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Il baisse le ton.

— Elle a réfléchi un rien de temps : « Vendu ! » qu’elle m’a fait, Germaine. Et aussi sec, la v’là qui fout son affaire en société et qui me bombarde ministre des Affaires étrangères.

Revenant aux solennités de sa charge, le Gros m’écarte gentiment de son champ visuel et se frappe dans les mains.

— Dites donc, citoilliens ! crie-t-il. On va commencer par fout’ un peu d’ordre dans la crèche. Si la Présidente est d’accord pour me débloquer des crédits, emmenez-moi ce t’affreux Anglish et le révolutionnaire à l’ami de pain ainsi que les filles blondes à l’arrêt au port, et filez-leur un bifton pour London qu’on les revoie plus. Moi, ce que je veux, c’est la salubrissement du pays. Je ne suis Nègre que d’adoption, c’t’entendu, mais vous le voyez : le cœur y est !

— Vive le ministre ! lui est-il répondu.

CONCLUSION facultative[34]

Quelques semaines plus tard…

À l’ambassade malotrue de Paris, un deux-pièces sur cour rue du 29-Juin[35]. Sont réunis autour d’une table bancale recouverte d’une toile cirée verte : l’ambassadeur malotru en France (dans le privé il est poseur de rails à la R.A.T.P.), le ministre des Affaires étrangères français, son homologue malotru et leurs secrétaires, plus, un peu à l’écart et debout, le Vieux, de hautes personnalités si viles et pourtant militaires ainsi que votre serviteur.

Le ministre des A.É. français appose son paraphe sur un document et, toujours très gracieux, tend sa pointe bic au ministre des A.É. malotru.

— À votre tour, Excellence ! dit-il à son collègue.

L’interpellé s’essuie le nez d’un revers de manche, frotte la pointe du stylo sur le rêvers de son veston afin de lui refaire une virginité et écrit au bas du parchemin, en caractères délibérés :

« Pour la République malotrue : Alexandre-Benoît Bérurier.

Ainsi, par ce trait de plume, la France vient-elle d’acquérir cette fameuse île de Tanfédonpa, objet de tant de convoitises.

Un soupir de soulagement décoiffe l’assistance. Lors, la porte s’ouvre sur un Noir amaigri qui marche en s’aidant d’une canne. Je sursaute en reconnaissant Tabobo Hobibi.

— Comment, c’est vous ! balbutié-je.

Il me secoue énergiquement la main.

— C’est moi, grâce à vous, cher Monsieur. Sans le vin que vous m’avez fait boire alors que j’agonisais, je ne m’en serais sûrement pas tiré.

Béru fronce les sourcils, un bref moment dérouté. Puis, le côté bon bougre de son personnage reprend le dessus.

— Deux ministres des Affaires étrangères pour un même État, ça fait un peu beaucoup, mon pote, dit le Gros à Tabobo Hobibi. Je vais te rendre ton larfouillet, collègue. Et quand tu seras rentré au pays, dis à la Présidente, en lui remettant le pognon de la France, qu’elle l’utilise un peu mieux qu’elle !

FIN

Et, comme promis : résumé de la seconde partie

Après les péripéties que vous venez de ne pas lire, San-A. et Bérurier sont revenus de l’archipel des Malotrus après avoir obtenu que la Présidente Kelbobaba cède à la France, plutôt qu’à la Grande-Bretagne, l’île de Tanfédonpa où notre gouvernement va poursuivre ces fameux essais atomiques qui forcent l’appréhension de certaines peuplades primitives et des députés de la majorité.

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34

Mais attendue.

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35

Jour anniversaire du commissaire San-Antonio.