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Oh, tais toi.

Le professeur McGonagall tenait Hermione avec une telle force qu'on aurait pu croire que c'était une mère tenant sa fille, ou peut-être sa petite fille. Au bout de quelques instants, les sanglots de Hermione ralentirent et s'arrêtèrent. Le professeur McGonagall changea brusquement de posture et renforça sa prise : les mains de la fille pendaient mollement et ses yeux étaient fermés...

"Elle s'en remettra, M. Potter," dit doucement le professeur McGonagall à l'intention de Harry mais sans le regarder. "Elle a juste besoin de quelques heures dans l'un des lits de Mme Pomfresh."

"Très bien, dans ce cas," dit Harry. "Amenons-la chez Mme Pomfresh."

"Oui," dit Dumbledore en descendant jusqu'au bas des escaliers de pierre noire. "Rentrons tous chez nous ." Ses yeux bleus étaient braqués sur ceux de Harry, durs comme des saphirs.

Les Lords et les Dames du Magenmagot quittent leurs bancs de bois comme ils sont venus, l'air plutôt nerveux.

La vaste majorité d'entre eux pense : 'Le Détraqueur avait peur du Survivant !'

Certains des plus astucieux se demandent déjà comment cela affectera la délicate balance du pouvoir du Magenmagot – si une nouvelle pièce est apparue sur le plateau de jeu.

Presque aucun d'entre eux ne pense quelque chose comme : 'Je me demande comment il a fait ça.'

C'est la réalité du Magenmagot : Nombre sont nobles, nombre sont de riches magnats des affaires, quelques-uns ont obtenu leur statut par d'autres moyens. Certains sont stupides. La plupart sont rusés en affaires et en politique mais leur ruse est restreinte. Quasiment aucun d'entre eux n'a suivi la voie du mage de pouvoir. Ils n'ont pas lu de tomes anciens à la recherche de vérités trop puissantes pour rester à découvert et déguisées en casse-têtes, étudié de vieux parchemins en chasse de véritables magies cachées au milieu de cent contes de fée. Lorsqu'il ne regardent pas un contrat d'endettement, ils abandonnent toute la ruse qu'ils possèdent et se relaxent dans une absurdité confortable. Ils croient aux Reliques de la Mort, mais ils croient aussi que Merlin a combattu le terrifiant Totoro et a emprisonné le Ree. Ils savent (parce que cela aussi fait partie de la légende standard) qu'un puissant sorcier doit savoir distinguer la vérité entre cent mensonges plausibles. Mais il ne leur est jamais venu à l'esprit de faire de même.

(Pourquoi pas ? Mais alors pourquoi des sorciers dotés d'un statut et d'une fortune assez grande pour se consacrer à quasiment n'importe quelle entreprise choisiraient de passer leurs vies à se battre pour le contrôle de monopoles lucratifs ou d'importation d'encres ? Le directeur de Poudlard s'intéresserait à peine à la question : bien sûr que la plupart des gens ne devraient pas être des mages de pouvoir, tout comme la plupart des gens ne devraient pas être des héros. Le professeur de Défense pourrait expliquer, longuement et cyniquement, pourquoi leurs ambitions sont si triviales ; pour lui non plus, il n'y a là aucune d'énigme. Seul Harry Potter, en dépit de tous les livres qu'il a lu, est incapable de comprendre ; pour le Survivant, les choix des Lords et Dames semblent incompréhensibles : pas ceux qu'une bonne personne ferait ni ceux qu'une mauvaise personne ferait non plus. Alors lequel des trois est-il le plus sage?)

Donc, quelle qu'en soit la raison, la majeure partie du Magenmagot n'a jamais suivi la voie qui mène à la puissance magique ; ils ne recherchent pas ce qui est caché. Pour eux, il n'y a pas de pourquoi. Il n'y a pas d'explication. Il n'y a pas de causalité. Le Survivant, qui appartenait déjà à moitié au magistère de la légende, y a été entièrement promu, et il existe maintenant un fait brut, simple et sans explication : le Survivant effraie les Détraqueur. Dix ans plus tôt, on leur a dit qu'un enfant de un an avait vaincu le plus terrible Seigneur des Ténèbres de leur génération, peut-être pire Seigneur des Ténèbres à avoir jamais vécu ; et ils ont aussi accepté cela.

