Выбрать главу

"M. Potter semblait douter de cela," dit Minerva. Elle ne parvenait pas tout à fait à garder sa voix dénuée de tranchant car une partie d'elle était assez fortement d'accord. "Il semblait penser que le sens commun dicte que Mlle Granger continue sa scolarité n'importe où ailleurs qu'à Poudlard."

Le vieux sorcier soupira. "Je crains que le garçon n'ait passé trop de temps parmi les Moldus. Ils sont en permanence à la recherche de sécurité et s'imaginent toujours que celle-ci peut-être trouvée. Si Mlle Granger n'est pas en sûreté au centre de notre forteresse, elle ne le sera pas plus en la quittant."

"Tout le monde ne semble pas être d'accord," dit le professeur McGonagall. Ça avait presque été la première lettre qu'elle avait vu lorsqu'elle avait jeté un rapide coup d'œil sur son bureau : une enveloppe du plus fin des parchemins, scellée d'une cire vert-argent à l'effigie d'un serpent qui s'était dressé et lui avait sifflé dessus. "J'ai reçu la chouette de Lord Malfoy retirant son fils de Poudlard."

Le vieux sorcier hocha la tête mais ne changea pas de rythme. "Harry est-il au courant ?"

"Oui." Sa voix flancha l'espace d'un instant lorsqu'elle se souvint de l'expression de Harry. "Après les cours, M. Potter a félicité le bon sens de Lord Malfoy et a dit qu'il écrirait à Mme Londubat pour lui conseiller de faire de même avec son petit-fils au cas où celui-ci serait la prochaine cible. Au cas où la gardienne de M. Londubat serait suffisamment négligente pour le laisser à Poudlard, M. Potter voudrait qu'il soit munit d'un Retourneur de Temps, d'une cape d'invisibilité, d'un balais et d'une bourse dans laquelle les transporter ; et aussi d'un anneau d'orteil pourvu d'un Portoloin d'urgence menant vers un lieu sûr au cas où quelqu'un kidnapperait M. Londubat et lui ferait quitter l'enceinte de Poudlard. J'ai dit à M. Potter que je ne pensais pas que le ministère consentirait à un tel usage des Retourneur de Temps et il m'a répondu que nous ne devrions pas leur demander d'autorisation. Je m'attends à ce qu'il désire voir Mlle Granger recevoir pareil équipement si jamais elle reste. Quant à lui, M. Potter veut un balais pour trois personne afin qu'il puisse le transporter dans sa bourse." Elle n'était pas éblouie par la liste de précautions. Impressionnée par leur intelligence, mais pas éblouie. Elle était maître de Métamorphose, après tout. Mais le fait que Harry trouve maintenant Poudlard aussi dangereuse que la recherche fondamentale en magie envoyait quand même des frissons d'inquiétude parcourir son corps.

"Le département des mystères n'est pas à défier à la légère," dit Albus. "Mais pour le reste -" le vieux sorcier sembla s'affaisser légèrement. "Autant donner au garçon ce qu'il souhaite. Et je protégerais aussi Neville et écrirai à Augusta pour lui dire qu'il devrait rester ici pendant les vacances."

"Et enfin," continua-t-elle, "M. Potter dit que – et je le cite directement, Albus – que quel que soit l'espèce d'attire-mage-noir que le directeur garde ici, il faut le faire sortir de cette école maintenant." Cette fois elle ne parvint pas à empêcher sa voix d'être tranchante.

"J'en ai demandé autant à Flamel," dit Albus d'un ton qui laissa clairement entendre sa douleur. "Mais maître Flamel a dit – que même lui ne peut garder la Pierre en sûreté – qu'il croit que Voldemort a le moyen de la trouver, où qu'elle se trouve – et qu'il ne consent pas à ce qu'elle soit gardée ailleurs qu'à Poudlard. Minerva, je suis navré mais elle doit être gardée ici – il le faut !"

"Très bien," dit le professeur McGonagall. "Quant à moi, je pense que M. Potter a raison en tous points."

Le vieux sorcier lui jeta un coup d'œil et il dit d'une voix émue : "Minerva, vous me connaissez depuis longtemps, aussi bien que quiconque encore en vie aujourd'hui – dites-moi si les ténèbres me tiennent déjà."

