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C’est à partir de Copernic que les scientifiques ont commencé à croire que l’existence des êtres humains était insignifiante au sein du cosmos, une idée qui par la suite domina la pensée scientifique. Mais, dans les années trente, Arthur Eddington et Paul Dirac ont relevé de surprenantes coïncidences concernant un nombre incommensurable qui apparaissait dans les contextes les plus divers de la cosmologie et de la physique quantique, l’étrange 1040.

Les observations de nouvelles coïncidences s’accumulèrent au fil du temps. On découvrit que les constantes de la nature dépendaient de valeurs extrêmement précises pour que l’univers soit ce qu’il est et l’on s’aperçut que l’expansion de l’univers, jusque dans ses mécanismes les plus infimes, ne pouvait être que rigoureusement contrôlée pour produire le mystérieux équilibre qui permet notre existence. Les découvertes se multiplièrent. On comprit que les structures essentielles à la vie, comme l’apparition d’étoiles ressemblant au soleil ou le processus de production du carbone, dépendaient d’un prodigieux et improbable concours de hasards successifs.

Quelles sont les significations de ces découvertes ? La première constatation est que l’univers a été conçu avec une précision propre à générer la vie. Mais cette conclusion pose inévitablement un problème philosophique majeur — la question de l’intentionnalité de la création de l’univers.

Pour contrer l’évidente conclusion découlant de ces découvertes, beaucoup de scientifiques défendent l’idée que notre univers n’en est qu’un parmi des milliers de millions d’autres univers, chacun avec des constantes de valeurs différentes, ce qui signifie qu’ils sont presque tous dépourvus de vie. Dans ces conditions, le fait que notre univers soit programmé pour produire la vie n’est qu’une coïncidence, d’autant que la vie est absente de la plupart des autres univers. Le problème de cet argument, c’est qu’il n’est fondé sur aucune observation ni découverte. Personne n’a jamais détecté les moindres traces de l’existence d’autres univers, ni observé différentes valeurs des constantes de la nature. Autrement dit, l’hypothèse des multi-univers repose précisément sur ce que la science critique le plus dans la pensée non scientifique — la foi.

Peut-on dire la même chose de la thèse qui sous-tend ce roman ? L’idée d’un univers cyclique, pulsant au rythme de Big Bang et de Big Crunch successifs, se trouve inscrite dans diverses cosmogonies mystiques, y compris dans l’hindouisme. Dans le domaine scientifique, elle a été avancée pour la première fois par Alexander Friedmann, puis développée séparément par Thomas Gold et John Wheeler. Cette théorie dépend, bien sûr, d’une prémisse essentielle — selon laquelle l’univers ne finira pas dans un Big Freeze, mais dans un Big Crunch. L’observation de l’accélération de l’expansion de l’univers indiquerait plutôt un Big Freeze, mais il y a de bonnes raisons de croire que cette accélération est temporaire et que le Big Crunch demeure possible.

Ce roman envisage une hypothèse encore plus délicate, qui repose sur la prémisse de l’univers cyclique, mais qui va bien au-delà. Il s’agit de la possibilité que le cosmos soit organisé pour créer la vie, sans que celle-ci soit une fin en elle-même, mais seulement un moyen pour permettre le développement de l’intelligence et de la conscience, lesquelles, à leur tour, deviendraient des instruments pour atteindre l’ultime endgame de l’univers : la Création de Dieu. L’univers serait alors un immense programme cyclique élaboré par l’intelligence d’un univers antérieur afin d’assurer son retour dans l’univers suivant.

Bien que théorique, cette possibilité d’un univers en pulsations cadre avec certaines découvertes scientifiques faites par l’homme. Certes, il n’existe aucune preuve qu’avant notre univers il y a eu un autre univers qui a fini dans un Big Crunch. Il est tout à fait possible que d’autres univers aient existé avant le nôtre, mais le Big Bang en a effacé toutes les preuves. Les traces du dernier Oméga ont été balayées par notre Alpha. Mais c’est un fait que le Big Bang a été provoqué par quelque chose. Quelque chose que nous ignorons. Il s’agit donc d’une simple possibilité — mais d’une possibilité qui, bien que métaphysique, repose sur une hypothèse admise par la physique.

À ceux qui douteraient du fondement scientifique de cette hypothèse, je suggère de consulter la bibliographie dont je me suis servi pour étayer la thèse qui sous-tend ce roman. Concernant les questions liées au principe anthropique et à l’expansion de l’intelligence dans le cosmos, j’ai inlassablement puisé dans The Anthropic Cosmological Principle, de John Barrow et Franck Tipler ; The Physics Of Immortality, de Franck Tipler ; The Constants of Nature, de John Barrow ; et The Accidental Universe, de Paul Davies. Pour les conclusions soutenant l’imaginaire de Die Gottesformel, je me suis appuyé sur The Science of God, de Gerald Schroeder. Pour l’information scientifique générale, j’ai recouru à Theories of the Universe, de Gary Moring ; Universe, de Martin Rees ; The Meaning of Relativity, d’Albert Einstein ; The Evolution of Physics, d’Albert Einstein et Leopold Infeld ; The Physical Principles of the Quantum Theory ; La Nature dans la physique contemporaine, de Werner Heisenberg ; Chaos, de James Gleick ; The Essence of Chaos, de Edward Lorenz ; Introducing Chaos, de Ziauddin Sardar et Iwona Abrams ; Le Chaos et l’Harmonie, de Trinh Xuan Thuan ; Chaos and Nonlinear Dynamics, de Robert Hilborn ; Sync, de Paul Davies ; The Tao of Physics, de Fritjof Capra ; Introducing Time, de Craig Callender et Ralph Edney ; A Short History of Nearly Everything, de Bill Bryson ; Cinq équations qui ont changé le monde, de Michael Guillen ; How We Believe, de Michael Shermer.

Mes remerciements à Carlos Fiolhais et João Queiró, professeurs de physique et de mathématiques à l’université de Coimbra, pour la révision scientifique de ce roman — si quelques erreurs subsistaient, elles ne seraient dues qu’à ma négligence. À Santen, mon guide au Tibet ; à mon éditeur, Guilherme Valente, à toute l’équipe de Gradiva au Portugal et à celle de HC Éditions en France, pour leur implication et leur dévouement ; et, bien sûr, à Florbela, comme toujours ma première lectrice et ma première critique.