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Hermione avança droit vers l'escalier qui menait directement au dortoir des filles en première année (Elle ne vit pas que Padma Patil let Anthony Goldstein la regardaient, leurs têtes seules à suivre son mouvement) De derrière elle, elle entendit Harry Potter dire d'un ton très calme : "Vous tous, la vérité finira par éclater. Donc si vous êtes tous si sûrs qu'elle est coupable, pourrais-je tous vous demander de signer ce papier ici qui dit que si elle s'avère avoir été innocente, elle aura le droit de vous dire 'Je te l'avais dit' et de vous en vouloir jusqu'à la fin de vos jours ? Allez y, ne soyez pas lâches, si vous y croyez vraiment vous ne devriez pas avoir peur de parier..."

Elle avait parcouru la moitié des escaliers lorsqu'elle se rendit compte qu'il y aurait aussi d'autres filles dans le dortoir.

Les étoiles n'étaient pas encore tout à fait visible, on ne pouvait voir qu'une ou deux des plus brillantes à travers le voile rouge et violet de l'horizon, mais le soleil s'était couché.

Les mains de Hermione pressèrent la pierre du parapet qui protégeait le petit balcon où elle s'était réfugiée, loin de la cage d'escaliers, après s'être rendue compte que...

...elle ne pouvait juste pas aller dormir...

...les mots faisaient écho dans son esprit sur le même ton qu'auraient eu ceux-ci : "Tu ne peux plus rentrer chez toi."

Elle regarda le terrain vide, le soleil couchant, l'herbe nouvelle, si loin, en contrebas.

Fatiguée, elle était fatiguée, elle ne pouvait plus penser, elle avait besoin de dormir. Le professeur Flitwick lui avait dit qu'elle en avait besoin et il y avait eu une potion de plus pour accompagner son dîner. Peut être était-ce ainsi que la société sorcière traitait les horribles traumatismes infligés à de jeunes filles innocentes : en les faisant juste beaucoup dormir.

Elle aurait dû aller dans sa chambre et dormir mais elle avait peur de se rendre à un endroit où d'autre personnes pouvaient se trouver. Peur de la façon dont ils pourraient la regarder ou ne pas la regarder.

À mesure que la nuit prenait place, des fragments de pensées se couraient l'un après l'autre dans un esprit trop épuisé pour les achever ou les relier.

Pourquoi...

Pourquoi tout cela a-t-il eu lieu...

Tout allait bien il y a une semaine...

Pourquoi...

De derrière elle vint le grincement d'une porte qui s'ouvrait.

Elle tourna la tête et regarda.

Le professeur Quirrell était incliné contre le chambranle de la porte qu'elle venait de traverser, détouré comme une silhouette cartonnée par la lumière des torches de Poudlard situées derrière lui. Elle ne pouvait pas voir l'expression de son visage bien que le passage dans son dos soit éclairé ; ses yeux, son visage, tout ce qu'elle pouvait voir se trouvait dans l'ombre de la nuit.

Le professeur de Défense de Poudlard, numéro un sur la liste des coupables potentiels. Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle avait une liste de suspect avant cet instant.

L'homme se tenait devant cette porte sans rien dire et elle ne pouvait pas voir ses yeux. Que faisait-il ici, en premier lieu ?

"Êtes-vous ici pour me tuer ?" dit Hermione Granger.

Sur ces mots, la tête du professeur Quirrell s'inclina.

Puis il s'élança vers elle, la sombre silhouette levant une main lentement, délibérément, comme pour la faire tomber de la tour Serdaigle...

"Stupéfix !"

Le jet d'adrénaline écrasa tout le reste, elle sortit sa baguette sans avoir pensé, ses lèvres formèrent le mot d'elles-mêmes, le tir jaillit et...

...s'arrêta lentement devant la main levée du professeur Quirrell, ondulant dans un vol suspendu comme s'il essayait encore d'avancer, émettant un sifflement.

La lueur rouge illumina le visage du professeur Quirrell pour la première fois et révéla un étrange et affectueux sourire.

