[131] Hecho rabos de pulpo est une expression proverbiale qui s’applique à des habits déchirés.
[132] Tinajas, espèce de grandes terrines où l’on conserve le vin, dans la Manche, faute de tonneaux.
[133] Les danses parlantes (danzas habladas) étaient, comme l’explique la description qui va suivre, des espèces de pantomimes mêlées de danses et de quelques chants ou récitatifs.
[134] Alcancias. On nommait ainsi des boules d’argile, grosses comme des oranges, qu’on remplissait de fleurs ou de parfums, et quelquefois de cendre ou d’eau, et que les cavaliers se jetaient dans les évolutions des tournois. C’était un jeu arabe imité par les Espagnols, qui en avaient conservé le nom.
[135] La grand’mère de Sancho citait un ancien proverbe espagnol, que le poëte portugais Antonio Enriquez Gomez a paraphrasé de la manière suivante: El mundo tiene dos linages solos En entrambos dos polos. Tener esta en Oriente, Y no tener asiste en Occidente. (Academia III, vista 2.)
[136] Allusion à la sentence si connue d’Horace: Pallida mors, etc.
[137] On appelait ainsi des lames de métal, espèces de médailles bénites, que portaient anciennement les dames espagnoles, en guise de collier, et qui, dès le temps de Cervantès, n’étaient plus en usage que parmi les femmes de la campagne.
[138] Les bancs de sable qui bordent la côte des Pays-Bas étaient fort redoutés des marins espagnols. Les dangers qu’on courait dans ces parages, et l’habileté qu’il fallait pour s’en préserver, avaient fait dire proverbialement, pour résumer l’éloge d’une personne recommandable, qu’elle pouvait passer par les bancs de Flandre. Comme le mot espagnol banco signifia également banque, Lope de Vega dit ironiquement du maestro Burguillos (nom sous lequel il se cachait), qu’on lui avait payé ses compositions, dans une joute littéraire, en une traite de deux cents écus sur les bancs de Flandre. C’est sans doute aussi par une équivoque sur le double sens du mot banco que Filleau de Saint-Martin traduit ce passage en disant de Quitéria: Je ne crois pas qu’on la refusât à la banque de Bruxelles.
[139] Il y a dans cette phrase une allusion à la parabole qu’adressa le prophète Nathan à David, après le rapt de la femme d’Urias; et une autre allusion à ces paroles de l’Évangile: Quod Deus conjunxit, homo non separet. (Saint Matthieu, chap. XIX, vers. 6.)
[140] Après leur sortie d’Égypte, les Israélites disaient dans le désert: Quando sedebamus super ollas carnium et comedebamus panem in saturitate. (Exode, chap. XVI.)
[141] Mulier diligens corona est viro suo. (Prov.)
[142] On a parlé, dans les notes précédentes, de la Giralda et des taureaux de Guisando. – L’Ange de la Madeleine est une figure informe placée en girouette sur le clocher de l’église de la Madeleine, à Salamanque. – L’égout de Vécinguerra conduit les eaux pluviales des rues de Cordoue au Guadalquivir. Les fontaines de Léganitos, etc., étaient toutes situées dans les promenades ou places publiques de Madrid.
[143] Il fallait dire Polydore Virgile. C’est le nom d’un savant italien, qui publia, en 1499, le traité De rerum inventoribus.
[144] La roche de France est une haute montagne dans le district d’Alberca, province de Salamanque, où l’on raconte qu’un Français nommé Simon Véla découvrit, en 1424, une sainte image de la Vierge. On y a depuis bâti plusieurs ermitages et un couvent de dominicains. – On appelle Trinité de Gaëte une chapelle et un couvent fondés par le roi d’Aragon Ferdinand V, sous l’invocation de la Trinité, au sommet d’un promontoire, en avant du port de Gaëte.
[145] D’après les anciens romances de chevalerie, recueillis dans le Cancionero general, le comte de Grimaldos, paladin français, fut faussement accusé de trahison par le comte de Tomillas, dépouillé de ses biens et exilé de France. S’étant enfui à travers les montagnes avec la comtesse sa femme, celle-ci mit au jour un enfant qui fut appelé Montésinos, et qu’un ermite recueillit dans sa grotte. À quinze ans, Montésinos alla à Paris, tua le traîte Tomillas en présence du roi, et prouva l’innocence de son père, qui fut rappelé à la cour. Montésinos, devenu l’un des douze pairs de France, épousa dans la suite une demoiselle espagnole, nommée Rosa Florida, dame du château de Rocha Frida en Castille. Il habita ce château jusqu’à sa mort; et l’on donna son nom à la caverne qui en était voisine. Cette caverne, située sur le territoire du bourg appelé la Osa de Montiel, et près de l’ermitage de San-Pédro de Saelicès, peut avoir trente toises de profondeur. L’entrée en est aujourd’hui beaucoup plus praticable que du temps de Cervantes, et les bergers s’y mettent à l’abri du froid ou des orages. Dans le fond du souterrain coule une nappe d’eau assez abondante, qui va se réunir aux lagunes de Ruidéra, d’où sort le Guadiana.
[146] Durandart était cousin de Montésinos, et, comme lui, pair de France. D’après les romances cités plus haut, il périt dans les bras de Montésinos à la déroute de Roncevaux, et exigea de lui qu’il portât son cœur à sa dame Bélerme.
[147] Ce Merlin, le père de la magie chevaleresque, n’était pas de la Gaule , mais du pays de Galles; son histoire doit se rattacher plutôt à celle du roi Artus et des paladins de la Table ronde, qu’à celle de Charlemagne et des douze pairs.
[148] La réponse de Durandart est tirée des anciens romances composés sur son aventure; mais Cervantes, citant de mémoire, a trouvé plus simple d’arranger les vers et d’en faire quelques-uns que de vérifier la citation.
[149] Le Guadiana prend sa source au pied de la Sierra de Alcaraz, dans la Manche. Les ruisseaux qui coulent de ces montagnes forment sept petits lacs, appelés lagunes de Ruidéra, dont les eaux se versent de l’un dans l’autre. Au sortir de ces lacs, le Guadiana s’enfonce, l’espace de sept à huit lieues, dans un lit très-profond, caché sous d’abondants herbages, et ne reprend un cours apparent qu’après avoir traversé deux autres lacs qu’on appelle les yeux (los ojos) de Guadiana. Pline connaissait déjà et a décrit les singularités de ce fleuve, qu’il appelle saepius nasci gaudens (Hist. nat., lib. III, cap. III). C’est sur ces diverses particularités naturelles que Cervantes a fondé son ingénieuse fiction.
[150] Expression proverbiale prise aux joueurs, et que j’ai dû conserver littéralement à cause des conclusions qu’en tire, dans le chapitre suivant, le guide de don Quichotte.