"Pouvez-vous monter un balais volant, M. Hagrid ?"
"Eh…" Rubeus Hagrid fronça les sourcils. "Non."
"Alors vous ne pouvez pas chercher assez vite ! Sixième année ! J'appelle tous les sixième année ! Est-ce qu'il y a ici des sixième année qui ne sont pas des lâches doublés de bons à riens ?"
Silence.
"Cinquième année ? M. Hagrid, dites-leur qu'ils ont le droit de venir avec moi pour me protéger ! J'essaie d'être raisonnable, bon sang !"
Le demi-géant se tordit les mains et son visage exprimait une hésitation atroce. "Euh… je…"
Quelque chose craqua en Harry et il commença à marcher directement vers les portes de la grande salle en repoussant tous ceux qui ne s'écartaient pas comme s'ils avaient été des statues de pâte. (Il ne courut pas, parce que courir revenait à inviter à se faire arrêter). Quelque part dans son esprit, il traversait une pièce vide emplie de marionnettes mécaniques dont les bruits dénués de sens nés de l'agitation de leurs lèvres l'avaient distrait…
Une immense silhouette se plaça sur son chemin.
Harry leva les yeux.
"J'peux point te laisser faire ça, Harry Potter, surtout pas toi. Y'a des choses étranges qui rôdent dans ce château, et quelqu'un pourrait en vouloir à Mlle Granger… ou il pourrait en vouloir à toi." La voix de Rubeus Hagrid étaient emplie de regrets mais ferme, et ses mains immenses reposaient contre ses flancs telles des plaques de chariots élévateurs. "J'peux point te laisser sortir, Harry Potter."
"Stupéfix !"
Le tir rouge s'écrasa sur la tempe de Hagrid et fit tressaillir l'immense homme. Il tourna la tête à une vitesse qui aurait dû être interdite à des objets de cette taille et mugit : "Qu'esstu pense que tu fais !" à l'intention de la jeune silhouette de Susan Bones.
"Pardon !" cria-t-elle. "Incendium ! Glisseo !"
Les immenses mains de l'homme s'abattaient maintenant sur le feu dans sa barbe et ne purent tout à fait le retenir dans sa chute, mais ça n'avait plus d'importance car Harry l'avait dépassé et…
Neville Londubat se dressa devant lui, l'air désespéré mais déterminé, la baguette du Poufsouffle déjà dans sa main.
La baguette de Harry bondit dans la sienne par pur réflexe, parvint à peine à interrompre son geste avant que Neville ne lui tire dessus et regarda son Lieutenant comme si le monde était devenu fou.
"Harry !" éclata Neville. "Harry, M. Hagrid a raison, tu ne peux pas y aller, ça pourrait être un piège, ils pourraient en avoir après toi…"
Les muscles de Neville se rigidifièrent et il s'effondra au sol, raide comme une planche.
Un Ron Weasley à l'air pâle apparut derrière Neville, sa propre baguette levée, et dit : "Vas-y."
"Ron, espère de malade, qu'est-ce que tu fais…" la voix distante mais reconnaissable du petit ami de Mlle. Deauclaire leur parvint, mais Harry fonçait déjà vers la porte sans un regard en arrière, alors même que les voix de Ron et de Susan s'élevaient dans une nouvelle incantation. Il y eut un immense mugissement indigné et des voix inconnues commencèrent à hurler.
Puis Harry passa les portes et il plongea la main dans sa bourse, sa voix dit "balais volant" et derrière lui les grandes portes commencèrent à se refermer.