"Mieux," dit le professeur Quirrell. "Mlle Granger, vous êtes toujours élève de mon cours de Défense. À ce titre, si vous me considérez comme une menace, j'attends de vous que ne fassiez pas que me regarder tristement et me demander si je suis ici pour vous tuer. Deux points Quirrell en moins."

Elle fut entièrement incapable de formuler une réponse.

Le professeur de Défense fit une chiquenaude nonchalante de l'index vers le tir suspendu et envoya le maléfice au-dessus de sa tête, loin dans la nuit, si bien qu'ils se retrouvèrent dans les ténèbres. Puis le professeur Quirrell s'éloigna de la porte qui se referma d'un coup derrière lui et une douce lumière blanche apparut autour d'eux, si bien qu'elle pu de nouveau voir son visage, toujours avec cet étrange sourire affectueux.

"Que... que faites-vous ici ?"

Quelque pas de plus menèrent le professeur Quirrell à une partie plus élevée du balcon, où il posa ses coudes sur la pierre et s'inclina très avant, regardant la nuit.

"Je suis venu ici immédiatement après avoir été relâché par les Aurors et à l'instant où j'ai fini de faire mon rapport au directeur," dit le professeur Quirrell d'une voix tranquille, "parce que je suis votre professeur, que vous êtes mon élève et que je suis responsable de vous."

Hermione comprit alors ; elle se souvint de ce que le professeur Quirrell avait dit à Harry lors de sa seconde leçon de Défense de l'année au sujet du contrôle de sa colère. Elle sentit une vague de honte saisir sa poitrine. Il lui fallut un moment pour que le savoir surmonte la mortification, pour qu'elle force les mots à sortir...

"Je..." dit Hermione. "Harry pense... que je ne me suis pas emportée, je veux dire..."

"C'est ce que j'ai entendu," dit le professeur Quirrell d'un ton plutôt sec. Il secoua la tête comme à l'intention des étoiles elles-mêmes. "Le garçon a la chance que j'ai dépassé le stade de l'agacement face à ses tendances autodestructrices et en sois à la pure curiosité quant à ce qu'il va faire ensuite. Mais je suis d'accord avec l'interprétation des faits de M. Potter. Ce meurtre était très bien préparé pour échapper à la détection, à la fois de Poudlard et de l'œil aux aguets du directeur. Naturellement, lors d'un meurtre si bien pensé, quelque innocent recevrait le blâme." Un bref sourire ironique passa sur les lèvres du professeur de Défense, mais il ne la regardait pas. "Quant à l'idée que vous l'ayez fait vous-même – je me considère être un professeur de talent, mais même moi ne pourrais enseigner une telle intention meurtrière à une élève aussi obstinée et dénuée de talent que Hermione Granger."

La partie de son cerveau qui répondit Quoi ? d'un ton indignée fut loin d'être assez forte pour atteindre ses lèvres.

"Non..." dit le professeur Quirrell. "Ce n'est pas pour cela que je suis ici. Vous n'avez fait aucun effort pour masquer votre antipathie à mon égard, Mlle Granger. Je vous remercie pour cette absence de prétentions, car je préfère de loin la véritable haine à l'amour faux. Mais vous êtes toujours mon élève et j'ai quelque chose à vous dire, si vous voulez bien l'écouter."

Hermione le regarda tout en continuant de combattre les effets de l'adrénaline de quelque instants auparavant. Le professeur de Défense semblait juste regarder le ciel noir dans lequel les étoiles apparaissaient.

"Il fut un jour où j'allais devenir un héros," dit le professeur Quirrell, les yeux toujours levés. "Pouvez-vous y croire, Mlle Granger ?"

"Non."

"Merci, une fois de plus, Mlle Granger. C'est néanmoins vrai. Il y a longtemps, longtemps avant votre époque ou celle de Harry Potter, fut un homme salué comme un sauveur. L'héritier dont chacun reconnaissait le destin grâce aux contes de fées, maniant la justice et la vengeance comme deux baguettes face à sa terrible Némésis." Le professeur Quirrell eut un rire doux et amer avant de relever les yeux vers le ciel nocturne. "Savez-vous, Mlle Granger, qu'à cette époque je me croyais déjà cynique et que pourtant... eh bien."