On n'est pas censé remettre ce genre de chose en question (ils le savent implicitement). Si le plus terrible Seigneur des Ténèbres de l'histoire se confronte à un bébé innocent – allons, comment pourrait-il ne pas être vaincu ? Le rythme de la pièce l'exige. On est censé applaudir, pas se lever de son siège de spectateur et dire 'Pourquoi ?'. C'est le concept même de l'histoire : que le Seigneur des Ténèbres est abattu par un petit enfant, et si vous comptez remettra ça en question, alors autant ne même pas assister à la pièce.

L'idée ne leur vient pas de remettre en question l'application d'un tel raisonnement aux événements dont ils ont eux-mêmes été les témoins dans la Très Ancienne Chambre. De fait, ils ne sont pas conscients du fait qu'ils appliquent un raisonnement fait pour la fiction à la vie réelle. Quant à examiner le Survivant avec la même logique prudente que celle dont ils useraient pour une alliance politique ou un accord commercial – quel cerveau ferait ça quand une partie du magistère de la légende est en jeu ?

Mais il y en a quelques uns, très rares, assis sur ces bancs de bois, qui ne réfléchissent pas comme cela.

Il existe un tout petit groupe au Magenmagot qui a lu des parchemins à moitié désintégrés, a écouté l'histoire de ces choses qui sont arrivées au cousin du frère de quelqu'un, pas pour passer le temps, mais au sein d'une quête de pouvoir et la vérité. Ils ont déjà noté la nuit de Godric's Hollow telle que racontée par Albus Dumbledore comme étant un événement anormal et potentiellement important. Ils se sont demandé pourquoi cela s'est produit, si cela s'est produit, et si non, pourquoi Dumbledore ment.

Et lorsqu'un garçon de onze ans se lève et dit "Lucius Malfoy" de cette voix froide et adulte puis continue à prononcer des mots qu'on ne s'attendrait tout simplement pas à voir émaner d'un enfant en première année à Poudlard, ils ne laissent pas ce fait se glisser dans le flou sans loi des légendes et des préambules de pièces de théâtre.

Ils notent que c'est un indice.

Ils l'ajoutent à la liste.

Cette liste commence à avoir l'air relativement alarmante.

Ça n'aide pas particulièrement quand le garçon crie 'BOUH !' à un Détraqueur et que le corps en décomposition s'appuie contre le mur derrière lui et que son horrible et douloureuse voix grince : 'Faites-le partir d'ici'.

*Chapter 82*: Compromis Tabous, Fin

Le voyage par phénix provoquait une sensation complètement différente de celle provoquée par le Transplanage ou les Portoloins. Vous preniez feu – vous vous sentiez clairement prendre feu, mais sans ressentir de douleur – et au lieu de tomber en cendres, vous sentiez le feu vous brûler de part en part puis vous transformer en feu à votre tour, et vous vous éteigniez alors, pour aller vous embraser ailleurs. Cela ne donnait pas la nausée comme les Portoloins et le Transplanage mais c'était néanmoins une expérience assez déroutante. Si la vérité sous-jacente au voyage par phénix était que l'on devenait réellement une instance spécifique d'un Feu général, cela laissait entendre qu'on pouvait potentiellement brûler n'importe où – même dans un passé lointain, dans un autre univers ou dans deux endroits à la fois. Que l'on pouvait s'éteindre quelque part et s'embraser dans cent lieux à la fois, et que celui qui arriverait à Poudlard pourrait n'en avoir jamais conscience. Mais Harry avait lu autant qu'il le pouvait au sujet des phénix dans le but d'obtenir le sien et il n'avait pas vu d'indice sur quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à cette capacité.

Harry prit feu, disparut, s'embrasa de nouveau et d'un coup lui, le directeur et le corps inconscient de Hermione Granger, tenu par les bras du directeur, se retrouvèrent ailleurs avec Fumseck au-dessus d'eux trois. Une pièce calme et chaude avec des colonnes de pierres illuminées par le ciel par ses quatre murs, peuplée de lits blancs disposés en longues rangées, dont quatre entourés de rideaux et les autres vides.