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Завет бытия/Voix de la Nature

Je demandais au vent toujours errant; Pour être jeune, oh! dis-le moi, que faire? Le libre vent me dit en folâtrant: «Sois comme l'air, ou la vapeur légère!»
«Quel ordre», dis-je à l'Océan puissant, «Le créateur donna-t-il à la vie?» Et l'Océan, dit en se balançant: «Toujours, ainsi que Moi, sois pleine d'harmonie!»
«Que faire», dis-je au soleil dans les cieux «Pour luire ainsi que l'aurore hâtive?» L'ardent soleil resta silencieux: «Enflamme-toi» comprit l'âme attentive.

Traduit par Olga Lanceray

Завет бытия /Testament de l'Être

Au vent libre j'ai demandé: ― «Que dois-je faire afin de rester jeune?» Le vent badin m'a répondu: ― «Sois comme l'air et la fumée!»
        À la puissante Mer j'ai demandé: ― «En quoi peut consister le testament de l'Être?» La Mer retentissante alors m'a répondu: ― «Comme moi sois toujours sonore!»
Au soleil haut, j'ai demandé: ― «Comment dépasser l'éclat de l'aurore?» Le soleil n'a rien répondu; Mais l'âme a su deviner: «Brûle!»

Traduit par Philéas Lebesgue

Черемуха/Les merisiers

Nous étions tous les deux dans un beau rêve entrés, Les merisiers en fleur nous avaient enivrés. Et le matin brillait comme une mer immense Aux nuages légers. Parmi l'exubérance Des arbres et des fleurs, et de l'herbe, en ce jour Nous vivions inondés de couleurs et d'amour… Et, la main dans la main, rapprochant nos visages, Vibrant а l'unisson des fleurs et des ramages, Au soleil printanier, rayonnant des hauteurs, Nous étions éperdus, exaltés de bonheur.
L'éternité régnait sur cette heure si brève, Le matin triomphait dans nos cœurs, dans nos rêves. Parmi les merisiers à l'arome enivrant, Nous étions tous les deux un reflet du printemps.

Traduit par Katia Granoff

Золотая рыбка/Le poisson doré

Au château était un bal joyeux, —         Les musiciens chantaient. Une brise, au jardin, balançait         Une balançoire légère.
Au château, en un doux délire         Chantait, chantait un violon! Au jardin, dans un étang, était         Un poisson doré.
Et sous la lune tournoyaient,         Comme s'ils fussent ajourés, Par le printemps enivrés         Les papillons nocturnes.
L'étang balançait en soi, une étoile.         Les herbes souples s'en allaient d'onduler… Et là, dans l'étang, passait en étincelles         Un poisson doré.
Bien que ne le vissent pas         Les musiciens du bal, Du poisson doré, pourtant, et de lui seul         Résonnait la musique.
Dès que règne un silence         Le poisson doré Jette sa lueur, et de nouveau se voit         Un sourire parmi les hôtes.
Et de nouveau, le violon sonne,         La chanson retentit. L'Amour murmure dans les cœurs,         Et le Printemps rit.
Le regard chuchote au regard: «J'attends!» Si lumineux et passagèrement.         Parce que lа, dans l'étang,                 Il est, le poisson doré…

Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghiln

Призрачный набат/Le Tocsin-fantôme

Je suis esprit, je suis le Tocsin-fantôme Qui des spectres seuls est entendu! Les maisons, je le sens, sont en flammes, Et les hommes restent prostrés en l'absence et l'oubli.
Le feu, lourd de fumée, rampe et vers eux se coule, Et je suis tout entier un ulul de détresse, mais aphone!… Bourdonne donc, ô Cloche! sonne à toute volée, Et sois un cri parmi l'obscurité diffuse.
D'airs épais elle rampe et serpente, la fumée: Comme une lourde bête va le charme nocturne. Et, ô quelle terreur pour moi, d'être muet Sous l'éparre cuivré de l'Incendie!

Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil