" Ainsi en fut-il, " dit Albus Dumbledore presque dans un soupir. " Ainsi en fut-il. " Fumseck était sur son épaule et regardait là où s'était trouvé l'autre phénix d'un regard aviaire indéchiffrable.
" Que faites-vous ici ? "
" Ah ? " dit le vieil homme depuis le coin opposé de la plate-forme. " J'ai ressentit la présence d'une créature inconnue de Poudlard alors je suis venu voir, bien sûr. " Lentement, la main tremblante du vieux sorcier monta afin d'enlever les lunettes en demi-lunes et son autre main essuya ses yeux et son front en usant de sa manche. " Je n'osais... je n'osais pas parler... je savais, je savais qu'entre tous ce choix devait être le tien... "
Une étrange appréhension commençait à se répandre en Harry, à sourdre en lui comme une sensation de nausée.
" Que tout dépendait de cela, " dit Albus Dumbledore toujours de ce presque-soupir, " je le savais. Mais quel choix menait vers les ténèbres, cela, je n'ai pu le deviner. Au moins, le choix était tien. "
" Je ne... " dit Harry, et sa voix s'arrêta.
Une terrible hypothèse, qui gagnait en crédibilité...
" Le phénix vient, " dit le vieux sorcier. " À ceux qui se battront, à ceux qui agiront même au prix de leur vie, le phénix vient. Les phénix ne sont pas sages, Harry, ils ne connaissent aucun moyen de nous juger autre que d'être témoins de ce choix. Je pensais courir à ma mort lorsque le phénix m'a mené à Grindelwald. J'ignorais que Fumseck me soutiendrait, me soignerait et resterait à mes côtés... " la voix du vieux sorcier chevrota un instant. " Cela reste tu... il te faut comprendre, Harry, pourquoi cela reste tu... si l'intéressé savait, le phénix ne pourrait juger. Mais à toi, Harry, je peux maintenant le dire, car le phénix ne vient qu'une fois. "
Le vieux sorcier traversa le sommet de la tour Serdaigle vers un garçon enraciné dans une horreur croissante, croissante et absolue.
Lors de mon duel face à Grindelwald je ne pouvais vaincre, seulement le combattre de longues heures durant jusqu'à ce qu'il s'effondre d'épuisement, et j'en serais ensuite mort s'il n'y avait eu Fumseck...
Harry ne sut qu'il s'était mis à parler qu'après que le murmure lui ait échappé -
" Alors j'aurais pu... "
" Aurais-tu ? " dit le vieux sorcier, d'une voix aux accents bien plus âgés qu'à l'habitude. " Voilà maintenant trois fois qu'un phénix est venu pour l'un de mes élèves. Une l'a renvoyé, et son deuil, je pense, l'a brisée. Et le dernier était un cousin de ta jeune amie Lavande Brown, et il... " la voix du vieux sorcier se brisa. " Il n'est pas revenu, pauvre John, et il n'a sauvé aucun de ceux qu'il souhaitait sauver. On dit, chez les rares érudits des légendes sur les phénix, que pas un sur quatre ne revient de son épreuve. Et même si tu avais survécu – la vie qu'il te faut vivre, Harry James Potter-Evans-Verres – les choix que tu dois faire, le chemin que tu dois suivre – toujours devoir entendre le cri du phénix – qui peut dire que cela ne t'aurait pas rendu fou ? " Le vieux sorcier releva à nouveau sa manche et se la passa une fois de plus sur le visage. " La compagnie de Fumseck m'apportait plus de joie avant que je combatte Voldemort. "
Le garçon ne semblait pas écouter, ses yeux étaient entièrement sur l'oiseau rouge et or perché sur l'épaule du vieux sorcier. " Fumseck ? " dit le garçon d'une voix tremblante. " Pourquoi est-ce que tu ne me regardes pas, Fumseck ? "
Le phénix leva la tête pour regarder le garçon avec curiosité puis se retourner à nouveau vers son maître.