"Quoi ?" dit le professeur McGonagall, franchement surprise. Puis : "Oh non Albus, non !"

Les lèvres du vieux sorcier se serrèrent avec force avant qu'il ne parle. "Pour le plus grand bien. Ils sont si nombreux, ceux que j'ai sacrifiés pour le plus grand bien. Aujourd'hui, j'ai presque condamnée Hermione Granger à Azkaban pour le plus grand bien. Et je me trouve – aujourd'hui, je me suis retrouvé – à éprouver de la rancune envers cette innocence que je ne possède plus..." La voix du vieux sorcier resta en suspens. "Le mal fait au nom du bien. Le mal fait au nom du mal. Quel est le pire ?"

"Vous faites l'idiot, Albus."

Le vieux sorcier lui jeta un nouveau coup d'œil avant de regarder une fois de plus devant lui. "Dis-moi, Minerva – t'es tu arrêtée le temps de soupeser les conséquences de ton geste avant de dire à Mlle Granger comment se lier à la famille Potter ?"

Elle inspira par réflexe lorsqu'elle comprit ce qu'elle avait fait -

"Tu ne l'as donc pas fait." Les yeux d'Albus étaient attristés. "Non, Minerva, tu n'as pas à t'excuser. C'est bien ainsi. Étant donné ce que tu as vu de moi aujourd'hui – si ta loyauté va maintenant à Harry Potter et pas à moi, alors c'est bien, c'est juste ainsi." Elle ouvrit les lèvres pour protester mais Albus continua avant qu'elle ne puisse prononcer un mot. "De fait – de fait, cela deviendra nécessaire, et même plus que nécessaire si le Seigneur des Ténèbres que Harry doit vaincre pour accéder à sa pleine puissance se révèle ne pas être Voldemort..."

"Pas ça encore !" dit Minerva. "Albus, c'est Vous-Savez-Qui et, pas vous, qui a marqué Harry comme son égal. Il est absolument impossible que la prophétie ait parlé de vous !"

Le vieux sorcier hocha la tête, mais ses yeux semblaient perdus dans le lointain, concentrés sur le chemin qui les attendait.

La cellule de détention, bien au centre du département de justice magique, était luxueusement apprêtée ; ce qui constituait plus une remarque sur ce que les sorciers adultes tenaient pour acquis que sur quelque sentiment humain envers les prisonniers. Il y avait une chaise à bascule automatique munie de coussins autochauffants moelleux et richement brodés. Il y avait une armoire qui contenait un assemblage hétéroclite de livres trouvés chez un vendeur à la sauvette ainsi qu'un étage entier de vieux magazines, dont un de 1883. Quant aux toilettes, eh bien, ce n'était pas tout à fait luxueux mais un sortilège lancé sur la pièce interrompait toutes ces petites affaires : on n'allait nulle part où l'Auror de garde ne pouvait surveiller. Mais mis à part cela, c'était une plaisante petite cellule. Le professeur de Défense de Poudlard était détenu, pas arrêté, même pas intimidé. Il n'y avait pas de preuves pour l'accuser... mis à part qu'un crime atroce et insolite avait été commis dans l'enceinte de l'école de sorcellerie de Poudlard et qu'en s'en tenant aux observations passées les chances étaient de cinq contre une pour que l'actuel professeur de Défense y soit mêlé d'une façon ou d'une autre. Il faut ajouter à cela le fait que personne au département de justice magique ne savait même qui était le professeur de Défense et que l'homme avait, au sens propre, écarté toute tentative de découvrir sa véritable identité d'un toussotement. Donc non, ils n'avaient pas encore rendu 'Quirinus Quirrell' à Poudlard.

Répétons cela, pour marquer le coup :

Le professeur de Défense.

Était détenu.

Dans une cellule.

Le professeur de Défense regardait fixement l'Auror et fredonnait.

Le professeur de Défense n'avait pas prononcé un mot depuis qu'il était arrivé dans cette cellule. Il avait seulement fredonné.

Le fredonnement avait commencé comme une simple berceuse pour enfants, celle qui en Angleterre moldue commençait par Bonsoir, bonne nuit...