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Je peux seulement pleurer. Encore et encore.

Tandis qu’il me déshabille lentement, comme on déshabillerait une poupée de chiffon éventrée.

— Tu es la première à me rejoindre ici, tu sais. D’habitude, elles se tuent pour m’échapper. Mais toi… toi, tu n’es pas comme les autres, tu es exceptionnelle. Toi, tu es ma plus belle réussite.

J’appelle au secours, les mots expirent à l’intérieur de ma gorge.

Tandis qu’il balade ses lèvres de malade sur mon corps à vif. Y laissant d’atroces brûlures.

— Mon chef-d’œuvre…

Je supplie mon cœur de lâcher.

Tandis que je l’entends rire.

Je supplie la mort de me prendre, mais je comprends qu’elle ne viendra pas.

Que personne ne viendra profaner mon cercueil.

Tandis qu’il profane mon corps.

— Mon plus beau carnage.

Épilogue

Un an et trois mois plus tard

Tu as encore changé les verrous, mon ange ?

Pourtant, tu devrais savoir que ça ne sert à rien… Qu’aucune porte, aucune serrure ne peut m’arrêter.

Rien ni personne ne peut m’arrêter, d’ailleurs.

La preuve, je suis déjà chez toi. Alors que tu viens de partir pour le boulot. Brave petit soldat ! Je te regarde t’éloigner, dans ton uniforme qui te va à ravir. Mais que, bientôt, je t’arracherai de force.

Déjà, tu as perdu pied.

Déjà, tu ne dors plus sans tes somnifères. Tu ne penses plus qu’à moi, alors même que tu ne me connais pas.

Déjà, ta vie est devenue un enfer.

Mais ce n’est rien à côté de ce que je te réserve.

Mon cher ange, ma chère Valentine… J’espère que tu marcheras dans les traces de Cloé. Que tu iras aussi loin qu’elle.

C’est un peu pour ça que je t’ai choisie, tu sais.

D’abord parce que tu es belle. Décidément, Alex avait bon goût en matière de femmes ! Je dois lui reconnaître ça. Mais ce n’est pas uniquement pour ta féminité et tes charmes que je t’ai choisie. C’est aussi pour l’arme que tu portes à la ceinture.

Un jour, tu t’en serviras. Un jour, tu basculeras. Et je serai là.

Il y aura de la place pour toi, chez moi. Tu pourras prendre celle de Cloé. La merveilleuse Cloé…

Seras-tu à la hauteur ? Sauras-tu la remplacer ?

Tu sais, je ne me remets pas de son départ. Nous sommes restés ensemble de longs mois. Inséparables. Chaque nuit, ou presque, elle était à moi. Rien qu’à moi.

J’ai contemplé la folie à l’œuvre. Fascinante artiste.

Je l’ai vue transformer Cloé, jour après jour. Sculpter son âme, son visage et son corps. L’éroder tel un puissant acide.

Cloé, ma chère Cloé… J’ai cru qu’elle avait renoncé. Mais Cloé ne renonce jamais, tu sais.

Elle m’a impressionné, comment ne pas l’avouer ?

Pas facile de se donner la mort. Surtout quand on a si peu de moyens. Pas de fenêtre par laquelle se jeter. Pas de couteau avec lequel se taillader les veines. Pas de pharmacopée à disposition pour s’empoisonner. Juste les doses pour t’assommer, pour annihiler ta volonté.

Pourtant, Cloé a réussi.

Entre deux rondes, elle a passé un drap autour de son cou, a noué l’autre extrémité à la grille qui ornait la fenêtre.

Et elle s’est agenouillée.

Tu n’imagines pas comme c’est difficile, sans doute. Il ne suffit pas de subir l’étouffement. Il faut l’affronter, jusqu’au bout. Résister à la douleur, ne pas dénouer ce qui t’empêche de respirer, ne pas te relever… Un supplice comme il en existe peu.

Elle a attendu le bon moment. Elle voulait que ce soit moi qui la trouve. Elle avait les yeux ouverts, je l’ai regardée longtemps.

J’ai pleuré, tu sais. Chialé comme un gosse. Des larmes de colère, de rage. Je crois que j’avais mal, aussi. De l’avoir perdue.

Merveilleuse Cloé. Courageuse Cloé… Elle a réussi à me blesser. Mais pas à me tuer.

Dommage pour toi.

Changer les verrous ne sert à rien, mon ange. Me voilà déjà dehors.

Je t’ai préparé une belle surprise pour ton retour. Après ta dure nuit de labeur au service de la loi.

Une surprise qui t’empêchera de trouver le sommeil. De quoi te faire douter. Douter de tout, de tout le monde. Et surtout de toi.

De ta santé mentale.

Bientôt, tu seras prête, mon ange…

L’Ombre se faufile hors de la maison. Aussi discrète qu’un animal sauvage. Aussi insaisissable qu’un souffle d’air.

Les mains dans les poches, sa capuche sur la tête, Quentin sifflote un air d’opéra entendu à la radio. Il jette un coup d’œil rapide, puis s’élance dans la rue déserte.

Il ne remarque pas la voiture garée à quelques dizaines de mètres de là.

Ni l’homme à son bord. Qui le vise avec un zoom surpuissant, immortalisant la scène.

Tu es trop sûr de toi pour me voir, immonde salopard.

Trop sûr de toi pour imaginer que la proie, c’est toi, désormais.

Je ne peux plus rien faire pour Cloé. Mais tu n’auras pas Valentine.

Tes heures sont comptées, tu peux me croire. Bientôt, tu croupiras en taule. À moins qu’ils ne t’enferment dans ton propre asile d’aliénés. Ça me plairait assez, je dois dire !