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De toute façon, je me fous de ce qu’il pense ! J’aurai d’autres chats à fouetter lorsque Stefan se retrouvera avec tous ces gens à dos. Il finira lynché s’il ne récupère pas ses pouvoirs… Et s’il meurt, j’en crèverai.

Il faut absolument que je récupère mon journal. Le seul moyen est d’accepter le marché de Damon, même si ça m’angoisse au plus haut point. J’ai tellement peur de ce qui va m’arriver, et des conséquences pour Stefan.

C’est tellement horrible ! Et je n’ai personne à qui en parler ! Qu’est-ce Que je vais faire ?

Jeudi 28 novembre, 23 h 30

Ça y est j’ai pris ma décision. Je vais tout raconter à Stefan. De toute façon je n’ai pas le choix : la commémoration a lieu samedi et je n’ai toujours aucun plan. Stefan lui, aura peut-être une idée… Quand j’irai chez lui, demain, je lui déballerai tout, y compris bien sûr ce qui concerne Damon. C’est ce que j’aurais dû faire depuis longtemps, d’ailleurs.

Mais je suis terrifiée à l’idée de sa réaction. Je n’arrête pas de rêver qu’il me dévisage avec colère, comme s’il ne m’aimait plus. Pourvu qu’il n’ait pas cette expression demain… Toute cette histoire me donne envie de vomir : j’ai à peine touché au dîner de Thanksgiving. Et je ne tiens pas en place. J’ai l’impression que je vais exploser. Ça m’étonnerait que je ferme l’œil cette nuit.

Pourvu que Stefan comprenne, pourvu qu’il me pardonne ! Et dire que je voulais être digne de son amour ! Tu parles ! Qu’est-ce qu’il va penser de moi quand il découvrira que je lui ai menti ? Est-ce qu’il va me croire si je lui dis que j’ai agi pour le protéger ?

Demain, j’aurai une réponse à ces questions. J’aimerais que ce soit déjà derrière moi. Je me demande comment je vais tenir le coup jusque-là.

Elena se glissa dehors ni vu ni connu. Elle ne voulait pas dire à sa tante qu’elle allait chez Stefan. Elle savait qu’elle aurait encore droit à un sermon. Tante Judith ne jurait d’ailleurs plus que par Damon : à chaque conversation, Elena avait droit à une allusion plus ou moins subtile. Et Robert s’y était mis aussi. Un vrai complot.

Elle appuya plusieurs fois sur la sonnette. Où était donc passée Mme Flowers ? Quand, enfin, la porte s’ouvrit, elle se retrouva nez à nez avec Stefan.

— On va se balader ? demanda-t-il.

— Non, Stefan, remontons. Il faut qu’on parle.

Il consentit d’un hochement de tête surpris, et la précéda dans l’escalier.

Les malles et les meubles avaient depuis longtemps repris leur place, et Elena ne put s’empêcher de contempler la chambre. Son œil fut attiré par les objets sur la commode : les florins d’or du XVe siècle, la dague à manche d’ivoire, le coffret en métal. La première fois qu’elle était venue dans cette pièce, elle avait voulu l’ouvrir, et Stefan l’en avait empêchée.

Elle se retourna vers le jeune homme, dont la silhouette adossée à la fenêtre se découpait sur le ciel gris. Depuis le début de la semaine, le temps était particulièrement maussade, tout comme l’humeur de Stefan à cet instant.

— Bon, qu’est-ce que tu voulais me dire ?

Elena n’eut qu’une courte hésitation. Elle alla chercher le coffret, l’ouvrit, et en sortit un ruban orange. Sa vue lui rappela l’été où elle l’avait porté dans les cheveux. Ça fois paraissait tellement loin ! Elle le tendit à Stefan, qui eut l’air perplexe.

— Voilà, c’est de ce ruban que je voudrais te parler. Je savais qu’il était là : une fois, tu t’es absenté un instant, et j’en ai profité pour y jeter un œil. Et après… j’en ai parlé dans mon journal.

