens de la vraie vie que dans les livres avec des héros.

Quoi ? s'indigna Gryffondor. Tu es de quel côté ?

Je ne recommandais aucune réponse en particulier, dit Serdaigle, je le disais seulement parce que c'est vrai.

Cent mille Gallions dépensés autrement pourraient-ils sauver plus d'une vie ? dit Serpentard. Nous avons de la recherche à faire, des batailles à mener, et la différence entre être riche de 40000 Gallions et être endetté de 60000 n'est pas triviale...

Alors nous utiliserons juste un de nos moyens de refaire rapidement de l'argent et nous le regagnerons, dit Poufsouffle.

Je ne suis pas certain que ces moyens fonctionneront, dit Serpentard, et beaucoup nécessitent un apport initial...

Personnellement, dit Gryffondor, je vote pour qu'on sauve Hermione puis qu'on fasse équipe pour tuer notre Serpentard.

La voix du greffier annonça que le comptage était fini et que la motion avait été adoptée...

Les lèvres de Harry s'ouvrirent.

"J'accepte votre offre," dirent-elles sans qu'aucune décision n'ait été prise, exactement comme si le débat interne n'avait été qu'un simulacre, qu'une illusion, et que le véritable contrôleur de la voix n'y avait pas pris part.

Il était clair que Lucius Malfoy ne s'était pas attendu à cette réponse.

Le masque de calme de Lord Malfoy se brisa en mille morceaux, ses yeux s'écarquillèrent et il regarda fixement Harry, figé par la stupéfaction. Sa bouche s'était légèrement ouverte mais il ne parlait pas, et s'il faisait des bruits étranges, ceux-ci ne pouvaient être entendus par-dessus le rugissement de hoquets simultanés venu du Magenmagot...

Un claquement de pierre fit taire la foule.

"Non," dit la voix de Dumbledore.

La tête de Harry eut un mouvement sec et se réorienta en direction du vieux sorcier.

Le visage ridé de Dumbledore était pâle, la barbe d'argent tremblait et il semblait en être en phase terminale d'une maladie incurable. "Je – je suis désolé, Harry, mais ce n'est pas à toi de choisir – car je suis toujours le gardien de ta chambre forte."

"Quoi ?" dit Harry, trop stupéfait pour mieux formuler sa réponse.

"Je ne peux pas te laisser t'endetter auprès de Lucius Malfoy, Harry ! Je ne peux pas ! Tu ne sais pas – tu ne te rends pas compte -"

MEURS.

Harry ne savait même pas quelle partie de lui avait parlé, ça avait peut-être été un vote unanime, la rage pure et la furie s'étaient déversées de lui. L'espace d'un instant il pensa que la simple force de sa colère se verrait pousser des ailes magiques et s'envolerait pour aller frapper le directeur, pour le faire chuter raide mort du podium...

Mais après que la voix mentale ait parlé, le vieux sorcier se tenait toujours là, à regarder Harry, sa longue baguette noire dans sa main droite, son court bâton dans la gauche.

Et les yeux de Harry allèrent aussi jusqu'à l'oiseau rouge-or dont les serres se reposaient sur l'épaule recouverte de noir de Dumbledore, silencieux à un moment où aucun phénix n'aurait dû l'être. "Fumseck," dit Harry d'une voix qui lui sembla étrange, "pourrais-tu lui crier dessus de ma part ?"

L'oiseau enflammé perché sur l'épaule du vieux sorcier ne cria pas. Peut-être le Magenmagot avait-il exigé qu'un sortilège de silence soit lancé sur la créature, autrement il aurait probablement crié du début à la fin. Mais Fumseck frappa son maître d'une aile d'or qui alla s'abattre sur la tête du vieux sorcier.

"Je ne peux pas, Harry !" dit le vieux sorcier, et l'angoisse était audible dans sa voix. "Je fais ce que je me dois de faire !"

Et Harry sut alors, en regardant l'oiseau rouge-or, ce qu'il se devait lui aussi de faire. Elle aurait due être évidente depuis le début, cette solution.