" Tu vois ? " dit le vieux sorcier. " Il ne te rejette pas. Fumseck ne s'intéresse peut-être plus à toi de cette façon particulière à présent, et il sait... " le sorcier sourit sèchement, " que tu n'es pas exactement loyal envers son maître. Mais celui qu'un phénix approche... ne peut être celui qu'un phénix déteste. " La voix du sorcier redevint un soupir. " On n'a jamais vu d'oiseau sur l'épaule de Godric Gryffondor. Même si ce n'est pas révélé parmi ses secrets, je pense qu'il a renvoyé son phénix avant de choisir le rouge et l'or pour couleurs. Peut-être la culpabilité le poussa-t-il à faire plus que ce qu'il aurait osé poursuivre autrement. Ou peut-être cela lui a-t-il enseigné l'humilité et un respect pour la faillibilité humaine, pour l'échec... " le vieux sorcier inclina la tête. " J'ignore véritablement si ton choix fut sage. J'ignore véritablement si c'était la bonne chose à faire, ou la mauvaise. Si je l'avais su, Harry, j'aurais parlé. Mais je... " la voix de Dumbledore se brisa alors. " je ne suis rien d'autre qu'un jeune garçon idiot devenu un vieil homme idiot, et je ne possède aucune sagesse. "
Harry n'arrivait pas à respirer, la nausée semblait emplir et déborder de son corps depuis son estomac solidifié. Il était soudainement et atrocement certain qu'il avait échoué, d'un échec définitif, ce soir là...
Le garçon pivota et courut jusqu'au bord de la tour Serdaigle. " Reviens ! " sa voix se brisa et devint un glapissement. " Reviens ! "
Après-coup final :
Elle s'éveilla dans un hoquet d'horreur, elle s'éveilla un cri muet sur les lèvres et aucun mot ne vint, elle ne pouvait comprendre ce qu'elle avait vu, elle ne pouvait comprendre ce qu'elle avait vu...
" Quelle heure est-il ? " murmura-t-elle.
Son réveil-matin en or et serti de joyaux lui murmura en retour : " Environ onze heures. Rendors-toi. "
Ses draps et sa chemise de nuit étaient inondés de sueur, elle prit sa baguette à côté de son oreiller et se sécha avant d'essayer de se rendormir et de finir par y parvenir.
Sybille Trelawney se rendormit.
Dans la Forêt Interdite, un centaure éveillé par une appréhension incertaine ne cessait de parcourir le ciel nocturne du regard et, n'y ayant trouvé que des questions et aucune réponse, d'un repliement de ses nombreuses jambes, Firenze se rendormit.
Dans les terres lointaines d'Asie magique, une vieille sorcière nommée Fan Tong, en plein repos diurne, dit à son anxieux arrière-arrière petit-fils qu'elle allait bien, que ce n'avait été qu'un cauchemar, et elle se rendormit.
Dans un pays où les moldus ne recevaient jamais aucune lettre, une petite fille trop jeune pour avoir un nom à elle se fit bercer dans les bras de sa mère agacée mais aimante jusqu'à ce qu'elle arrête de pleurer et se rendorme.
Aucun d'eux ne dormit bien.
*Chapter 86*: Inférences multiples
[NdT : Ceci est une version légèrement remaniée de la traduction publiée 14/08/13]
(Gros titres internationaux du 7 avril 1992)
Tribune Magique de Toronto
MAGENMAGOT BRITANNIQUE
RAPPORTE AVOIR VU 'SURVIVANT'
FAIRE PEUR À UN DÉTRAQUEUR
EXPERT EN CRÉATURES MAGIQUES :
"IL FAUDRAIT VRAIMENT ARRÊTER DE MENTIR"
FRANCE ET ALLEMAGNE ACCUSENT ANGLETERRE
D'AVOIR TOUT INVENTÉ
Revue diurne de l'enchanteur néo-zélandais
QUI A RENDU FOLLE LA LEGISLATURE ANGLAISE ?
NOTRE GOUVERNEMENT PROCHAIN EN LICE ?
EXPERT LISTE LES 28 MEILLEURES RAISONS
DE CROIRE QUE C'EST DÉJÀ LE CAS
Le Mage Américain :
CLAN DE LOUPS-GAROUS DEVIENNENT
PREMIERS HABITANTS DU WYOMING
Le Chicaneur
MALFOY FUIT POUDLARD
À L'ÉVEIL DE SES POUVOIRS VÉLANE
Gazette du Sorcier :
FAILLE JURIDIQUE LIBÈRE
"MOLDUE CINGLÉE"
ET POTTER MENACE MINISTÈRE
D'ATTAQUER AZKABAN
Hypothèse : Voldemort
(8 avril 1992, 19h22)