Il continua de courir dans l'entrée pendant que le long balais pour trois et ses étriers commençaient à émerger de la bourse et qu'il répétait mentalement un certain nombre de gros mots en se disant voilà ce qui se passe quand tu essaies d'être raisonnable avec la partie de son esprit qui n'essayait pas de trouver un plan de recherche qui recouvre les endroits où Hermione pourrait se trouver. La bibliothèque était au troisième étage et pratiquement à l'autre bout du château… Harry avait presque atteint le grand escalier de marbre lorsque le balais arriva dans sa main et "Debout !" il fut dans les airs et accéléra vers le premier étage…
"Argh !" cria-t-il, et il parvint à peine à faire pivoter son balais pour ne pas empaler l'une des silhouettes humaines qui rôdaient en haut des escaliers. Il eut un instant de peur lorsqu'il essaya de ne pas tomber du balais, et de réaliser les acrobaties qui le maintiendraient dans les étriers malgré la proximité du sol et l'absence quasi totale de place pour manœuvrer quand alors…
"Fred ? George ?"
"On n'arrivait pas à la trouver !" laissa échapper l'un des jumeaux Weasley en agitant les mains de désarroi. "On s'est faufilés à l'extérieur parce qu'on pensait pouvoir trouver Mlle. Granger - il doit y avoir un moyen de trouver n'importe qui dans le château de Poudlard, on en est sûrs tous les deux - mais on ne peut pas trouver ce que c'est !"
Harry les regarda tous deux, renversé sous son balais, là où sa manœuvre désespérée l'avait emmené, et par pur réflexe sa bouche dit : "Eh bien pourquoi étiez-vous si certain de pouvoir la trouver ?"
"On ne sait pas !" s'écria l'autre jumeaux Weasley.
"Avez-vous déjà été capable de retrouver des gens dans Poudlard ?"
"Oui ! On…" et les jumeaux Weasley se turent soudain, et ils regardèrent dans le vide, leurs deux visages roux devenus inexpressifs.
Il y eut un bruit de tonnerre et les deux immenses portes furent ouvertes par quelqu'un de très, très fort.
Harry se retourna pour montrer les deux paires d'étriers sur le balais aux jumeaux Weasley mais ne dit rien, ils n'avaient aucune raison de révéler leur position tant qu'on ne les y forçait pas. Le temps semblait avancer trop lentement alors que les jumeaux Weasley s'installaient tant bien que mal sur les étriers, et le cœur de Harry battait fort malgré son calcul mental qui lui disait qu'en courant, M. Hagrid n'arriverait même pas au pied de l'escalier à temps. Puis ils accélérèrent vite vers le couloir le plus proche, la pierre sous eux devint floue, les murs semblèrent émettre un sifflement (c'était juste le vent dans leurs oreilles) sur leur passage ; Harry se souvint qu'il conduisait un balais plus long destiné à trois personnes juste à temps pour pouvoir ralentir avant le prochain virage.
Et à présent tous les sièges étaient occupés, mais s'ils trouvaient vraiment Hermione, alors Harry pourrait mettre la Cape d'Invisibilité, celait devrait le cacher du troll et libérer un siège pour Hermione…
Harry se baissa très vite avant qu'un porche voûté ne lui arrache la tête.
"On a trouvé Jessie !" lâchèrent les jumeaux Weasley, assis derrière Harry. "On en est sûrs ! La fois où on devait lui dire que Rusard le pourchassait !"
"Comment ?" dit Harry, la majeure partie de son cerveau consacrée à éviter sa mort dans un horrible accident aérien. Il aurait dû ralentir par mesure de précaution mais une tension montait à l'intérieur de lui, une sensation d'effroi sans source. Il ne pouvait pas ralentir, quelque chose d'horrible se produirait s'il ralentissait…
"On…" dirent les jumeaux Weasley assis un peu plus bas. "On n'arrive pas à s'en souvenir !"
Un autre virage sec à environ 0,3% de la vitesse de la lumière selon les estimations de Harry, et ils traversèrent un corridor courbé et tortueux que Harry empruntait toujours pour aller de la grande salle à la bibliothèque, sauf que ça n'était pas le chemin le plus court quand on était sur un balais volant, il aurait plutôt dû prendre le long couloir ouest, qui était droit…