"Alors je ferais ce que je me dois de faire moi aussi," dit Harry, le menton levé vers Dumbledore, comme s'ils se tenaient tous deux seuls dans la pièce. "Vous comprenez cela vous aussi, n'est-ce pas ?"

Le vieux sorcier secoua sa tête tremblante. "Tu changeras d'avis quand tu seras plus âgé..."

"Je ne parle pas de cela," dit Harry d'une voix qui lui semblait toujours étrange. "Je veux dire que je ne laisserai pas Hermione Granger se faire manger par des Détraqueurs sous quelques circonstances que ce soit. Point. Peu importe ce qu'une loi quelconque peut en dire et peu importe ce que j'aurai à faire pour l'empêcher. Dois-je continuer ?"

Un étrange voix masculine parla, quelque part, loin en-dessous : "Assurez-vu que la fille soit menée directement à Azkaban et placée sous garde renforcée."

Harry attendit en regardant le vieux sorcier puis parla de nouveau. "J'irai à Azkaban," dit-il à celui-ci, comme s'ils étaient seuls au monde, "avant que Hermione ne puisse y être menée, et je commencerai à claquer des doigts. J'y perdrai peut-être ma vie, mais lorsqu'elle arrivera là-bas, Azkaban n'existera plus."

Quelques membres du Magenmagot eurent des hoquets de surprise.

Puis un grand nombre d'entre eux commença à rire.

"Et comment irais-tu là-bas, petit garçon ?" dit une voix parmi les rieurs.

"J'ai mes propres moyens de déplacement," dit la voix distante du garçon. Il garda ses yeux braqués sur Dumbledore, sur le vieux sorcier qui l'observait, choqué. Harry ne regarda pas directement Fumseck, il ne dévoila pas son plan ; mais il se préparait mentalement à faire appel au phénix pour que celui-ci le transporte, il se préparait à emplir son esprit de lumière et de furie, à appeler l'oiseau de feu de tout son pouvoir, car il devrait peut-être le faire à la seconde où Dumbledore pointerait sa baguette...

"Le ferais-tu vraiment ?" dit le vieux sorcier à Harry, toujours comme s'ils étaient seuls dans la pièce.

La pièce s'emplit à nouveau de silence lorsque tout le monde dirigea un regard stupéfait vers le président sorcier du Magenmagot qui semblait prendre la folle menace parfaitement au sérieux.

Les yeux du vieux sorciers restèrent rivés à Harry. "Risquerais-tu tout – absolument tout – seulement pour elle ?"

"Oui," répondit Harry.

C'est la mauvaise réponse, tu sais, dit Serpentard. Sérieux.

Mais c'est la vraie réponse.

"Tu n'entendras pas raison ?" dit le vieux sorcier.

"On dirait bien que non," répondit Harry.

Les regards demeurèrent ancrés l'un dans l'autre.

"C'est une terrible folie," dit le vieux sorcier.

"J'en suis conscient," répondit le héros. "Maintenant hors de mon chemin."

Une étrange lumière luit dans les vieux yeux bleus. "Comme tu le souhaites, Harry Potter, mais saches que ce n'est pas fini."

Le reste du monde recommença d'exister.

"Je retire mon objection," dit le vieux sorcier, "Harry Potter peut faire ce qu'il désire," et le Magenmagot explosa dans un rugissement ahuri et ne put être tut que par un dernier coup du bâton de pierre.

Harry tourna la tête pour regarder Lord Malfoy qui semblait avoir vu un chat se transformer en humain et commencer à manger d'autres chats. Dire qu'il avait l'air perdu était loin de faire justice à son apparence.

"Vous le feriez vraiment..." dit lentement Lucius Malfoy. "Vous paieriez vraiment cent mille Gallions pour sauver une Sang-de-Bourbe."

"Je pense qu'il y a environ quarante mille Gallions dans ma chambre forte," dit Harry. Étrange comme cela provoquait toujours plus de douleur intérieure que l'idée de risquer sa vie à plus d'une chance sur deux pour détruire Azkaban. "Quand aux autres soixante mille – quelles sont les règles, exactement ?"