Stefan avait les yeux comme des soucoupes. De toute évidence, ce n’était pas du tout ce à quoi il s’attendait.

— C’était la preuve que tu t’intéressais à moi. C’est pour ça que je n’ai pas pu m’empêcher de l’écrire. Je n’aurais jamais imaginé que ça pourrait se retourner contre toi.

Un aveu en entraînant un autre, elle finit par tout lui raconter : le vol de son journal, les messages anonymes, comment elle avait découvert que Caroline était la coupable. Enfin, tout en tripotant nerveusement le ruban, elle lui révéla le plan de Caroline et Tyler.

— J’avais tellement peur que tu sois fâché contre moi, continua-t-elle les yeux baissés, que je n’ai pas osé t’en parler. Mais je suis encore plus terrifiée par ce qui pourrait t’arriver. J’ai tout fait pour récupérer mon journal, tu sais, je suis même allée fouiller chez Caroline. Sans succès. Et je n’ai rien trouvé pour l’empêcher de le lire devant tout te monde. Je suis désolée.

— Tu peux ! s’exclama Stefan. Pourquoi me cacher une chose pareille, alors que je pouvais t’aider ?

Elena avait blêmi.

— Je me sentais tellement mal… Et puis, j’ai rêvé que je te disais la vérité et que tu devenais furieux. Tu avais l’air de ne plus m’aimer… C’était horrible.

— Voilà donc se qui te tourmentais, murmura-t-il comme pour lui-même.

Au grand soulagement d’Elena, son visage n’exprimait plus aucune colère. Il ne lui laissa pas le temps de continuer.

— Je savais que tu me dissimulais quelque chose. Mais je pensais que…

Il secoua la tête et un sourire s’ébaucha au coin de ses lèvres.

— Et dire, que tu ne songeais qu’à me protéger…

En voyant l’air joyeux et soulagé de Stefan, Elena n’eut pas le courage d’en venir à son dernier aveu.

— Lorsque tu ma dis que tu voulais parler, reprit le jeune homme, j’ai cru que tu avais changé d’avis à mon sujet. J’aurais pu le comprendre d’ailleurs… Au lieu de ça…

Il l’attira tendrement dans ses bras. Blottie contre lui, elle se laissa aller à bien être qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps. Elle avait l’impression d’être de revenue à leur début, lorsqu’il n’avait pas de secret l’un pour l’autre. Leur deux cœur battaient à l’unisson, en parfaite harmonie. Pour que leur félicité soit parfaite, il ne leur manquait plus qu’une seule chose.

Rejetant ses cheveux en arrière, elle lui offrit son cou. Cette fois, Stefan ne refusa pas : au contraire, ses yeux étaient plein d’une reconnaissance éperdue. Elle lui renvoya un regard où il lut toute la force de son amour. Sans s’en rendre compte, elle lui avait tendu le côté de son cou épargné par Damon. Lorsque Stefan enfonça ses dents dans sa chair, elle n’éprouva aucune douleur, et quand il décida qu’il était temps de s’arrêter, elle refusa de s’arracher à son étreinte. Il dut la forcer à obéir. Sans la lâcher, il chercha à tâtons la dague, sur la commode, et fit couler son propre sang. Une fois Elena rassasiée, il la déposa sur le lit où ils restèrent un long moment enlacés.

— Je t’aime, murmura Stefan.

Elena, tout à l’ivresse de leur étreinte, mit quelques secondes à réaliser le sens de ses paroles. L’émotion lui serra la gorge. Il l’aimait ! Quelle joie d’entendre de sa bouche la déclaration qu’elle attendait depuis si longtemps.

— Moi aussi, je t’aime, répondit-elle.

Elle s’étonna de le voir aussitôt s’écarter d’elle pour porter les mains à son col et en sortir sa chaîne. Un magnifique anneau d’or orné d’un lapis-lazuli y pendait La bague de Katherine !